Sous les ordres d'un monstre [Pv Gaby <3 ]

Et c’est reparti pour l’aventure !

Bien qu’impatient de bouger, j’attendais sagement que Gabriel m’expose son plan. Je ne pus m’empêcher d’afficher un énorme sourire rempli de fausseté tandis que le rouquin complimentait “ma petite attention” à son égard, y mettant autant d’ironie que moi.

- Allons, allons ! Il n’y a rien d’assez beau pour ma jolie rousse voyons !

Qui aime bien, châtie bien. Et je commençais à plutôt l’apprécier ce suceur de sang.

Finalement - après s’être bien abreuvé au pauvre lièvre que je lui avait ramené - Du Barry me fit part de son plan : retourner au chai de Tifel mais cette fois-ci par une autre entrée. C’était prévisible et simple mais relativement efficace. De toute façon nous n’avions pas vraiment d’autres options.

Quelques secondes plus tard, nous nous retrouvions en aval de la rivière que nous avions bravé la nuit dernière. Encore une fois, le vampire avait usé de sa magie sans me prévenir. C’était toujours aussi désagréable…

- Mon petit Gabriel… Qu’est-ce qu’on avait dit au sujet de téléporter les gens sans leur accord ? Tu ne tiens décidément pas à ta tête... Sifflais-je, encore un peu retourné par ce déplacement instantané.

Il l’avait fait exprès, j’en étais certain…

Alors que mon acolyte cherchait la fameuse entrée censée nous mener jusqu’à Tifel, je laissai mon regard parcourir les lieux. Nous nous étions considérablement rapprochés de l’exploitation du sorcier qui se situait à présent juste en contrebas. Je devais bien avouer que la vue était magnifique. Je n’avais jamais rien vu de tel En-Bas, en tout cas. Mais bon, je n’étais pas là pour faire du tourisme…

Me rapprochant de Gabriel, j’haussai les épaules tandis qu’il me demandait si je n’avais pas peur de me tâcher, lui signifiant que cela m’était égal. Et puis, je reportai mon attention sur notre billet d’entrée dans le chai. Une sortie d’évacuation.

- Sérieusement ?

C’était trop gros, trop évident, trop cliché pour que cette entrée ne soit pas gardée ou au moins protégée par des pièges ou de la magie. Je croisai les bras, attendant le moment où Gabriel allait se faire foudroyer en passant ses mains autour des barreaux de la grille mais rien ne se passe. Le métal était tellement rouillé qu’il n’opposa aucune résistance. Malgré mes réticences, je suivis le rouquin sans broncher. Nous n’avions pas vraiment d’autres options que celles-ci. Ni Gabriel, ni moi n’étions taillés pour investir le chai en mode char d’assaut. D’autant que la discrétion devait être de mise. Je n’avais aucun intérêt à ce que Tifel sache que c’était moi qui l’avait volé.

Sur mes gardes, je me laissai guider par le vampire dans le dédale souterrain, m’attendant à tout instant à ce que l’on se fasse attaquer par un monstre quelconque ou qu’un piège s’active comme la veille. Mais non, à part de la vermine, il n’y avait rien ici. L’une d’entre elle  -enfin,  je le supposais - passa non-loin de nous, ce qui ne sembla guère rassuré Gabriel.

- Tais-toi, tu vas nous porter la poisse…
Clairement, je n’avais aucune envie d’affronter une créature apparentée de près ou de loin à un basilic. Mais vu le mauvais karma que nous avions depuis que nous avions commencé cette mission, cela ne m’étonnerait même pas qu’un tel adversaire surgisse de nulle part. Mais la seule chose que nous rencontrâmes fut, un mur… Percuter violemment était certainement une description qui convenait mieux d’ailleurs!

- Bordel ! Jurais-je tout en massant front endolori.

Quelle idée de pénétrer dans ces canalisations souterraines sans moyen d’éclairage aussi…

Avançant à tatillon, la main posée contre le mur histoire de ne pas percuter un autre obstacle, j’essayai de me repérer quelque peu, chose difficile quand on y voit rien. Mais un fin rayon de lumière fini par filtrer, juste au-dessus de moi. Visiblement, je me retrouvais au fond de ce qui semblait être une cheminée. La lumière devait venir de la pièce sur laquelle l’entrée de la conduite donnait. Vu son intensité, je ne serai pas étonné que cette ouverture donne sur les jardins.

* C’est trop risqué de se téléporter…*

Il allait donc falloir jouer cela à l’ancienne.

- Colle ton dos contre le mien. Ordonnais-je à Gabriel tandis que je plaquai mon dos contre le sien et passai mes bras autour des siens tout en posant un pied contre le mur. On va remonter cette cheminée dos à dos. Je te préviens, Du Barry, tu as intérêt à être synchro sinon c’est la mort qui nous attends. Et si la chute ne te tue pas, je m’en chargerai.

L’entreprise était effectivement très… risquée. La conduite continuait juste en-dessous de nous et nous avions plusieurs mètres à escalader.

- Tu es prêt ? On y va ! Dis-je tout en entamant les premiers mouvements.

Mais à peine avais-je fait deux “pas” que le vampire était déjà à la traine et que nous manquions de trébucher.

- Mais qu’est-ce que tu fou ? Pestais-je contre le vampire tandis que j'essayais tant bien que mal de garder l’équilibre.

Cette ascension allait être longue. J’en vins à penser que j’aurais sans doute préféré affronter une autre armada de molosses plutôt que de remonter ce conduit avec un tel mollasson…

J’avais dit que je commençais à apprécier le vampire mais présentement je n’avais qu’une envie: lui tordre le cou !

Etait-ce difficile de se caler au rythme de quelqu’un  Visiblement, oui, puisque le rouquin n’arrivait pas à suivre le mien…

Je ne relevai pas les commentaires du vampire, trop concentré sur ma tâche. Si on lâchait prise, c’était la mort assurée et notre manque d’équilibre n’était pas totalement dû à Gabriel, mais je préférais encore lécher les pieds de Red plutôt que d’avouer ce fait ! Nous arrivâmes tout de même - par je en sais quel miracle - en haut du conduit. Des insultes, des efforts et des prises de têtes tout ça pour quoi ? Pour tomber sur une grille des plus massives…

* Je vais finir par croire que cette sangsue porte vraiment la poisse…* Pestais-je intérieurement tandis que mon “coéquipier” faisait encore une fois sa diva.

J’avais très sérieusement envie de lui en coller une pour le faire taire. Sauf que notre position ne me le permettait pas du tout. Dommage…

- Si je bouge, on tombe… Rétorquais-je à la dernière remarque du vampire.

Pourtant, il allait bien falloir trouver une solution pour sortir de ce trou et vite puisque mes jambes tremblaient sous l’effort, signe qu’elles n’allaient pas tarder à lâcher. Au pied du mur - au sens propre comme figuré, pour le coup - , je fis la seule chose qui me passa par la tête : nous téléporter. C’était quelque peu risqué puisque je n’avais qu’une idée vague de l’endroit où je voulais me rendre mais cela valait mieux qu’une chute libre et mortelle.

Mais visiblement, la chute libre serait tout de même au programme, avec le vampire juste au-dessus, en prime. L'atterrissage ne serait pas mortel mais il allait être très douloureux...

Comme prévu la chute fut douloureuse et elle risquait de l’être encore plus puisque je ne pu esquiver le corps du vampire qui, fatalement, m’atterit dessus.

- Putain, dégage ! Pestais- je tout en dégageant Gabriel sans ménagement.

Libéré du poids du suceur de sang, je roulais de sorte à me trouver sur le dos et fixai quelques secondes le ciel. Mais qu’est-ce que je faisais là encore ? Pourquoi avais-je tenu à suivre cet aimant à emmerdes ?!

* PLUS JAMAIS !*

Je fini tout de même à me relever et aidai le rouquin à en faire de même - en le saisissant par le col - tout en observant les environs. Nous avions atterris dans ce qui semblait être une cour. Ou peut-être était-ce une galerie d’art en plein air ? Vu le faste des lieux j’hésitais sur le qualificatif à utiliser. Je m’aventurai un plus en avant, laissant mon regard se balader dans les moindres recoins. Bien vite, la petite cour laissa place à un espace plus fleuri. La structure d’acier et de verre au-dessus de nos têtes indiquait que l’on se trouvait dans une serre. La serre la plus luxueuse qu’il m’ait été donné de voir.
- Cet enfoiré ne se refuse rien… Lâchai-je tout en faisant un tour sur moi-même, histoire d’admirer un peu mieux les lieux.

C’est alors qu’un détail me sauta au yeux, plusieurs silhouettes à moins d’une dizaines de mètres qui se dirigeaient vers nous. Sans rien dire, je poussai le vampire dans l’un des buissons touffus se trouvant derrière lui. Je n’avais pas prévu qu’il y avait un dénivelé juste derrière…

Et encore une belle chute, ou plutôt roulade…

Sauf que cette fois-ci, c’est moi qui atterrit sur le vampire.

- C’est tellement romantique tout cela…

Sarcasme quand tu nous tiens…

Je laissai toutefois bien vite de côté mes plaisanteries de mauvais goût tandis que des voix résonnaient plus haut.

- J’te dis que j’ai vu quelque chose !
- Tu as sans doute rêvé, tu vois bien qu’il n’y a personne…
- Attends-moi là, je vais jeter un coup d’oeil en bas.

Je levai les yeux au ciel. Il ne manquait plus que ça vraiment. Mettant un doigt sur la bouche pour faire signe au vampire de se taire, je me déportai sur le côté avec ce dernier, de sorte à sortir du champ de vision du garde.

- Qu’est-ce qu’on fait ? On l’attaque ou on essaie de les esquiver en douce ?

Je préférai m’en remettre à Gabriel pour cette fois. Il était bien plus au courant que moi de la façon dont les choses se déroulaient ici. S’il y avait peu de gardes et de rondes, nous pouvions très bien neutraliser ces trois là. Dans le cas contraire, notre présence serait vite remarquée. Et adieu la discrétion. Quoique… cela n’avait pas été notre fort depuis le début de la mission…

La chance semblait enfin nous sourire.

je levai les yeux au ciel tandis que le rouquin y allait encore de son petit grain de sel. Ne pouvait-il pas simplement se contenter de répondre à ma question ? Était-ce une habitude chez lui d’y aller de son petit commentaire à tout bout de champ ? J’étais tenté de dire que oui…

Mais bon… Malgré son côté grand-mère qui ne peut s'empêcher d’avoir son mot sur tout et n’importe quoi, j’étais bien obligé d’avouer qu’il n’en restais pas moins… efficace. J’en étais le premier surpris. Alors qu’il m’exposait son point de vue, je jetai des coups d’oeils furtifs en directions du garde qui se rapprochait sensiblement de seconde en seconde. Avant que je ne puisse esquisser le moindre mouvement, le vampire fondait sur le pauvre bougre et le neutralisa en un temps record. Je ne pu m'empêcher de laisser échapper un sifflement et d’applaudir la prestation.

- Et bien… Tu vois que tu peux te rendre utile quand tu veux.

Non, ce n’est pas parce qu’il allait falloir faire preuve de discrétion et de concentration que j’allais me montrer moins sarcastique…

- Et maintenant ? Demandais-je tandis que je lançai un coup d’oeil en direction du lieu où se trouvaient les compagnons de notre macchabée.

Changement de plan visiblement. Et alors que je m’apprêtais à pester contre Gabriel et son lunatisme, le cadavre du garde se redressa. Je le fixai bouche-bée tandis qu’il sortait des fourrées derrière lesquels nous étions cachés.



Son petit tour était passé comme une lettre à la poste. C’était à n’y rien comprendre… Ça se voyait pourtant qu’il y avait quelque chose qui clochait avec ce gars ! Il suffisait de planter les yeux dans les siens pour constater que toute vie l’avait quitté. Je reportai mon attention sur le vampire, lui lançant un regard inquisiteur, limite accusateur.

Comment avait-il fait cela ?! Aucune chance qu’il me le dise…

Et je ne pouvais pas lui râler dessus vu la trouvaille qu’il venait de faire. Un trousseau rempli de clés. Est-ce que la chance nous souriait enfin ? Il fallait le croire puisque nous venions ENFIN de pénétrer dans le chai de Tifel.

La question du rouquin me fit sourire d’amusement. Est-ce que j’avais une idée d’où Tifel pouvait cacher ses trésors ?

- A sa place, je les exposerai… Dans un endroit où je me rends assez souvent pour pouvoir les admirer tout en savourant ma toute puissance. Comme dans un bureau, par exemple.

L’arrogance, c’était peut-être le seul trait de caractère que Tifel et moi avions en commun. Et si Gabriel osait dire le contraire ou faire ne serait-ce que le moindre commentaire, je jurai de faire sauter son adorable petite tête bouclée…

Décidant de prendre la suite des opérations en main, je fis apparaître six Ombres.

- Explorer le bâtiment à la recherche du bureau de Tifel. En toute discrétion et sans attaquer personne. Que celles qui trouvent un bureau viennent me trouver.

Et aussitôt les ordres reçus, les créatures sombres se dispersèrent. Il ne restait plus qu’à espérer que Tifel ne possède pas plusieurs bureaux. N’étant pas doté d’une réelle intelligence, les invocations ne feraient pas la différence entre un bureau inutilisé et le bureau personnel de Tifel.

Une fois les invocations disparues de mon champ de vision, je décidai d’explorer, moi aussi, le couloir dans lequel nous nous trouvions. Faisant signe à Gabriel de se faire discret, j’ouvris silencieusement la porte qui se trouvait un peu plus loin sur notre droite. Je ne l’ouvris pas entièrement, juste de quoi laisser passer ma tête histoire de pouvoir espionner les potentiels occupants.



Un homme se trouvait dans ce qui semblait être un poste de contrôle, vu le pan de mur rempli d’écran de surveillance. Pile ce qu’il nous fallait ! Visiblement, le garde qui était posté là était endormi, vu son manque de réaction alors que je me faufilai dans la pièce. Profitant de l’occasion, je fondis sur l’homme et posai ma main droite sur son visage. Le geste le sortit brutalement le bougre de son sommeil mais il n’eut pas le temps d’esquisser le moindre mouvement. C’est du moins ce que je pensais jusqu’à ce qu’un logo apparaisse sur les écrans de surveillance…



- Putain…

Pourquoi fallait-il que j’aie une telle poisse ? (Parce que tu as fait un échec critique en dextérité, mon cher Nono ~)

Je venais de déclencher l’alarme générale…

Un bruit sourd résonnait dans tout le bâtiment et je pouvais déjà entendre les éclats de voix et les bruits de pas des hommes de Tifel. Laissant un nouveau soupir s’échapper, je laissai mon regard parcourir la pièce. Plusieurs armes à feux - des fusils de combats - se trouvaient dans un coin de la pièce je me saisis de deux d’entre eux, sortit de la pièce et lançai l’un des fusils à Gabriel.

Puisque la discrétion n’était plus de mise… Autant y aller franchement !

Faisant apparaître une nouvelle salve d’invocations, j’envoyai ces dernières à l’assaut de nos assaillants tandis que je vidai mon chargeur sur eux tout en laissant un cri de rage m’échapper.



- Laisse tomber la discrétion et relève le plus de cadavres que tu peux, je m’occupe d’ouvrir la voie. Lâchais-je à l’adresse du vampire tandis que j’ouvrai la marche.

Ma patience avait atteint sa limite. Fini la finesse, la discrétion et la stratégie. Il était temps d’adopter la technique Nero : foncer dans le tas et tout casser.

L’heure de la destruction massive était arrivée.

Sortant du poste du contrôle et lançant une arme à Gabriel, je n'entendais pas du tout l’appel de ce dernier tandis que je vidais mon chargeur sur les nouveaux venus. J’étais en train de faire un véritable carnage, laissant toute la rage et la frustration accumulée ces dernières 24 heures couler librement. Ce n’est que lorsque j’eus vidé complètement mes chargeurs que je daignai enfin reporter mon attention sur Gabriel. Je lui avait ordonné de prendre le contrôle du plus de cadavres possible mais visiblement le vampire avait une meilleure idée : prendre le contrôle des armes plutôt que celui de leur porteur.

- Parfait.

Plus question de s’extasier devant les applications de son pouvoir dont la nature m’était toujours inconnue. Non, tout ce que j’avais en tête pour l’instant était de détruire ce chai, de le réduire en cendre jusqu’à la dernière brique. Si Gabriel pouvait accélérer la chose - quelle que soit la méthode - cela me convenait parfaitement.

Et alors que les armes contrôlées par Gabriel se mouvaient, une nouvelle salve de gardes arriva. Elle fut aussitôt neutralisée. Me saisissant des clés offertes par le rouquin, je me contentai de hocher la tête à ses dires. Est-ce que je lui faisais confiance ? Assez pour lui confier mes arrières pour l’instant. Je n’avais pas vraiment d’autre option de toute façon. Quelques coups et un garde maîtrisé plus tard, nous étions en route pour l’étage. Continuant de tirer sur tout ce qui avait le malheur bouger.

L’étage était similaire au rez-de-chaussée: de longs couloirs et des dizaines de portes.

Cela nous aurait pris des heures de tout explorer. Heureusement que j’avais envoyé des invocations en reconnaissance. L’une d’entre elles vint d’ailleurs à notre rencontre, ayant visiblement trouvé ce que je lui avait ordonné de chercher.

- Suis-moi. Soufflais-je à Gabriel sans même me retourner.

La créature sombre nous guida jusqu’à une pièce immense et des plus somptueusement décorée. Le crâne tant convoité était exposé au centre de la pièce, sur un piédestal. C’était trop beau pour être vrai.

- Va le chercher. Ordonnais-je à l’ombre.

Je n’étais pas assez naïf pour penser que le crâne de cristal me tomberait aussi facilement dans les mains, évidemment. C’était un piège, un piège des plus grossiers dont je voulais découvrir la nature. D’où mon ordre. Je m’attendais à tout,  alarme, nouvelle salve de gardes, rocher tombant du plafond, mais rien ne se passa quand l’être ténébreux toucha le crâne, ce dernier se contenta de s’évaporer.

Une illusion donc…

- Gabriel Du Barry et Noctis Rasphodos, travaillant ensemble ! Voilà quelque chose que je ne m’attendais certainement pas à voir. Vous avez mi une sacrée pagaille sur mon domaine, vous savez…

Une salve de tirs, c’est tout ce que le sorcier reçu comme réponse. Mais tout ce que les balles touchèrent ce fut le dossier du siège dans lequel était assis Tifel. Lui, il s’était évaporé pour réapparaître à l’étage en mezzanine de la pièce.

- Allons mon garçon, tu ne crois pas que je suis “réellement” ici, avec vous ? Je ne suis pas assez idiot pour cela. J’aimerais pouvoir en dire autant de ta part. Je dois t’avouer que je suis… quelque peu déçu. Je m’attendais à mieux venant du nouveau meneur des Quartiers de l’Ombre. Mais bon… J’ai du te surestimer. Tu n’es qu’un gamin après tout…
- Viens donc me dire cela en face, charogne… Sifflais-je entre mes dents tandis que mon regard furieux suivait les déplacements nonchalants de Tifel.
- Ooh… Je suis terrifié… Mais je dois vous laissez une chose, vous avez le sens du spectacle, tous les deux. Alors, que diriez-vous de passer à l’acte final ?

Et avant que nous ne puissions répliquer quoique ce soit ou esquisser le moindre mouvement, d’un simple claquement de doigts. L’homme nous avait téléporter ailleurs, dans ce qui semblait être une arène souterraine. Quelle était la superficie exacte de ce bâtiment, à la fin ?!

Évidemment, une douzaine d’hommes était là, prêts à nous accueillir mais le pire était à venir…

Un grincement métallique, derrière-moi, suivit de près par des grognements peu rassurants et des bruits de pas lourds me forcèrent à me retourner. Une chimère me dépassant facilement de deux têtes venaient d’être libérée tandis que Tifel s’installait sur un siège, en hauteur, semblant bien décidé à apprécier le spectacle.

S’il voulait du spectaculaire, il n’allait pas être déçu.

- Tu penses pouvoir gérer Tifel seul ? Je me charge du reste. Demandais-je au vampire qui m’accompagnait tandis qu’une brume noire m’enveloppait.

L’idée que Gabriel puisse connaître ma forme démoniaque ne me plaisait guère mais nous n’avions guère le choix pour le moment. L’arme que j’avais amenée avec moi était presque vide et j’avais déjà invoqué un grand nombre d’ombre. Sans mes pouvoirs de Titan, je n’allais pas pouvoir faire grande chose.

Une fois transformé, je fonçai sur la créature tandis que d’autres ombres apparaissaient un peu partout et se chargeaient du menu fretin. Le combat final semblait être engagé.

Le démon contre le monstre. Qui gagnerait ?

La question ne se posait pas évidemment ! Je n’allais pas me laisser vaincre par un animal, tout aussi puissant ou impressionnant qu’il pouvait être. Mais avant cela, il fallait se débarrasser du menu fretin. Enfin, j’allais pouvoir m’amuser un peu !

Je n’avais jamais eu réellement l’occasion de tester la nouvelle forme dans un vrai combat. Aucune opportunité ne s’était réellement présentée depuis que j’avais acquis ce pouvoir. Les Cerbères n’avaient eu le temps de réagir et les adversaires qui avaient suivi n’étaient que  de la pécore. Utiliser de telles capacités contre eux aurait été équivalent à donner du caviar à des cochons… Et puis, c’était un atout que je voulais à tout prix garder secret. Moins de gens savaient et mieux c’était.

* Ca en fait trois au courant, tout de même…* Songeais-je alors que je venais de foncer sur le garder le plus proche, le faisant imploser de la même façon que les molosse de la veille.

Avec Gabriel, trois personnes était - à présent - effectivement au courant la l’existence de ma seconde forme, les deux autres étant Nero et ce Diable de Red. Un grognement de mécontentement m’échappa à cette constatation. Trois, c’était déjà trop à mon goût. Si je savais que ni Nero ni Red ne répandrait cette information - le premier ayant trop à perdre tandis que le second devait s’en ficher royalement… -, rien n’était moins sûr concernant Gabriel. Et je n’étais pas certain que le seul fait de menacer la sécurité de cette chère Haruka suffirait à acheter son silence. Durant ces dernières vingt-quatre heures, le vampire avait prouvé qu’il avait de la ressource…

Mais pour l’instant, j’avais bien plus urgent à régler.

-Saleté de monstre ! Cria l’un des gardes tout en dirigeant son arme vers moi.

Il aurait certainement fait mouche s’il s’était montré silencieux.

A peine entendis-je sa voix résonner que je me téléportai juste derrière lui, posant immédiatement la main sur l’arrière de son crâne. Le bougre tomba inerte au sol la seconde d’après, il avait subis le même sort que celui de son compagnon une minutes auparavant.

* C’est une perte de temps de se concentrer sur ces gorilles… *

Et le jet d’acide qui atterrit non loin de moins, rongeant la chair d’un autre garde de Tifel me rappela qu’il y avait un adversaire, bien plus intéressant que les hommes du sorciers, présent dans l’arène. Je reportai mon attention sur la bête qui semblait ne faire aucune distinction entre ennemis et alliés. Tifel avait des goûts étranges en matière d’animal de compagnie...

Premièrement, il allait s’agir de s’occuper de cette queue capable de cracher de l’acide. Laquelle des deux était-ce ? Un nouveau jet lancé dans ma direction m’informa qu’il s'agissait de la tête de serpent. J’avais toujours détesté les reptiles… S’en débarrasser ne fut pas réellement difficile. La même technique que pour les deux gardes ( Ce qui était arrivé aux autres ? Gabriel et mes ombres s’étaient chargé de faire le ménage). Je n’avais cependant pas pris en compte que l’autre queue attaquerait.
Grossière erreur…

Cette saleté s’était aussitôt jetée sur moi, plantant ses crocs dans mon bras. L’agitation incita le “corps” à se retourner et attaqué. J’en réchappai de justesse, avec la tête d’une bestiole non-identifiée fichée dans un bars bras et des lacérations sur l’autre. D’un bond en arrière, je m’écartai de la bête, histoire d’avoir un temps de répit et pouvoir de débarrasser de l’immonde chose accrochée à mon bras. Évidemment, cette bestiole était bien plus agile que sa corpulence ne le laissai songer. En un bond, elle se trouvait de nouveau face à moi. Même débarrassée de deux de ses têtes, cette chimère n’en demeurait pas moins dangereuse. La prudence était de mise.

Par chance, l’animal ne semblait pas réellement doté de réelle intelligence et se contentait d’attaquer tout ce qui se trouvait non-loin d’elle. J’invoquai donc une nouvelle flopée d’ombres - sans doute la dernière pour un moment - et les envoyai attaquer l’animal. Profitant de la diversion, je me contournai l’animal et m’en approchai rapidement mais avec la plus grande prudence. Une fois assez proche, je sautai dessus. Je me retrouvai donc à présent sur le dos d’une énorme chimère qui grognait et ruait dans tous les sens dans le but de me déloger de ma place. Vu de l’extérieur, la scène aurait pu paraître comique. De mon point vue, il n’en était rien…

Visiblement, il n’y avait pas que le “venin” de la queue reptilienne qui possédait des propriétés corrosive, son sang aussi. Et celui-ci giclait en tout sens, en petites gouttelettes.

* Juste quelques secondes ! Le temps de rassembler assez d’énergie ! *

Je ne sais pas trop comment, je réussi à rester percher sur l’énorme bête et donc à déverser ma magie à travers son corps. L’animal s’effondra au sol dans un râle d’agonie, m’entraînant avec elle dans sa chute. Alors que je reprenais forme humaine, je roulais au sol, tentant de reprendre mon souffle après cet effort considérable.

Vraiment, il allait falloir que je pense à me renforcer physiquement…

Profitant de ce moment d'accalmie, je me concentrai sur les bruits résonant dans l’arène. Rien. Est-ce que Gabriel avait réussi à s’occuper de Tifel ou est-ce que le sorcier avait eu raison de lui ? Si cela avait été le cas, je ne serai pas en train de me prélasser au sol. Le vampire avait très certainement accomplit la mission.

- Alors ? Le spectacle t’as plus mon cher ? Lui demandais-je tandis que je me redressais.

Une seconde plus tard, j’étais à ses côtés, à l’“étage”. Il n’y avait pas à dire, d’ici, on avait une vue imprenable sur l’arène. Arène dans laquelle déboulait une nouvelle salve d’hommes de main. A croire que cette raclure avait toute une armée à son service. Alors que les hommes en contre-bas nous jaugeait, visiblement perplexes face aux cadavres qui jonchaient le sol de l’arène, je me penchai sur le cadavre de Tifel et me saisit de sa tête que je balançai aussitôt en aux niveau des nouveaux venus.

- Votre chef bien aimé est mort. Vous n’avez plus de raison de nous attaquer. Sauf si vous voulez finir comme lui et vos amis… Maintenant, vous êtes sous mes ordres. Et si quelqu’un trouve quelque chose à y redire et bien… Qu’il vienne. Dis-je en écartant les bras, comme si je les invitai à me défier.

Heureusement, aucun n’était assez idiot pour le faire. Leur chef étant mort, ils n’avaient certainement plus aucune raison ou intérêt à s’en prendre à Gabriel et moi. D’ailleurs en parlant du vampire…

- J’espère que tu as pu faire cracher le morceau à cette enflure de première avant de le descendre. Soufflais-je tout en plantant mon regard dans le sien, attendant qu’il me guide jusqu’à l’objet que je convoitais tant.

D’ailleurs ? Comment s’y était-il pris pour tuer Tifel ? Très clairement, ce dernier avait été abattu pas une arme à feu. Pourtant le rouquin n’en avait aucune en sa possession… Finalement, est-ce que cela avait de l’importance ? Tifel était mort, son trésor allait être mien et j’allais très certainement m’enrichir plus que prévu à la base.

Cette épopée dantesque touchait enfin à sa fin. C’en était presque triste…  

Un sourire satisfait étira mon visage tandis que les gardes de Tifel reculaient suite à mon invitation, signe de soumissions on ne peut plus explicite. La remarque du vampire quant au fait que je venais de gagner des hommes ne fit qu’accentuer ce sourire.

- Bien évidemment ! Rétorquais-je au rouquin Ce sont des pionniers, dans le genre ! Les premiers à rallier celui qui hissera le Quartier de l’Ombre au sommet ! Continuais-je, plus fort, histoire que les hommes en contrebas m’entende.

Une tactique peu subtile mais qui avait au moins le mérite d’avoir l’effet escompté puisque qu’un gorille - sans doute le chef d’escouade - s’avança et hocha la tête. Voilà une bonne chose de faite ! J’avais déjà ma petite idée de ce que j’allais bien pouvoir faire de cette nouvelle acquisition. Mais il me restait une dernière chose à faire…

- Passez donc le message à vos comparses. Si ils veulent pas finir aussi mal que les autres…

Je me tournai vers le vampire, haussant un sourcil et un air faussement outré.

- C’est que tu prends tes aises, Du Barry…

J’avais peut-être consommé une grande partie de ma magie, mais mon sarcasme, lui, restait opérationnel. Et celui du vampire aussi, visiblement. Mon visage se décompas instantanément lorsqu’il commençait à parler, laissant sous-entendre que Tifel n’avait pas craché le morceau avant de passer l’arme à gauche.

- Imbécile de vampire… Soufflais-je tout en m’engageant à sa suite, avec un soupire de soulagement. Cette sangsue avait un sens de l’humour plus que douteux !

Et alors que nous nous enfoncions dans les profondeurs du chai, le vampire fit l’allusion que j’aurais voulu éviter.  

- Dans le milieu où j’ai grandi, c’est plutôt commun à vrai dire… C’est justement ce qui fait des Grands des Enfers qu’il sont ce qu’ils sont. Mais tu as soulevé un point intéressant. C’est un talent caché et j’aimerais qu’il le reste. Mais j’imagine que l’idée d’en parler à quiconque n’a même pas effleurer ta petite tête bouclée, n’est-ce pas ? Rétorquais-je sous un ton - pas tant que ça - empli de sous-entendu que le vampire comprendrait sans aucun effort.

Garderait-il le secret ? J’aimais à penser que oui, l’idée que je m’étais fait de ce personnage haut en couleur tout au long de ce périple m’amenait à penser que oui. Mais rien n’était moins sûr pour autant. Il faudrait certainement que surveille le vampire pendant un temps. Prudence est mère de sûreté, après tout…

Perdu dans mes pensées, j’eu un sursaut tandis qu’un passage dérobé se dévoilé suite à je ne sais quelle manipulation du rouquin. Visiblement, il n’avait pas fini de m’étonner ! Après une montée interminable, nous arrivâmes au plus au point du Chai. D’ici, la vue était totalement imprenable. Ce sorcier ne s’était vraiment rien refusé… À l’invitation de Gabriel, j’entrai en premier dans la pièce, n’oubliant au passage du lui lancer une “trop aimable” des plus sarcastiques. Si un énième danger surgissait, je serai en première ligne pour l’encaisser. Mais temps pis ! Si c’était le prix à payer pour tenir enfin ce fichu crâne entre mes mains, j’étais prêt à encaisser.

Et enfin ! L’objet tant convoité se dressait devant nous. Sans même faire attention à ce qui nous entourait, je me dirigeai d’un pas pressé vers le crâne et m’en saisi. Il était enfin à moi.



Ledit crâne, si on faisait abstraction de la qualité de l’ouvrage, semblait somme tout “banal” mais l’énergie sombre qui s’en dégageait ne trompait nullement. Il détenait un grand pouvoir, restait à savoir lequel précisément. Il ne restait plus qu’à faire jouer les connexions de Lysander chez les sorciers pour vite percés ce secret.

- Bien… Tonnais-je d’un air satisfait Allons donner les directives à cette bande de gorilles et rentrons !

Comme annoncé, je regagnai la grande salle où toute la petite armée de Tifel attendait sagement. malgré le carnage en masse que nous avions fait Gabriel et moi, il restait tout de même une bonne trentaine d’hommes, à vu de nez. Désignant le plus haut gradé comme chef en attendant l’arrivée de la nouvelle propriétaire, je lui laissai quelques directives et quittai les lieux. Je n’avais qu’une hâte, retrouver mon lit. Quelque heures plus tard, nous étions de retour au bercail. Haruka nous attendait de pied ferme et semblait prête à nous cracher tout son venin au visage alors que nous venions à peine de franchir la porte de mon bureau.

- Chuuuut. Soufflais-je tout en posant mon index sur ses lèvres, histoire de la faire taire. On est vraiment pas d’humeur pour ça maintenant.

Ignorant les médisances de l’ange, je me dirigeai vers le bar et servi deux verres de whisky et en tendis un à Gabriel avant de m’affaler dans le divan.

- A notre réussite, l’amie ! Clamais-je en levant mon verre avant de reporter mon regard sur notre butin qui trônait fièrement sur mon bureau. Je dois avouer que tu t’es révélé être d’une aide précieuse. Ca me tue de l’admettre, mais je ne pense pas que je m’en serai aussi bien sorti sans toi. Aussi, j’espère que tu accepteras de rejoindre mes rangs. J’ai quelques projets pour toi. Ton prix est le mien, évidemment.

Tout en plantant mon regard dans celui du vampire, je m’installai plus confortablement dans le divan. Attendant de voir ce qu’allait me répondre le vampire. Une réponse qui serait mémorable, à n’en pas douter

Un chapitre se ferme mais un autre s’ouvre, promettant d’être encore plus riche en intrigues que le précédent.

Un sourire étira mes lèvres tandis que Gabriel affirmait qu’il n’était pas le seul à receler des surprises. Décidément, cet homme sait brosser les autres dans le sens du poil. C’est plaisant, il faut l’avouer, mais cela ne le rend pas moins dangereux pour autant, loin de là. Le rouquin me faisait penser à un serpent, s'immisçant près de vous, vous susurrant de douces paroles, vous flattant, de sorte à ce que vous baissiez votre garde et qu’il puisse attaquer. Nous étions, sur ce point, plutôt similaires, je devais bien l’avouer. Quel genre de vie avait-il donc mener, quelle expérience avait-il fait pour choisir ce chemin pernicieux ? J’étais curieux de le savoir, d’en apprendre un peu plus à son sujet mais cela attendrait certainement une autre nuit.

- Je sens que nous allons accomplir de vrais miracles, très cher ! Rétorquais-je tandis que Gabriel affirmait que nous faisions une très bonne équipe.

Je dus me retenir pour ne pas rire tandis que le vampire m’énonçait ses conditions quant à la collaboration que je venais de lui proposer. Ses conditions n’avaient rien de risible ou d’insensé mais je ne pouvais pas contenir mon sourire amusé. Le vampire tenait absolument à rester indépendant. Immanquablement, cette situation me rappelait ma dernière discussion avec le nouveau Diable.

Décidément, ce vampire et moi étions bien plus similaires que nous ne voulions le croire ! Cette collaboration promettait d’être des plus intéressantes et amusantes !

Je ne sourcillai même pas face au manège de la seule femme présente de la pièce et me contentai de hausser les épaules lorsqu’elle quitta la pièce. Cette situation était de son fait, si cela ne lui plaisait pas que son cher et tendre fricote avec la pègre, elle n’avait qu’à s’en prendre à elle-même.

- Bien évidemment. Répondis-je lorsque Gabriel précisa ses conditions sur notre collaboration. Elles étaient les mêmes que celles que j’avais imposé à Red, plusieurs mois en arrière.

Que le vampire garde son indépendance ne me dérangeait guère.

- A la condition que ta loyauté me revienne en priorité ! Traite avec qui tu veux Gabriel, mais le bon choix lorsque le moment sera venu, c’est tout ce que je peux te conseiller. De toute façon, tu verras que celui-ci coulera de source…

Non, il n’aurait pas le choix, comme n’importe qui dans cette ville. Se plier ou mourir, voilà ce qui attendait Moonlight City. Et quelque chose me disait que Gabriel contribuerait grandement à précipiter le funeste destin de cette ville.

- A notre collaboration dans ce cas, cher Gabriel ! Soufflais-je tout en faisant tinter mon verre contre le sien.

L’avenir s’annonçait prometteur pour le Quartier de l’Ombre…