[Terminé]Douleur [PV : Nero ♥]

Douleur [Pv Kaïri]

Quand tout bascule.

Assis sur une chaise juste à côté du lit dans lequel était allongée Kaïri, je fixai le visage endormi de cette dernière.  Bien que la fièvre qui l’avait assailli la veille semblait être tombée, la douleur ne semblait pas l’avoir quitté, elle… Cette simple constatation  fit monter en moi la colère. J’avais été incapable de protéger ma famille…

-Je jure que tu me le paiera Noctis…Murmurais-je.

Le simple fait de penser à ce monstre – que je ne considérai plus comme mon frère – et à ce qu’il avait fait me donnait envie de le retrouver et de le torturer comme il l’avait fait avec Kaïri, de lui prendre tout ce qui lui était cher, comme il nous avait pris tout ce qui nous était cher. Mais c’était perdu d’avance… Noctis m’avait montré qu’il était définitivement celui que tout le monde pensait qu’il était, un être abject et dénué de sentiment. Rien ne pouvait l’atteindre.

-Nero… Tu devrais te reposer…

Je sursautai en entendant la voix de Ice, ne l’ayant pas entendu entrer dans la pièce malgré le silence de mort qui régnait dans cette maison.

-Ne t’en fais pas… Ca va.Lui dis-je sans pour autant quitter ma compagne du regard.
-Tu devrais au moins aller prendre l’air. Ca fait des jours que tu restes enfermé dans cette chambre.

Je décidai enfin de tourner mon regard vers l’ange de glace. Ce dernier me regardait un air un sérieux qui en disait long sur ses intentions : il ne me lâcherait pas tant que je n’aurai pas quitté la pièce. Me sachant vaincu d’avance, je quittai donc mon poste à contre cœur et allai prendre l’air. Je ne m’éloignai, cependant, guère de la maison puisque je me contentai seulement de passer le perron et de m’adosser contre la façade de la bâtisse, observant les alentours. L’hiver avait enfin laissé place au printemps et le quartier semblait reprendre vie. Une bande de gamins jouaient quelques mètres plus loin tandis que quelques adultes profitaient du temps doux pour se promener. La bonne humeur et la quiétude qui régnait sur les lieux ne m’atteignait cependant pas. Je ne faisais déjà plus attention à ce qu’il se passait autour de moi et ressassai les récents événements.

J’avais eu tort de penser que nous étions à l’abri du danger…
Cela était survenu il y a un peu moins d’une semaine. Pour une raison que je ne me rappelle plus, j’avais quitté la maison. L’idée qu’il puisse se passer quelque chose ne m’avait même pas effleuré l’esprit. A vrai dire, le potentiel danger que représentait Noctis m’était complètement sorti de la tête depuis la naissance des jumeaux. J’avais commis l’énorme erreur de penser que, finalement, nous étions en sécurité. Il avait fallu seulement quelques heures pour que toutes mes certitudes volent en éclat… Ce que j’avais découvert en passant le pas de la porte m’avait glacé le sang. Kaïri baignait dans une mare de sang, blême et presque sans vie. Je m’étais alors précipité vers elle et avait tenté d’arrêter l’hémorragie du mieux que je le pouvais. La seule idée qui traversa alors l’esprit fut de cautériser la plaie béante qui entaillait son abdomen et d’où le sang coulait en abondance à l’aide de mes pouvoirs de feu. Une fois certain que ma tendre moitié ne perdrait pas plus de sang et après l’avoir délicatement installée dans le divan, j’avais laissé mon regard parcourir les lieux. C’est alors que je remarquai que Ryu gisait non loin, un trou béant dans le thorax. La blessure avait eu raison de lui… Quant aux jumeaux, ils semblaient avoir disparus. Je n’avais aucun doute quant à l’auteur de cette attaque... Et si Ice et son grand-père n’étaient pas arrivé entre-temps pour me faire entendre raison, je me serai sans doute précipiter dans la rue de l’Ombre et aurait tout saccagé jusqu’à trouver mon monstre de frère.

Finalement, prendre l’air ne m’aidait en rien, sinon à ressasser en boucle ce qui était arrivé  et qui me montrait à quel point j’avais été incapable de protéger les miens. Aussi décidais-je de retourner auprès de Kaïri. Lorsque je regagnai la chambre, je constatai que la belle ange avait enfin repris connaissance. Et bien que ce constat aurait dû me rendre le sourire, l’expression de douleur et de tristesse qu’elle affichait me déchira le cœur. Je m’approchai lentement d’elle, tentant tant bien que mal de retenir mes larmes, et caressai délicatement son visage.

-Kaïri…Murmurais-je d’une voix tremblante.

Je ne savais quoi lui dire. Comment lui annoncer que son grand frère qu’elle chérissait tant était mort ? Comment lui annoncer que nos deux trésors étaient entre les griffes d’un monstre ? Son monde s’était écroulé en quelques instants et je n’avais rien pour faire pour empêcher cela.

Douleur [Pv Nero]

Quand tout bascule.

Après avoir appelé Nero, ce fut son meilleur ami qui entra dans la chambre. Il secoua négativement la tête de gauche à droite, comme pour la prévenir des mauvaises nouvelles qui allaient lui tomber dessus. Elle passa sa main sur son visage, combien de temps était-elle restée là dans son lit ? Endormie ? Elle n’avait même pas réussi à défendre sa propre famille, elle faisait une piètre mère en vérité. Elle aurait dû se battre avec plus de force, mais elle savait qu’elle ne faisait pas le poids contre le frère de son bien aimé. Ice la serra délicatement entre ses bras, essayant de l’apaiser de la douleur qui tiraillait sa poitrine. Elle avait vu son propre frère, un trou dans la poitrine. Il n’avait pas pu survivre, elle-même n’aurait pas dû survivre à l’attaque de Noctis. Mais elle était encore là, et le sort qui lui était réservé était pire que la mort. Ice s’en alla quelques minutes après, sûrement pour chercher Nero. Mais à peine fut-il sorti de la pièce qu’elle entendit des bruits de pas dans le couloir.

Kairi regarda entrer Nero dans la chambre, son air sombre ne la rassura pas du tout malgré sa présence à ses côtés. Elle aurait dû esquisser un sourire, mais cela lui était impossible. Elle soupira longuement quand il vint lui caresser le visage. Penchant la tête sur le côté pour accentuer cette douce caresse, elle se remit à pleurer silencieusement. Son petit corps fut pris de soubresauts incontrôlables. Elle se doutait qu’il avait dû les prendre pour forcer Nero a retourné avec lui. L’ange réussit à se redresser tant bien que mal, faisant abstraction du mal que lui procurait le moindre petit effort. Elle posa un long moment son regard sur les lits, vides, où les jumeaux étaient censés dormir. Où étaient-ils ? Les avait-il tués pour se venger ? Elle imagina un court instant retrouver leurs corps inertes, et ses larmes repartirent de plus belle. Kairi se laissa littéralement tomber dans les bras de Nero, essayant de se soulager de sa tristesse, alors qu’il devait sûrement ressentir la même chose. Egoïste, une nouvelle fois.

Finalement, elle n’avait rien d’un ange. Son égocentrisme l’avait aveuglé au point de lui faire croire qu’elle serait en mesure de pouvoir créer une famille métissée sans que Noctis sans aperçoit. C’était impossible, et totalement inconscient. Elle posa ses mains sur le tee-shirt de sa moitié et elle serra rageusement le tissu entre ses doigts. Kairi enfonça son visage dans le cou de Nero, vidant son esprit pour juste essayer de profiter de sa présence. Elle essaya d’oublier un court moment toute cette atrocité et juste apprécier à sa juste valeur le fait que le démon ne l’avait pas abandonné.

Quelques minutes après, elle réussit à tarir ses larmes et elle releva le visage vers celui de Nero. Elle voulait s’excuser, de ne pas avoir été à la hauteur, de ne pas avoir réussi à protéger leurs enfants et de s’être fait battre si facilement. Mais rien ne sortit de sa bouche, pas de mots d’excuses, pas de reproches envers elle-même, rien, juste de simples mots qu’elle ressentait le besoin de lui dire.

- Je t’aime. Ne me quitte pas…

Ses yeux se remplirent de larmes qu’elle essaya de retenir tant bien que mal. Non, elle avait déjà beaucoup trop pleurer pour ça. Elle devait se reprendre, et arrêter de pleurer sur son sort, après tout, ses enfants avaient besoin d’elle non ?

Douleur [Pv Kaïri]

Quand tout bascule.

J'étais complètement impuissant...

Un seul regard échangé avec ma tendre moitié suffit pour me rendre compte de toute la douleur – tant physique que morale – qui l'envahissait en ce moment même. Je ne pouvais rien faire pour l'apaiser un tant soit peu et cela me rendais littéralement fou, j'étais prêt à laisser toute ma colère et ma rage exploser, ici et maintenant. Mais la belle ange n'avait pas besoin de cela pour l'instant, ce dont elle avait surtout besoin c'était de mon soutien. Car les prochains jours risquaient d'être extrêmement durs pour elle...

J'étais assis à la regarder pleurer sans pouvoir rien y faire. La voir dans un tel état me déchirait littéralement le cœur et l'âme. Mais lorsque qu'elle se redressa et se jeta dans mes bras,  s'accrochant à moi comme à une bouée de sauvetage tout en laissant libre cours à ses larmes, je ne pu me retenir  davantage. Je m'étais juré de rester fort, de ne pas pleurer, d'être une sorte de pilier sur lequel Kaïri pourrait se reposer mais la voir pleurer avec tant de détresse me fit fondre moi-même en larme. L'enlèvement de mes enfants, l'attaquer sur Kaïri, la mort de Ryu. Cela faisait beaucoup trop à encaissé en une seule fois. Mon coeur se serrait d'angoisse et de rage rien qu'à l'idée de savoir que nos deux trésors étaient entre les griffes de mon monstre de frère. Je m'en voulais tellement de ne pas avoir pu les sauver, de ne pas être arrivé à temps pour sauver Ryu...

* Idiot... Tu aurais du fuir avec ta sœur et tes neveux !! *

Je sentis mon coeur se serrer à cette simple pensée. Je n'arrivais pas à réaliser que je ne verrai jamais plus l'ange à la chevelure auburn. Plus jamais je ne pourrai le taquiner ou me chamailler avec lui. Malgré son caractère bourru et surprotecteur, j'avais fini par apprendre à apprécier l'ange et à le voir comme un membre à part entière de la famille que je construisais avec Kaïri.

* Je n'ai même pas eu l'occasion de lui dire une seule fois que je l'appréciais !* Songeais-je, rageur.

Une regard améthyste emplit de larmes se posant sur moi, me sortit de mes pensées. Je reportai donc mon attention vers la belle ange et essuyai les larmes qui couvraient ses joues d'un geste tendre. Malgré ce qui venait de se passer, malgré que j'avais failli à ma tâche de père, elle m'aimait et me demandais de ne pas la quitter. J'avais une chance immense de l'avoir à mes côtés. Elle avait été celle qui m'avait fait grandir et qui m'avait rendu meilleur. Elle m'avait offert tout son amour, toute sa confiance, m'avait fait le plus merveilleux des cadeaux en faisant de moi un père... Et je n'avais pu la protéger. J'avais promis de la rendre heureuse, de ne plus la faire pleurer et son monde était réduit à néant à cause de moi. Ce simple constat suffit à me faire encore plus enrager contre moi-même. Ne me contrôlant plus, je laissai mon aura peser de toute sa puissance dans la pièce, rendant l’atmosphère extrêmement lourde et l'air irrespirable.

- Je ramènerai Sora et Naminé, je te le promets. Je les ramènerai, quoiqu'il puisse arriver. Et je le tuerai. Je le tuerai, même si je dis y laisser la vie ou raser la moitié de la ville pour ça.Dis-je à Kaïri sur un ton qui laissai transparaître toute la colère qui m'habitait en ce moment même.[/i]

Douleur [Pv Nero]

Quand tout bascule.

Lorsqu’elle s’effondra dans les bras de son bien aimé, elle sentit qu’il n’allait pas tarder à craquer aussi. Mais Kairi avait toujours vu Nero fort et il ne lui montrait que rarement ses sentiments. Elle ne s’attendait donc pas à ce qu’il se mette à pleurer également. Contrairement à ce qu’elle aurait pu penser, cela la rassura de le voir dans cet état. Elle n’était pas seule à s’en vouloir, à se ronger jusqu’au sang d’inquiétude pour savoir ce que Noctis allait faire à leurs enfants. La jeune ange réussit à passer ses mains dans la chevelure argentée de Nero et elle caressa doucement ses cheveux du bout des doigts. Elle calma ses larmes tant bien que mal, essayant de reprendre une respiration plus ou moins lente. Voir Nero ainsi ne fit qu’augmenter sa douleur et sa peine. Elle secoua la tête de gauche à droite. Elle devait faire le vide dans son esprit, avoir les idées claires, sinon elle ne pourrait jamais essayer de récupérer ses enfants. Elle avait besoin d’eux, autant qu’ils avaient besoin d’elle, elle ne pouvait se résoudre à les laisser entre les mains de ce vicieux.

Tout en regardant Nero, elle se demanda ce qu’il pensait, tant il était silencieux. Ils étaient tellement proches, et elle allait haïssait l’idée que cet événement pouvait les séparer. Il représentait toute sa vie avec les jumeaux. Allait-elle finir par se retrouver seule ? Allait-elle supporter de les voir tous partir un à un ? Si tel était le cas, elle portait vraiment malheur. Qu’allait penser Ryu, s’il la voyait abandonné ceux pourquoi il s’était sacrifié ? Impossible. Kairi portait beaucoup trop d’amour à son frère pour que cela se passe ainsi. Elle devait se battre, et ne pas abandonner maintenant.

Elle savait pertinemment que Nero devait s’en vouloir autant qu’elle, si ce n’était pas plus puisqu’il n’était pas là. Pour quelle raison était-il partit d’ailleurs ? Elle ne s’en souvenait même plus. En y repensant, elle ne revoyait que des flashs de cette journée, comme si son esprit essayait de l’oublier, pour la protéger. Mais elle ne pouvait pas faire semblant, elle devait tout dire à Nero dans les moindres détails, et essayer de ne pas attiser sa colère.

En parlant de colère, l’ambiance de la chambre devint soudainement lourde, étouffante. Kairi se mit à respirer plus fort, sentant sa poitrine se comprimer plus douloureusement à chaque inspiration. Après sa détresse, elle sentait maintenant parfaitement bien sa haine, et c’est là qu’elle prit peur. Elle ne voulait pas le voir faire de choses insensées sous la colère et pour la première fois de leur vie de couple, elle décida d’user son don d’empathie sur lui, pour tenter de le calmer. Il n’allait pas apprécier, elle le savait, mais c’était le seul moyen de lui faire comprendre à ce moment donné. Les paroles qu’il prononça ensuite ne fit que la conforter dans son idée.

- Nero… Je ne veux pas te perdre toi aussi. Cela serait trop dur… Je ne le supporterais pas. Je ne peux pas. J’ai beaucoup trop besoin de toi.  Ne fais pas ça s’il te plait…

Elle se remit à pleurer sous ses propres paroles, et elle posa sa main sur sa joue, baissant la tête pour ne pas avoir à supporter son regard plus longtemps. Grâce à son pouvoir, elle lui transmit tous les sentiments qui la bousculaient à ce moment donné. La tristesse, la douleur, la joie de l’avoir à côté d’elle, la haine, le désespoir, l’incompréhension. Tout, tout ce qui l’anéantissait. Elle espérait ainsi qu’il ne se mette pas tout seul à la recherche de Noctis.

- Reste avec moi.

Elle laissa tomber ses longs cheveux bleus turquoises devant son visage, masquant les larmes silencieuses qui continuaient de couler inlassablement sur son visage marqué par la douleur.

Douleur [Pv Kaïri]

Quand tout bascule.

Je n'étais plus que rage et colère. J'étais en colère contre mon frère, contre moi, contre le monde entier. Je n'aspirai plus qu'à une chose : tuer Noctis. Je souhaitais le faire souffrir, le torturer, qu'il agonise lentement et qu'il meurt seul, comme la charogne qu'il était le méritait...

Complètement perdu dans ce tourbillon de sentiment haineux, je ne remarquai même pas que mes pouvoirs influaient sur l'environnement de la pièce dans laquelle Kaïri et moi nous nous trouvions. La chaleur avait monté de plusieurs dizaines de degré et l'air était devenu complètement irrespirable, ce qui était sur le point de déclencher une nouvelle crise à ma compagne sans que je m'en rende compte. Mais bientôt, d'autres sentiments se mélangèrent à ce maelstrom émotionnelle tandis que la voix de la belle ange se faisait entendre. Je plantai alors mon regards dans ses yeux toujours empli de larmes, l'écoutant me dire qu'elle ne voulait pas que j'aille trouver Noctis, qu'elle ne supporterait pas de me perdre et de se retrouver seule.

Et tandis qu'elle me faisait part de tout cela, je sentais une foule d'émotions m'envahir sans trop bien savoir d'où elles pouvaient bien venir. Douleur, tristesse, colère, désespoir incompréhension,mais aussi le soulagement d'avoir quelqu'un auprès de moi. Tout cela se bousculait en moi alors que ma fiancée me suppliait de rester auprès d'elle. C'est alors que je compris – je ne sais pas trop comment – que ce que je ressentais à l'instant même, c'était les sentiments de Kaïri. Ayant complètement recouvrer mon calme, je quittai la chaise et m'installai sur le lit avant de d'attirer l'ange tout contre moi, ressentant le besoin impératif de la tenir dans mes bras.

- Je resterai ici... Jusqu'à ce que tu ailles mieux. Lui promis-je en déposant un baiser sur le sommet de sa tête, espérant que ce simple geste l'apaiserait.

Je me sentis néanmoins envahi par la culpabilité en prononçant ces mots. Certes, je ne quitterai pas cette chambre tant que Kaïri n'irait pas mieux. Après tout, elle avait manqué de mourir. Elle en avait réchapper seulement parce que j'étais arrivé à temps et que j'avais cautérisé les blessures les plus graves, ce qui allait sans doute lui laisser d'importantes cicatrices d'ailleurs – je grimaçai, d'ailleurs, en pensant à la tête qu'elle ferait en les découvrant - , je ne comptais donc pas la laisser seule de sitôt. D'un autre côté, j'étais complètement angoissé à l'idée de savoir mon et ma fille sous la responsabilité de Noctis. Il n'était pas assez idiot pour leur faire quoique ce soit, tenant trop à ce que je sois de nouveau à son service mais je ne pouvais pas rester là sans bouger pour autant. Par ailleurs quelque chose me disait qu'une fois qu'il m'aurait sous la main, il ne me laisserait plus jamais repartir.Mais si c'était le prix à payer pour protéger ma famille, je le paierai sans hésiter une seconde.

Je secouai légèrement la tête pour tenter de sortir toutes ces idées de ma tête. Pour l'instant, il fallait que je me concentre sur Kaïri et son rétablissement. Pour le reste nous aviserons ensemble par la suite, même s'il était clair pour moi qu'il était hors de question qu'elle se confronte à mon frère.

-Je vais récupérer Sora et Naminé. J'arrangerai les choses quel que soit le prix à payer, je te le promets Amour. Quoiqu'il puisse se passer, je serai toujours là pour veiller sur vous.Soufflais-je tout bas en resserrant mes bras autours de la belle ange.

Douleur [Pv Nero]

Quand tout bascule.

Kairi fut soulagée quand la tension régnant dans la chambre s’apaisa enfin. Son idée eut l’air de fonctionner puisque Nero se calma, lui permettant ainsi de respirer à nouveau correctement. Il avait été tellement pris par sa colère qu’il n’avait même pas vu dans quel état il la mettait. En temps normal, elle lui aurait fait une petite moue suivit d’un sermon, mais aujourd’hui, elle n’en avait pas la force. Elle se contenta de lui poser un baiser sur le haut du crâne, recherchant le plus d’affection possible en provenance de son fiancé. Sa respiration finit par reprendre un rythme totalement normal, pour son plus grand soulagement, elle n’avait pas spécialement envie de faire une nouvelle crise alors qu’elle était déjà à bout de forces. Elle se décala un peu pour le laisser s’installer confortablement sur le lit et la phrase qui s’en suivit ne la rassura qu’à moitié. Allait-il seulement attendre qu’elle soit guérie puis partir sans prévenir ? Elle doutait fort qu’il la laisse le suivre pour retrouver Noctis, et cette idée lui fit froid dans le dos. Il ne pouvait pas la laisser seule, même si c’était pour retrouver leurs enfants. Ils étaient un couple après tout non ?

Tout à coup, elle se sentit étrangement égoïste de vouloir garder Nero auprès d’elle. S’il souhaitait partir à la recherche de son frère, même à ses risques et périls, c’était surtout pour lui ramener les jumeaux, et ça, elle devait en prendre conscience avant de lui dire quoi que ce soit. Elle sentit ses entrailles la tirailler au plus profond d’elle même entre l’envie de retrouver ses enfants, plus forte que tout, elle restait une mère, et la peur de perdre le seul homme qu’elle n’avait jamais aimé. Kairi se blottit dans ses bras, faisant attention à ne pas trop bouger. Elle sentait les bandages autour de son petit corps et elle se doutait que ce qu’il y avait en dessous n’allait pas forcément lui plaire, déjà que sa grossesse avait tout bouleversé un an avant. Elle ne devait plus ressembler à grand-chose maintenant. Elle passa une main sur son ventre, laissant glisser ses doigts sur le sparadrap blanc qui le recouvrait. L’ange avait porté pendant neuf mois la chair de sa chair, elle ne pouvait pas simplement l’abandonné à un homme comme Noctis.

- Je… Je suis désolée de ne pas avoir été à la hauteur. C’est de ma faute si il a réussi à les prendre. J’aurais dû me sacrifier pour qu’il ne réussisse pas à les prendre.

Ses excuses avaient résonné entre les murs froids de la pièce, alors qu’elle n’avait fait que les murmurer, laissant ainsi transparaître toute la gravité de la situation. Kairi s’en voulait terriblement, rien n’était pire pour une mère que de ne pas avoir réussi à protéger ses enfants. Elle les avait abandonné, littéralement, et cet abandon risquait de marquer leur vie à tout jamais. Elle se força à retenir ses larmes, de toutes manières, elle n’avait même plus la force de les sentir couler. Elle savait que jamais, jamais Nero ne la blâmerait et qu’il prendrait toute la responsabilité des actes de son frère sur ses épaules. Il parla encore de retrouver les jumeaux et il lui promit de les lui ramener quel qu’en soit le prix.

- Je ne veux pas que tu y ailles seul. Ne me laisse pas sur le côté comme si cette bataille n’était pas la mienne également. Ne porte pas le seul le poids de la culpabilité sur tes épaules alors que tu sais pertinemment que je suis là pour l’alléger.

Elle ne savait pas à quel moment de sa vie elle avait appris à dire des phrases aussi sages, sûrement après la naissance de Sora et Naminé, et encore, elle n’en était pas vraiment certaine. Kairi savait aussi que les jours à venir allaient être très durs, autant par leur absence, que par sa convalescence qui n’allait pas la laisser sortir indemne. Elle leva les yeux vers Nero, il ne lui avait pas encore demandé, mais elle savait qu’il n’allait pas tarder à la questionner, plus ou moins directement, sur ce qui s’était déroulé quelques jours auparavant.

Douleur [Pv Kaïri]

Quand tout bascule.

C'est fou comme on oublie, parfois, à quel point certains gestes, pourtant simples, peuvent faire un bien fou. Avec tout ce qui était récemment survenu, j'avais oublié à quel point il était agréable de tenir ma tendre moitié dans le creux de mes bras. La tête posée sur son épaule, je fermai les yeux afin de profiter pleinement de ce contact apaisant.

Lorsque je promis à Kaïri de ne pas la quitter avant qu'elle se rétablisse, je la sentis tressaillir. Ce simple geste me suffit à comprendre qu'elle savait que cela voulait dire. Je laissai un soupir m'échapper, ne sachant pas trop comment aborder ce sujet. A vrai dire, je ne savais pas du tout comment je devais agir. La père en moi me hurlait de quitter sur le champ la maison du grand-père de Ice, de me rendre dans le rue de l'Ombre, de tout détruire jusqu'à ce que je tombe sur mon frère et de tuer de la façon la plus lente et douloureuse possible. L'amant, lui, me sommait de rester là, de prendre soin de Kaïri et de l'épauler dans ces moments difficiles. Il me sommait de ne surtout pas la laisser, car je la blesserais, alors, de la pire des manières. Quant au frère, il était profondément meurtri...

Noctis avait commis l'irréparable et je le détestais du plus profond de mon être pour cela. Je savais pertinemment qu'il ne resterait pas de marbre face à ce qu'il considérerait comme une trahison mais je ne m'attendais tout même pas à ce qu'il aille si loin. Nous étions, après tout, frères. Nous partagions la même chair et le même sang. Et je l'aimais. C'était sans conteste le seul Rasphodos que je considérais comme ma famille. Et j'avais toujours pensé que cela était réciproque. Noctis était certes incapable de ressentir de l'empathie ou de l'affection pour autrui, pourtant j'avais toujours eu l'impression qu'il me considérait différemment des autres membres de son entourage. Nous avions eu de bons moments, malgré tout, et il avait tenu à ce que je vienne absolument avec lui à Moonlight City. Je revoyais encore son sourire étrange alors qu'il me disais « Ca sera beaucoup moins amusant si tu n'es pas là pour taper sur tout ce qui bouge, comme à ton habitude ». Jamais je n'aurais pensé qu'il chercherait à me nuire de la sorte et j'en étais profondément blessé. Il venait de me prouver qu'il était bel et bien le monstre sans cœur que tout le monde pensait qu'il était.

Ce fut la petite voix frêle de Kaïri qui me tira de mes réflexions. Elle était entrain de s'excuser pour ne pas avoir défendu nos enfants avec plus d'ardeur, ajoutant qu'elle aurait du sacrifier sa vie pour les sauver.

- Je t'interdis de dire ça!Lui dis-je sur un ton un peu plus sec que je ne l'aurais voulu. Me rendant compte de cela, je saisis délicatement son menton entre mes mains et la forçai à tourner la tête vers moi.Je n'aurais pas supporté de te perdre aussi, mon ange. J'en aurais sans doute perdu la raison...

Elle repris la parole, m'avouant qu'elle ne voulait pas que j'aille seul à la rencontre de Noctis. Ses mots m'allèrent droit au cœur et je comprenais parfaitement ce qu'elle ressentait. Mais je ne pouvais me résoudre à laisser aller au devant du danger. Je ne me le pardonnerai jamais s'il lui arrivait quelque chose. Mais d'un autre côté, je ne pouvais la tenir totalement à l'écart de cette histoire. Elle restait la mère de mes enfants et elle avait son mot à dire. De toute façon, même si je refusais catégoriquement de la mêler à tout cela, elle trouverait le moyen de retrouver Noctis...

- On réglera cela, ensemble.Lui promis-je bien que je ne savais pas encore comme j'allais m'y prendre.

Je lassai un second soupir m'échapper tandis que mes mains allaient se poser sur celle de Kairi, elles mêmes posées sur le ventre de celle-ci. Cette partie du corps de ma compagne était complètement recouverte par des bandages. Noctis n'y était pas aller de main morte et elle se retrouvait à présent marquée pour toujours. Enfin, ces marques étaient surtout mon œuvre... Dans la précipitation et la panique, je n'avais pas trouver d'autres solutions que de cautériser les plaies les plus profondes. Cela aurait été plus propre si le grand-père de Ice s'en était occupé. Mais le temps nous avait manqué...

- J'ai fais un véritable carnage...Soufflais-je sur un ton empli de culpabilité alors que , complètement perdu dans mes pensées, ma main avait dérivé sur les bandages qui recouvraient l'abdomen de ma tendre moitié.

Douleur [Pv Nero]

Quand tout bascule.

Kaïri haïssait cette situation plus que tout. Impossible de faire le vide pour elle parmi tous ses sentiments qui l’assaillaient de toute part. Déjà, elle était en vie, mais à quel prix ? Elle ne pouvait plus voir ses enfants, ni même les tenir dans ses bras. Cruelle souffrance pour la mère aimante et attentionnée qu’elle était. Et dire qu’ils n’avaient même pas encore fait leurs premiers pas. Quand allait-elle les retrouver ? Allait-elle seulement les retrouver en réalité ? Elle se mordilla la lèvre, elle ne devait pas penser à ça. Noctis avait besoin d’eux vivants pour ramener Nero, il ne les tuerait pas. Mais allait-il correctement s’en occuper ? Non, c’était impossible. Kaïri voulut crier sa rage à l’idée de voir ses enfants pleurer devant cet incapable. Elle serra doucement les poings, après la tristesse, voilà que la colère reprenait le dessus sur elle. Mauvaise idée. De l’eau commença à tomber du plafond tandis qu’elle fermait les yeux.

Nero avait compris qu’il ne l’avait pas du tout rassuré, et qu’au contraire, il l’avait même inquiété encore plus. Il se contenta de soupire, tandis que la jeune ange se blottit un peu plus dans ses bras. Oscillant entre une détresse visiblement justifiée, et un apaisement mal venu. Malheureusement, elle savait qu’elle ne serait d’aucune utilité à Nero si elle ne guérissait pas rapidement, et plus sa convalescence prendrait du temps, plus Noctis aurait une emprise sur les jumeaux, chose impossible à imaginer dans l’esprit étroit de la jeune femme. Relevant doucement le visage vers celui de son fiancé, celui-ci semblait être tout aussi absorbé par ses pensées qu’elle. Elle ne douta pas un seul instant que ces dernières étaient pour son frère. Dans une certaine mesure, lui aussi avait perdu son frère ce jour-là, et plus jamais, ni lui, ni elle, ne pourrait revenir en arrière.

Comme elle s’en était douté, Nero réagit plutôt mal à ses paroles, lui arguant qu’il n’était plus rien sans elle, et que si elle était morte ce jour-là, il aurait sans aucun doute perdu la raison. Comment pouvait-elle le blâmer ? Elle pensait exactement la même chose, et c’était l’unique raison pour laquelle elle ne voulait pas qu’il se confronte seul à Noctis. Son regard doré plongé dans le sien, elle se sentit faiblir, comme toujours. Malgré tout ce temps passé ensemble, ses yeux dorés la faisaient toujours miraculeusement fondre. C’était ce que Kaïri considérait comme le véritable amour, cette flamme qui ne s’éteindrait jamais et qui continuerait de les maintenir en vie, coûte que coûte.

- Je m’en veux tellement tu sais, je n’ai même pas eu la force de le retenir… murmura-t-elle

Finalement, son fiancé lui concéda le fait qu’ils allaient régler cette affaire ensemble, ce qui finit de rassurer la belle ange sur les attentions de Nero. Il comprenait à quel point cette bataille était importante pour elle, et qu’elle ne voulait pas se sentir rejeter, malgré le danger qui planait. Elle hocha rapidement la tête, consciente de l’effort que cela représentait pour le démon. Elle resta silencieuse, ne voulant pas épiloguer plus sur le sujet. Elle devait profiter de sa présence auprès d’elle.

Kaïri frissonna quand il posa à son tour ses mains sur les siennes. Il sembla soudainement très embarrassé par la situation, ce que ne comprit pas du tout la jeune femme. Les cicatrices n’étaient pas son œuvre, alors pourquoi s’en voulait-il autant ? Puis, ses paroles vinrent aux oreilles de la jeune femme qui commença à comprendre. Ses blessures étaient si grave que ça ? Elle se souvenait d’avoir perdue conscience après avoir essayé d’arrêter Noctis. Avait-elle frôlé la mort ? Prise d’une soudaine panique inexpliquée, elle commença à enlever les bandages blancs pour découvrir ce qu’il y avait en dessous, et donc comprendre le malaise de son fiancé. A peine avait-elle enlever le début du sparadrap, qu’elle se mit à avoir un haut de coeur. Bien que cela ne saignait plus, une énorme croûte marronâtre s’étalait sur le peu de peau qu’elle avait découvert. Finalement, c’était pire que ce qu’elle pensait.

Douleur [Pv Kaïri]

Quand tout bascule.

Perdu dans mes pensées, je n'avais pas vraiment fait attention au fait que j'avais parlé tout haut. Aussi, je ne remarquai pas tout de suite la belle ange était intriguée par mes paroles. Ce n'est que lorsqu'elle se leva précipitamment et qu'elle commença à défaire ses bandages.

- Attends Amour ! Tu ne devrais...

Je ne finis pas ma phrase. Kaïri n'avait pas défait totalement ses bandages que déjà, ses meurtrissures apparaissent. Ses plaies semblaient commencer à cicatriser mais cela restait impressionnant à voir. Malgré tous les soins que le grand-père de Ice avait pu lui prodiguer, elle resterait marquée. Je sentis mon cœur se serrer de culpabilité. Je l'avais littéralement marqué au fer rouge, même si elle le voulait, jamais elle ne pourrait oublier ces événements. Ses cicatrises les lui rappelleraient chaque jour. Sauf que je n'avais pas trouver d'autre solution pour la sauver.

Voir ces cicatrises m'avait ramené au jour où je l'avais trouvée baignant dans une marre de son propre. J'étais resté immobile un bref instant, mon cerveau n'arrivant pas à comprendre ce qui se passait sous mes yeux. Mais lorsque je réalisai ce qui était en train de se passer, j'avais été saisi d'une peur indescriptible. Jamais je n'avais ressenti cela avant. La peur de perdre un être cher juste sous mes yeux sans pouvoir rien y faire. Les mains couvertes du sang de ma tendre moitié, j'avais juste été incapable de réfléchir. La panique et l'angoisse m'empêchaient tout bonnement de penser de façon logique et posée. Puis dans éclair de lucidité – alors que je sentais que l'ange de l'eau était clairement en train de me filer entre les doigts – j'avais utilisé ma pyrokinésie pour stopper ses diverses hémoragies. Je m'étais alors rendu compte que Noctis avait blessé ma fiancée à l'aide d'une arme blanche et ce, à des endroits stratégique. Il voulait que je la retrouve avant qu'elle ne meurt...

J'avais évidemment tenter de sauver aussi Ryu. Mais il était mort bien avant que je ne découvre le carnage laissé par mon frère. Je n'osais même pas imaginer ce que Kaïri avait endurer. Voir son frère mourir sous ses yeux et ses enfants se faire enlever par un monstre sans qu'elle ne puisse rien y faire. C'était un miracle qu'elle n'ait pas perdu la raison, même si je me doutais bien que cela laisserait de graves séquelles, tant physique que morale. Si seulement j'avais été présent... Rien de tout cela ne serait arriver...

- Je te demande pardon... Tout ça c'est de ma faute. La mort de Ryu, l'enlèvement des enfants, ces cicatrices. Rien de tout cela ne serait arriver si j'avais été présent... J'ai été trop présomptueux... Et c'est toi qui en paie le prix.Soufflais-je d'une voix tremblante.

Je baissai la tête et serrer les poings pour tenter de contenir ma rage, au point d'en saigner. J'étais encore en train de me laisser emporter par la colère une nouvelle fois. Sans m'en rendre compte des flammes vinrent lécher mes bras. Je m'en voulais tellement de ne pas avoir été là pour les protéger tous, de m'être relâcher, de nous avoir cru en sureté. Ma paresse et ma suffisance nous avait conduit dans cette situation et ça, je ne pourrai jamais me le pardonner.

Douleur [Pv Nero]

Quand tout bascule.

Il avait essayé de l’arrêter, elle aurait sûrement dû l’écouter. Debout face à Nero, Kaïri regardait son ventre, non sans une pointe de défoüt dans le regard. Elle allait lui demander des explications, forcément, elle n’arrivait pas à comprendre comment elle avait pu en arriver là. Elle se tourna vers le seul miroir qui ornait un des murs de sa chambre et elle enleva complètement le bandage. Une épaisse croûte d’une couleur marron recouvrait son ventre déjà déformé par sa grossesse, et elle se trouva encore plus plus horrible qu’avant. Allait-il toujours la regarder de la même manière après ça ? Ou allait-il avoir pitié d’elle et de son sort ? A nouveau, un flot de question se bouscula dans sa tête, et elle fut incapable d’y mettre un tant soit peu d’ordre. Kaïri rabattit donc son tee-shirt d’un geste rageur sur son ventre, se fichant pas mal de savoir si sa blessure allait suinter ou pas, maintenant qu’elle n’était plus recouverte d’un bandage. Au point où elle en était, le sang pouvait même se répandre de nouveau, elle ne l’arrêterait sûrement pas. Elle regarda un long moment Nero à travers son miroir, hésitant à se recoucher à côté de lui, pourtant, dieu seul savait à quel point elle en avait besoin.

Au lieu de ça, elle s’avançait vers les deux autres lits qui encombraient la pièce. Deux petits lits, l’un avec une couverture rose, l’autre avec une couverture bleue. Kaïri avait la mauvaise impression que tout ceci n’avait été qu’un long rêve et qu’elle allait se réveiller dans quelques instants et reprendre sa petite vie de solitaire. Mais il n’en était rien. Elle était bel et bien fiancée à un démon, et ses enfants avaient été enlevés par le frère de celui-ci, comme pouvaient en témoigner les deux lits vides. Elle passa distraitement une main sur l’un des deux lits, soupirant bruyamment et se retenant de pleurer une nouvelle fois. Les reverra-t-elle un jour ? Finalement, ses rêves de petite fille avaient été détruits, et elle ne voyait aucun moyen de recoller les morceaux. Elle n’avait plus de parents, plus de frère, plus d’enfants, seulement Nero, et encore elle avait le mauvais pressentiment qu’il allait la laisser tomber également.

L’ange prit l’une des peluches de Naminé entre ses mains, l’air toujours distrait. Elle la serra contre elle, comme si elle s’accrochait à une bouée, et enfin, la voix de Nero parvint à ses oreilles, la sortant brusquement de ses rêveries.

- Tu ne pouvais pas toujours être collé à nous. Il arrivait des fois que je me balade seule dans la rue étant enceinte, et il aurait pu m’arriver bien des malheurs. Ils allaient fêter leur un an, s’il a attendu aussi longtemps, c’était pour qu’on baisse notre garde. Et c’est réussi.

Kaïri se tourna vers sa tendre moitié, la peluche de sa fille toujours au creux de ses bras, et elle le regarda, les yeux remplis de larmes malgré son sourire apparent. Elle repensa à tous leurs moments heureux, et même ceux qui l’étaient un peu moins. Peu importait ce qu’ils avaient vécus, ils avaient toujours été tous réunis, et maintenant, voilà qu’ils se retrouvaient tous les deux. Et même s’il y avait toujours Ice, et encore heureux pensa Kaïri, ils ne pourraient plus jamais réunir leur famille autour d’une même table.

- Tu vois, quand je repense à mon frère, je m’en veux d’avoir été aussi méchante et puérile avec Tatiana.

Elle regarda l’une de ses mèches de cheveux tombant devant son visage, leur couleur naturelle commençait doucement à reprendre le dessus, leur donnant un mixte de bleu et de brun-roux horrible à regarder. Vraiment, elle n’avait plus rien du tout pour elle. Peut-être même allait-elle commencer à perdre la tête, à force d’attirer autant de malheur autour d’elle.

- J’espère juste qu’il ne leur a pas fait de mal.

Douleur [Pv Kaïri]

Quand tout bascule.

J'avais essayé d'arrêter l'ange lorsqu'elle avait commencé à défaire son bandage, mais elle avait continué et je pu alors constater toute l'ampleur des dégâts. Un sentiment de culpabilité m'avait envahi à la vue de cette meurtrissure dont j'étais l’auteur et cette désagréable sensation d'avoir moi-même marqué au fer celle que j'aimais s'amplifia lorsque je vis l'expression sur son visage. Dégoût et rage. Je restai là un long moment à fixer ses marques, sans savoir quoi dire pour réconforter l'ange de l'eau. Je n'avais même pas le courage de lui dire que j'étais à  l'origine de cette marque, même si elle devait s'en douter puisque j'étais le seul être de son entourage à utiliser la pyrokinésie. Je ne relevai même pas lorsqu'elle rabattit son haut sur la blessure, sans même prendre la peine de la protéger. J'étais des lieues de cela...

* Comment ça a pu arriver? Comment j'ai pu laisser arriver cela, merde !? *

Remords et colère.

J'avais l'impression que c'était les deux seules émotions que j'étais capable de ressentir depuis que Noctis avait sévi. J'avais réussi à me contenir jusqu'alors mais voir Kaïri souffrir de la sorte sans pouvoir rien y faire me faisait littéralement sortir de mes gonds. Bien que de l'extérieur, je paraissais calme, j’étais au centre d'une véritable tempête émotionnelle, à l'intérieur.

Je suivis Kaïri du regard alors qu'elle se dirigeai vers les lits des jumeaux. Elle disait que cela n'était pas de ma faute, que je ne pouvais pas savoir que mon monstre de frère frapperai à cet instant précis. Que cela aurait pu se passer durant sa grosse, lorsqu'elle sortait se balader. Lorsqu'elle mentionna le fait que nos enfants allaient fêter leur première année d'ici quelque temps, je sentis mon cœur se serrer de douleur. Elle avait raison, Noctis avait tout minutieusement calculé...

* J'aurais du le voir venir, putain ! *

Au bord de la crise je me laissai tomber sur le lit. Les coudes posés sur les genoux, je laissai ma tête tomber entre mes mains, me faisant violence pour rester là où j'étais, pour ne pas laisser tomber Kaïri. Mourir torturer par des sorciers aurait sans doute été moins douloureux que la situation dans laquelle je me trouvais actuellement. J'étais tiraillé – et le mot est vraiment faible – entre les êtres que je chérissais le plus au monde, entre la femme que j'aimais et que j'aimerais toujours et mes enfants, la chair de ma chair, mon sang. J'étais perdu, j'avais mal et je ne savais nullement ce que je devais faire. Je n'avais qu'une envie à l'instant présent c'était hurler ma douleur et de laisser libre cours aux larmes que je tentais en vain de retenir. Quel piètre père je faisais ! Je n'avais pas capable de protéger ma famille et maintenant je n'étais même pas capable de la sauver...

Puis, elle prononça cette phrase...

Je fixai l'ange qui se tenait debout face à moi, le visage complètement fermé. Qu'est-ce que faisais encore là bordel ?! Qu'est-ce que je faisais dans cette chambre alors que ce psychopathe détraqué retenait mes enfants en otages ?! Pourquoi étais-je encore là quand je savais que ce qu'il attendait, c'était que je le rejoigne ?!

Je le savais pertinemment ce qui me retenait dans cette petite maison. C'était cette femme qui avait su toucher mon cœur, si profondément, si violemment, que je ne pouvais plus m'imaginer vivre sans elle. J'étais encore là parce que je le savais, je savais que ça la détruirait si je partais, qu'elle ne me le pardonnerait jamais. Et je redoutais plus que tout de la perdre. Mais je ne pouvais simplement pas laisser mes propres enfants payer pour mes pêchés et si le prix à payer pour qu'ils retrouvent leur mère était que je disparaisse de leur vie, à tous les trois, alors je le ferai sans hésiter. Mon sort m'importait peu. J'étais prêt à subir les pires supplices pour le restant de ma vie pour leur bonheur. Tant qu'ils étaient ensemble et heureux, le reste n'avait pas d'importance.
Ma décision était prise.

Je me relevai calmement et me dirigeai vers la porte de la chambre. Je l'ouvris et laissai mes pupilles dorées balayer le couloir de l'étage. Mon regard croisa celui d'Ice. Il était assis, devant la porte de la chambre de Ryu, une expression indéchiffrable gravée sur le visage. Je ne sais pas trop comment, mais il comprit. Il se contenta simplement de hocher la tête et entra dans la chambre de Kaïri tandis que j'étais parti prendre cette dernière des mes bras. Je me détestais déjà d'avance pour ce que j'allais faire...

- Tu sais que je t'aime, n'est-ce pas ? Plus que tout au monde...Commençais-je d'une voix tremblotante tout en humant le doux parfum de la belle ange, sans doute pour la dernière fois.Tu es la plus belle chose qui me soit jamais arrivée. Je te dois tellement... Tu m'as offert tellement, ton amour, une famille, des enfants... Je ne peux imaginer ma vie sans vous... Et être loin de toi est vraiment un supplice. Mais je ne peux pas... Je ne peux pas rester ici en sachant qu'il détient nos enfants. Je ne peux pas les laisser avec ce montre quand je sais qu'il suffit que je me livre... Je sais que j'avais dis que je t'attendrai, qu'on ferait ça ensemble. Mais je ne veux pas te mettre en danger non plus. Je ne veux plus jamais ressentir ce que j'ai ressenti lorsque je t'ai retrouvée à moitié morte, dans cette flaque de sang... Je vais arranger les choses, seul. Et tant pis si tu dois me détester, si tu dois m'en vouloir. Je peux simplement pas rester à rien faire... Je reviendrai avec les enfants, je te le promets

Je déposai un baiser sur le haut du crâne de la jeune femme, la serrant une dernière fois dans mes bras, savourant ce geste comme si c'était le dernier que je partageais avec elle. Au bout de quelques instant, je pris une grande inspiration et échanger un regard entendu avec Ice. Aussitôt l'ange de glace pris Kaïri dans ses bras. Je lui tournai alors le dos et m'engouffrai dans les escaliers, sans lui jeter un dernier regard, tentant de ne pas fléchir à l'entente de ses cris déchirants.

Douleur [Pv Nero]

Quand tout bascule.

Il avait ouvert la porte, sans la prévenir, comme si il comptait s’en aller. Elle fronça les sourcils, ne comprenant pas du tout sa réaction. Ice entra dans la chambre, l’air un peu perdu, cependant, elle se sentit soudainement exclue, comme si les deux savaient quelque chose qu’elle ignorait encore. Nero vint la prendre dans ses bras, et il lui fit sûrement la plus belle déclaration qu’il ne lui avait jamais faite. La seule ombre au tableau était qu’elle se doutait qu’il ne disait pas cela juste pour lui faire plaisir. Elle attendit le « mais » pendant toute la durée de ses paroles, si bien qu’elle ne s’en imprégna même pas, comme si elles n’avaient fait que glisser sur elle sans l’atteindre.

Malgré tout, elle ne put s’empêcher de le serrer contre elle après tout, il était l’homme de sa vie. Mais comme elle s’en doutait, le « mais » arriva bien trop vite à son goût. Il rompit littéralement la promesse qu’il lui avait fait plus tôt, laissant Kaïri sur les fesses. Elle s’était attendue à beaucoup de chose, mais sûrement pas à ce qu’il la laisse en plan. N’avait-il pas vu sa détresse ? N’avait-il toujours pas compris qu’elle avait besoin de lui ? Non, effectivement pas. Et cette pensée lui glaça le sang autant qu’elle lui brisa le coeur. Elle se mordit la lèvre, s’éloignant quelque peu de son fiancé. Elle n’avait qu’une seule envie, qu’il lui dise que c’était une blague, de mauvais goût certes, mais qu’il n’allait pas la laisser comme ça.

Après un bisou sur le front, comme si elle était toujours une enfant, il rompit leur étreinte. Finalement, la réalité lui explosa à la figure comme un obus sur un champs de bataille. Bien sûr, elle s’avança pour le retenir, même si aucun mot ne pouvait sortir de sa bouche. Mais Ice se jeta presque sur elle, la forçant à rester dans ses bras. Et là, elle le vit s’éloigner, et partir, sans même se retourner vers elle. C’était tout ce qu’elle représentait pour lui ? Une simple fille qu’il pouvait jeter comme ça ? Et sa promesse ? Il n’avait pas le droit, après tout ce qu’ils avaient enduré, il n’avait pas le droit de la planter là. Elle se sentit complètement inutile et même, elle avait l’impression de ne plus rien représenter pour lui. Kaïri le savait, elle savait qu’il faisait ça pour lui ramener les jumeaux, mais elle ne pouvait se résoudre à ce qu’il la quitte aussi tôt. Allaient-ils même se revoir ? Elle en doutait fort, et c’était pertinemment à cause de cette réflexion qu’elle ne voulait pas qu’il s’en aille.

Revenant enfin à la raison, elle commença à se débattre, hurlant de toutes ses forces sur Nero pour qu’il fasse demi tour. Elle risquait de s’en rendre malade, sans aucun doute, mais elle ne pouvait se résigner à le laisser partir. Jamais elle ne s’était vu dans un tel état de détresse, elle ne pleurait pas encore, non, elle était beaucoup trop blessée pour ça. Il ne lui avait même jeté un regard, ne méritait-elle pas un simple regard ?  Elle en vint même à frapper Ice, sur le torse, sur le visage, pour qu’il la laisse partir, mais rien n’y fit. Non, il n’avait décidément pas le droit de la laisser comme ça. Toujours dans les bras de son meilleur ami, elle s’effondra par terre, laissant couler les larmes qu’elle avait tant retenu. Elle réussit enfin à se soustraire de l’étreinte d’Ice et elle se releva rapidement en courant. Elle n’avait absolument aucune force, et elle fonçait entre les murs, mais elle s’en fichait, elle devait le rattraper, quitte à avoir des bleus sur tout le corps. Elle était tellement pressée de s’échapper de sa propre maison qu’elle en oublia les escaliers. Une marche loupée, un gros bruit sourd, et enfin le vide.