Un ange en perdition.

Âgé de vingt ans, Nathan était un garçon assez bien proportionné, un bon mètre quatre-vingt pour septante deux kilo exactement, il n'avait pas une carrure d'athlète mais pouvait se débrouiller lorsqu'il s'agissait de bouger. Sa chevelure mi longue et blonde platine n'avait d'égale que celle de son père et provenait de son héritage angélique, tout comme ses yeux d'ambre. Son visage aux traits fins portait ça et là quelques piercing, datant de sa période rebelle, mais qu'il continuait à porter malgré tout, non pas parce qu'ils étaient à la mode mais parce qu'il faisaient partie de lui et n'en retirer qu'un seul ferait alors de lui une autre personne, du moins c'était sa conviction profonde. L'autre raison était que celui qu'il portait à l'arcade droite lui avait été offert par sa mère voilà trois ans de cela.

Nathan possède la maîtrise de la lumière. Cela lui permet de jouer avec celle-ci comme bon lui semble, lui permettant par exemple de dévier les rayons lumineux afin de devenir invisible voire de manipuler les couleurs absorbée et réfléchies pour créer des illusions uniquement visuelles.

Enfin, un familier, Glow, le suit partout où il va. Il s'agit d'un chaton tout blanc ayant la capacité de se transformer en tigre de Bengale.

Tout commença dans une petit village non loin d'Oxford, au le Royaume Unis. La famille Ligiel était dès lors composée de Franck Ligiel, ange de son état mais cloué au sol pour avoir aimé une sorcière, Melyna Winston la sus-nommée sorcière et Nathan, leur fils. Ils vivaient tous les trois dans le monde humain malgré le fait qu'ils n'en étaient pas vraiment. Monsieur Ligiel était un médecin réputé dans le village et ses environs, parvenant à soigner tous les maux et pour cause puisqu'il utilisait ses dons d'être céleste pour lui faciliter le travail. Pendant ce temps, Madame Ligiel, professeur de musique en arrêt temporaire utilisait son temps libre pour éduquer son fils de la meilleure manière qui soit. Hors de question que ce dernier ne devienne une racaille ou pire, un bon à rien. Elle lui enseigna ainsi la musique et le sens du rythme ainsi que l'obéissance et le respect. Tout allait bien dans le meilleur des mondes pour la petite famille.

Puis les jeunes mariés apprirent qu'ils allaient avoir un second enfant, une fille. C'était la joie collective dans la famille. Rien ne pouvait leur faire plus plaisir, mais un beau jour, alors que l'accouchement ne devait plus tarder, tout bascula. Nathan n'avait pas très bien compris ce qui se passait, d'autant plus que ses pouvoirs pointaient le bout de leur nez et qu'il avait du mal à les maîtriser. Tout ce qu'il avait remarqué, c'était de l'angoisse dans les yeux de sa mère et ses larmes quand son mari rentrait du travail et qu'elle se jetait dans ses bras, désemparée.

Mais la petite Cassandra Ligiel vit le jour, avec cinq ans d'écart par rapport à Nathan. Ses pleurs emplirent la maisonnettes de vie là où les jours précédent un silence de mort régnait. Melyna semblait elle aussi reprendre vie, comme si rien ne s'était jamais passé et la vie continua pendant plusieurs années, de très longues années, sans qu'aucun incident majeur ne vienne bouleverser la famille Ligiel. La petite Cassy ne semblait pas développer de don particulier, ce qui rassura les parents qui avaient déjà bien assez à faire comme ça.

Une crise d'adolescence peut toucher n'importe quel jeune, qu'il soit on non humain. Ainsi donc, Nathan traversa-t-il cette phase de sa vie non sans encombres. Sa mère ne cessait de lui rabattre les oreilles sur les principes qu'elle lui avait inculqués et qu'il mettait un point d'honneur à transgresser. Aussi se fit-il faire des piercings, pour montrer qu'il pouvait faire ce qu'il voulait, comme il le voulait. Bien sûr ce n'était pas vraiment son idée à la base, il s'était juste laissé influencer par un « ami » et que grâce à ce même « ami », il avait recommencé une année. Avec le recul, il s'imaginait que traîner avec ce type n'était pas vraiment la meilleure idée qu'il n'ait jamais eue.

Nathan finit par entrer à l'université, à Oxford, en section littérature. Il n'y avait pas beaucoup de débouché d'après les gens qu'il cottoyait mais il s'en fichait, il voulait faire ce qui lui plaisait. Il passait la semaine sur place et ne rentrait que le week-end pour revoir sa famille, faire sa lessive et repartir avec les bons petits plats que lui faisait sa mère.

Il en était à sa deuxième année lorsqu'un autre changement majeur se produisit dans sa vie. Il ressentait un malaise qu'il ne parvenait pas à expliquer quand il rentrait à la maison. Une sensation d'oppression omniprésente si bien qu'il avait fini par mettre le doigt dessus lorsqu'il découvrit sa petite sœur en train de jouer avec le chat du voisin, mort depuis plusieurs années déjà. Elle qui avait toujours parue si gentille, si mignonne, était en train de manipuler un animal mort grâce à la magie. Il ne supporta pas la vision et retourna précipitamment sur le campus, prétextant un travail de groupe urgent à remettre.

Il ne s'imaginait pas qu'en rentrant la semaine suivant il découvrirait sa maison en flammes, des flammes d'un rouge pourpre assez inhabituel. Une ombre quittait furtivement le bâtiment tandis qu'au loin on entendait les sirènes des camionnettes de pompier. La personne qui s’enfuyait croisa son regard et avec un sourire malicieux accroché aux lèvres, disparu dans une gerbe de flammes. Cette personne lui était totalement étrangère mais il était sûr d'une chose, il s'agissait d'une démone. Il pouvait le ressentir jusque dans ses tripes. Le jeune homme se précipita à l'intérieur du bâtiment en proie aux flammes et y découvrit un spectacle horrible, le corps de ses deux parents gisaient sur le sol, baignant dans leur sang. Il cherchait des yeux sa sœur alors que la fumée s'épaississait et qu'il commençait à suffoquer, un bruit venant de la salle de bain attira son attention.

En y entrant, il découvrit sa petite sœur, en crise catatonique dans la baignoire. Elle ne cessait de répéter : « Elle les a tué, elle les a tué, ... ». C'est alors que les pompiers débarquèrent et les arrachèrent au bâtiment qui menaçait de s'écrouler à tout instant. Apparemment les flammes leur posaient quelques soucis, comme s'il était vivant et refusait de se laisser éteindre. Ils furent tout deux installés sur des civières et transportés dans un hôpital où après quelques analyses, on déduisit que leurs jours n'étaient pas en danger.

Il sembla que Cassy ne se souvenait pas de l'incident. On lui parla de stress post-traumatique, que cela arrivait parfois aux personnes fragiles après avoir vécu quelque chose de choquant mais Nathan ne croyait pas à cette théorie. Elle refusait catégoriquement de quitter Nathan ne serait-ce que le moindre instant et son comportement avait légèrement changé. Comme si elle était revenue plusieurs années en arrière.

S'en suivit une enquête policière de plusieurs jours qui ne déboucha sur rien de concret. Nathan donna la description de la femme qu'il avait vue sortir de la maison mais ne pouvait décemment pas leur dire qu'elle était une démone, ni que lui était un ange et que sa sœur était selon toute probabilité une sorcière en pleine acquisition de ses pouvoirs. Ce serait un aller simple pour l'asile. Déjà que Cassy préoccupait les médecins, alors s'il commençait aussi à dire des choses bizarres…

Ils avaient passé quelques nuits chez des voisins qui avaient bien voulu les accueillir le temps qu'ils retombent sur leurs pattes. En voyant leur chien, Nathan se souvint de Glow, il avait dû mourir lui aussi dans les flammes… Le pauvre… Il était triste de ne plus rien posséder, de ne plus avoir cette stabilité qui faisait son quotidien. Mais il devait être fort, être le pilier qui supporterait tous les poids, toutes les peines, sans fléchir un seul instant. Il voulait tout de même se raccrocher à quelques chose, n'importe quoi, un souvenir lui suffirait. Il décida de retourner dans la maison une nuit. Il passa le cordon installé par les policiers et pénétra dans les ruines de leur bonheur passé.

La maison ne ressemblait plus à rien, tout était recouvert de suie. Il ne restait presque rien du mobilier, des cadres, des photos… Le salon était dévasté, des traces d'explosions pouvaient être remarquées, signe que c'était ici qu'avait démarré le feu. Les corps de ses parents avaient été retirés après que les policiers eurent fini de relever les indices mais il ne pouvait s'empêcher de contempler l'endroit où ils étaient. Nathan poursuivit sa progression vers l'arrière du bâtiment, les flamme ne s'étaient pas propagées jusqu'au bout mais la suie était omniprésente. Il ouvrit la porte de sa chambre et resta un long moment à réfléchir, assis sur le lit, à essayer de ne pas penser aux visages stupéfaits et emplis d'incompréhension de ses parents au moment de leur mort.

Une petite lueur se dégagea de la noirceur ambiante, attirant l'attention du jeune homme qui la reconnu aussitôt. C'était Glow, leur chaton… il s'en était sorti ! Celui-ci fondit sur Nathan et vint se lover au creux de ses bras.

- Ne t'inquiète pas, ça va aller... disait Nathan tout bas en caressant le chaton.

Une voix chaude et douce pénétra soudainement dans sa tête.

- Je serai à tout jamais là pour te protéger, toi et ta sœur.

Il comprit que c'était Glow qui lui parlait. Les larmes lui montèrent aux yeux en réalisant que s'il pouvait l'entendre, c'était que son père lui avait « légué » son familier. C'était la première fois qu'il pleurait depuis l'incident, il ne le s'était pas permis auparavant.

- Suis-moi, continua le chaton.

Le familier le conduisit droit dans la chambre de ses parents, contourna le lit deux personne pour se poster face à la table de chevet de sa mère.

- Ouvre le tiroir.

Nathan regarda quelques instants Glow sans bouger, intimidé de pénétrer dans l'espace privé de ses parents, puis il fit un pas puis deux et se rendit au final devant le tiroir qu'il ouvrit avec une curiosité grandissante. Dedans, il n'y avait qu'une enveloppe protégée par un sceau, la spécialité de sa mère… Il attrapa l'enveloppe et le sceau éclata en un millier de petits éclats colorés. Il en retira une lettre donc l'écriture ne laissait aucun doute sur l'auteur.

De grosses gouttes tombèrent sur la lettre, il ne pouvait s'en empêcher, c'était plus fort que lui. Il éclata en sanglots, se calant contre le mur. Glow vint de nouveau se lover près de lui et sa chaleur lui fit du bien. Après de longues heures, il prit sa décision, ils partaient pour Moonlight City.