Et maintenant, quoi? [PV Lilly]

Lilly c’est l’incarnation de la pureté, de l’innocence, elle avait pourtant réussi à se prendre le bec avec un hybride de neko et d’elle ne savait plus quoi, pour une histoire de pitance, de chasse. Elle détestait vraiment qu’on s’en prenne aux animaux. Alors quand la petite fée trouva un loup dans un piège, elle s’en moqua, qu’il soit prédateur. Il était faible, et se serait vidé de son sang, si elle ne l’avait pas libéré.

Et contrairement à ce que l’on pouvait penser, l’animal solitaire, qui vivait pourtant en meute, s’avère un animal certes redoutable quand il s’agit de se battre, mais il savait aussi être très reconnaissant. Alors quand la faible bête s’avançant en boitillant, ce fut tout naturel pour elle de penser sa blessure, avant qu’elle ne s’aggrave, et sortit quelques produits de sa pharmacopée ambulante pour le soigner.

Elle sentait la tension de l’animal se calmer, et approcha sa main vers lui, afin qu’il sente son odeur, lui parlant pour le rassurer. Heureusement qu’elle possédait ce don de pouvoir communiquer avec eux, sinon, le loup affaiblit aurait très bien pu mal interpréter son geste et juste cherché à se défendre en la mordant.

Au lieu de cela, il renifla son odeur, et vint lécher son minois, presque comme un bon gros toutou. Elle se mit à rire, et le câlina, et le gratouilla entre les deux oreilles, comme jamais personne n’aurait su le faire.

C’est les ailes frétillantes, battant frénétiquement de bonne humeur après avoir accomplit sa « mission », son arc posé à côté d’elle, qu’elle était restée agenouillée, face à son nouveau compagnon de fortune. Pourtant, ses ailes cessèrent toute activité, tandis qu’elle dressa son oreille pour guetter les bruits de la forêt alentour. Elle en connaissait chaque son, et su donc qu’elle était en présence de quelqu’un qui la guettait. Elle posa la main sur son arc et fit volte face en direction de l’elfe, même si elle ne pouvait le voir à cause de sa cachette. En tout cas, elle savait qu’il était là.

Elle se tint en garde, devant le loup, aux aguets et prête à le défendre, pensant qu’on pourrait en vouloir à sa vie, et fronça les sourcils tandis qu’elle encochait une flèche qu’elle venait de retirer de son carquois. Elle ne quitta pas des yeux l’endroit d’où provenait la présence et attendit patiemment, en soufflant tout bas :

-Montre-toi…

Elle attendit patiemment, sans quitter sa « cible » du regard. Du moins l’endroit d’où elle provenait, la bras toujours tendu, la main bien placée pour ne pas se faire du mal avec la corde de l’arc. Elle ne trembla pas d’une once, petite courageuse, bien que son cœur fasse de gros bons dans sa cage thoracique en l’instant. Elle retenait son souffle, à l’instar des guerriers qui devaient combattre, et restaient tapis, leur ennemi en ligne de mire, afin de leur donner le baiser de la mort. Elle était toute concentrée, tant et si bien qu’il lui fallu un temps pour bien apercevoir les traits du visage de l’inconnu, qui se révélaient enfin à la faveur de l’astre lunaire.

Un peu surprise par l’air féroce de l’homme, ses ailes remuèrent, trahissant son agitation, car à cause de son jeune âge elle n’avait pas encore l’habitude de maîtriser ses émotions, au point qu’elles ne transparaissent pas. Aurait-elle réussit à le faire autrement, même si elle avait été plus âgée, sans doute pas, car elle était trop spontanée et c’était ce qui lui jouerait des tours. Elle l’observa cependant avec naïveté, oubliant la haine qui se cachait dans les iris de l’homme qui se tenait non loin de là, tout simplement parce que son cœur innocent ne connaissait pas ce sentiment. Oh, elle pouvait être en colère, ou bien triste parfois. Mais la haine lui était inconnue…

Elle lui offrit naturellement un sourire, comme pour briser la glace, mais restait comme sur ses gardes. Elle comprit qu’elle avait affaire à un elfe, car même si elle n’avait pas d’ami, elle avait déjà eu l’occasion de croiser ses semblables. Pourtant, elle trouva que c’était le plus beau des elfes mâles qu’elle ait jamais vu à ce jour. Des rougeurs lui montèrent aux joues, alors qu’elle essayait de penser à autre chose et même si elle ne ressentit pas le danger, les grognements du loup la rappelèrent à l’ordre.

Elle demanda alors timidement, mais d’une voix fluette et plus haute qu’à l’accoutumée :

-Je peux savoir qui tu es ? Et pourquoi tu étais caché ? S’il te plaît … Je ne veux pas te faire de mal, je veux juste protéger mon ami loup…

Elle aurait voulu faire un pas vers lui, et le franchir en voletant, mais la présence de compagnon à poils qui se mettait maintenant à aboyer ne l’aidait pas. Elle riva son regard à celui de l’intrus, même s’il était encore loin mais s’adressa au loup, d’une voix pleine de douceur :

-Calme-toi…Tant que je suis là, tu ne risques rien….

Le temps se figea donc sans qu’elle le sache, et quelle ne fut pas sa surprise quand elle vit l’homme déjà à ses côtés, et son arc partir dans la fôret. Ce n’était pas de la peur qu’elle avait éprouvé, mais de la stupéfaction. Elle était bien trop étonnée pour avoir peur, mais même si cela avait été le cas, elle n’aurait jamais détalé comme un lapin. Elle aurait bien-sûr aimé récupérer son arc mais elle avait un ordre de priorité à gérer. La vie du loup et la sienne pouvaient être menacées d’une minute à l’autre. D’un autre côté, elle se dit que si l’inconnu avait voulu la tuer, il l’aurait fait, en profitant de cette diversion. Elle entrouvrit la bouche, et le regarda du coin de l’œil, avant de faire volte face pour croiser son regard. Elle était un peu blessée de l’entendre se rire d’elle de la sorte, et ne comprenait pas encore bien pourquoi.

Cependant elle conserva courage et profita des quelques secondes d’hilarité de l’elfe pour observer la plaie du loup. Il saignait encore, et le bandage était gorgé de sang. Elle n’aurait bientôt plus d’autre choix que d’utiliser son énergie réparatrice pour soigner messire loup mais elle risquait de perdre un peu de la sienne, et même s’il prétendait désormais ne pas lui vouloir de mal, qui garantissait que c’était vrai. Elle avait rencontrée peu de personnes dans sa vie, mais elle était loin d’être aussi niaise qu’il y paraissait. Oui, elle était naïve et innocente et essayait de voir le bien en toute chose, mais habituée à chasser, elle savait aussi flairer le danger. Et son instinct lui dictait de se méfier.

Elle parla alors au loup, qui lui, continuait de s’agiter, et voleta un peu plus loin en transportant la bête. Elle fit donc son sort de guérison, une petite lueur verte se dégageant de la jeune femme pendant le procédé, et alla ensuite s’installer au pied du tronc d’arbre, à l’abri des regards, dans un buisson, et conserva les yeux ouverts malgré son corps qui luttait pour se régénérer, et demanda tout bas au loup de fuir et d’épargner ainsi sa propre vie. Elle se leva avec difficulté et revint en marchant vers l’elfe, n’arrivant plus à voler pour le moment, bien que ses ailes battent frénétiquement derrière son dos.

Elle observe les traits doux du jeune homme, on aurait presque dit un ange. Pendant quelques instants elle sonda son regard du sien, comme hypnotisée par la profondeur qui semblait s’en dégager.

-Alors vous êtes un elfe…Pourquoi avoir fait cela à mon arc ?

Elle avait mis ses mains en avant, suivant une pulsion, comme pour essayer d’aller caresser les cheveux de l’homme qui était devant lui et les avait vite retirées, quelque chose dans les prunelles de l’homme la faisant hésiter. Cependant, cela avait pour conséquence de l'attirer un peu plus. Et comme elle n'avait pas le sens des frontières humaines, elle approcha toujours plus près de lui jusqu'à frôler ses lèvres des siennes. Puis sans qu'elle comprenne pourquoi, leurs lippes se touchèrent et elle l'embrassa lentement, comme si c'était sa manière à elle de faire connaissance.

Elle trouvait ses lèvres tout à fait douces, et délicieuses. Elle n'avait jamais ressenti cela avant. Elle n'avait aussi jamais fait cela, et elle ne savait pas tellement comment ça lui était venu. Elle n'avait pas l'impression de faire quoi que ce soit de mal, alors elle ne comprit pas son geste de recul. Cela n'avait pas été aussi agréable que pour elle. A en juger son expression faciale, non. Alors sans qu'elle comprenne pourquoi elle ressentit une petite douleur, car elle prit cette prise de recul de l'homme comme un rejet en bloc, et se demandait ce qui se passait avec elle. Ce sentiment d'affront et de honte qu'elle eut en le voyant se ressuyer la bouche lui amena les larmes aux yeux. Cela non plus, elle ne l'avait jamais ressenti, ce n'était pas de la peine, ou de la douleur, pas comme d'habitude du moins, c'était comme si son cœur venait d'être piétiné par un troupeau d'ogres. Alors elle ne répondit pas qu'elle aussi l'ignorait, trop occupée à ressuyer courageusement ses larmes montantes qu'elle tentait de refreiner.

Et maintenant, il voulait qu'elle parte, qu'elle le fuit, sous prétexte qu'elle l'avait mis en colère. Elle secoua la tête, sa voix tremblotante à cause des sanglots qu'elle retenait encore:

-Je n'ai rien fais de mal...

Mais quand elle le vit se tenir la tête, tout ses sentiments disparurent, pour laisser place à l'inquiétude. Il venait de lui parler durement, mais elle n'était pas du genre à laisser tomber quelqu'un qui était mal physiquement. Est-ce qu'elle pouvait au moins tenter de le guérir? Elle s'approcha de lui, pour lui venir en aide malgré la peur qui lui glaçait les sangs en voyant la lueur verte dans son regard. Qu'est ce qui se passait? Elle recula pourtant bien malgré elle fut assailli par la douleur, ne comprenant toujours pas ce qu'il lui arrivait. Elle crut qu'on venait de lui enfoncer un poignard dans le cœur, ou quelque chose d'autre, mais de manière féroce. Elle crut qu'elle allait mourir, alors qu'elle fut assommée par le mal que lui faisait cette force dont elle ignorait tout. A plat ventre sur le sol, elle gisait à côté de Somni, et ne sentit pas la douleur partir tandis que lui avait rejoint le tapis vert de la forêt quelques secondes avant elle.  Elle essaya de ramper vers un endroit caché le plus proche, mais c'était peine perdue. Elle posa tout de même une main sur le bras de l'elfe et pensant qu'il était souffrant, elle tenta de le guérir avec son pouvoir, mais s'épuisa tellement vite à cause de la douleur, qu'elle sombra dans un abîme profond.

Son corps se "répara" petit à petit, et quand elle se réveilla, elle avait mal au crâne. C'était comme si le troupeau d'ogres avait finalement aussi investit son crâne. Elle lissa ses ailes, et il lui fallu encore un long moment avant de remettre tout ce qui s'était produit jusqu'alors. C'est à ce moment qu'elle sauta sur ses pieds et chercha du regard l'elfe. Elle dévia faire la masse au sol, et l'étudia. Il était mort? Non. On aurait dit quelqu'un qui dormait. Elle se mordilla la lèvre, peut être que c'était dangereux, mais si quelqu'un passait par là, sans défenses comme il l'était, il se ferait attaquer, alors, elle prit la décision de le transporter jusqu'à sa cabane dans les arbres. Elle eut du mal car il était lourd et fort en muscles, mais la peur de le voir mourir lui avait fournit l'adrénaline nécessaire pour le hisser. Elle l'allongea sur son lit, trop petit pour lui, naturellement, et posa un petit linge humide sur son visage, comme lorsqu'on s'occupait d'enfants malades, car il était fiévreux. Elle prépara des décoctions de toute sorte tandis qu'il restait endormi, pour parer à toute éventualité une fois qu'il se réveillerait. De toute façon, comme il était un elfe, il saurait sans doute choisir celle adaptée à son mal, se disait-elle naïvement.

Maintenant qu'il était en sécurité, elle alla chercher des baies dans la forêt, quelques champignons, fruits des bois et fruit secs, qu'elle déposa en abondance dans un panier, à son retour, au chevet du "malade". Enfin, elle alla à la recherche de son arc, le laissant tranquille, après avoir essayé de le soigner et avoir fait un petit somme pour se retaper. Là, elle errait seule dans la forêt, tandis que lui était encore plongé dans le sommeil.

Elle le fixe, le trouvant toujours plus beau, à mesure qu’elle le regarde. Elle sautille un peu sur place, de contentement, quand il se met enfin à manger. C’était la meilleure des façons de se rétablir, et elle avait fait une cueillette. Elle préférait autant les partager avec lui. Elle ne s’installe pas avec lui pour autant, bien trop obnubilée par les traits fins et délicats de son visage, comme dans la forêt. Elle n’a même pas conscience que le regarder ainsi à la dérobée est super malpoli, et aurait pu le gêner.  

Elle lui fait ensuite un petit sourire presque timide et se dandine de gauche à droite en l’entendant :

-C’est normal… Je n’aurais jamais pu abandonner  une personne qui est en danger. Mes parents guérissaient les gens, ils m’ont appris à les soigner avec des potions et décoctions à base de fleurs, de baies et d’herbes.

Par contre, elle fait des yeux ronds comme une soucoupe, et penche la tête légèrement sur le côté. Son regard se perd un peu dans le vague, alors que ses doigts tapotent sur son menton. C’est comme ci elle essayait d’appréhender un concept qui lui était encore inconnu. Après ce maigre silence, elle s’approche doucement de lui et pose délicatement une main sur la sienne :

-Je ne comprends pas… Il faut prendre soin des gens. Chaque vie compte et a de la valeur… Vous vivez seul comme moi pour que personne ne se soit jamais occupé de vous ? Ou bien avez-vous été méchant ?

Elle se rappelait la façon dont il lui avait parlé dans la forêt et pendant quelques secondes, la tristesse était palpable sur son visage. Puis, comme si elle avait été prise d’une idée de génie, elle se met à voleter quelques secondes, comme excitée parce cette fameuse idée :

-Si tu veux, je pourrais prendre soin de toi aussi souvent que tu le souhaites chaque fois que tu passeras par ici ? Tu devrais rester dormir ici pour cette nuit, et consolider des forces. Cela te ferait probablement du bien de te reposer un peu. Après tu pourras reprendre ton chemin comme tu veux…

Elle se tourne sur elle-même au ralentit et se frotte la joue, la proposition était spontanée et pleine de naïveté, même si elle ne s’en rendait pas compte. Elle semble considérer quelque chose :

-C’est vrai que c’est petit ici pour deux, mais je pourrais toujours te construire une petite cabane pas loin de la mienne, et comme ça tu pourras rester autant que tu veux, même pour toujours. Ou me rendre visite quand tu passeras par là, avec une maison adaptée à ta taille… En attendant, je n’ai qu’un lit. Je dormirais sur le plancher pour une fois, avec un peu de chance, je devrais avoir assez de mousse d’arbre pour la nuit.

Elle était persuadée qu'il allait rester.