A demon's true shadow [PV Red][contenu explicite]

Les journées en enfers se suivaient mais ne se ressemblaient pas, heureusement. Nous avions trouvé, moi et le beau démon, une façon de gouverner complémentaire lorsqu’il était revenu, et cela me satisfaisait au plus haut point. Je pouvais me concentrer sur mes propres projets tandis que lui faisait comme bon lui semble, c’était un allié de plus, et comme nous le savions, nos pouvoirs à tous les deux étaient décuplés lorsque nous étions ensemble. Bref, la situation était des plus avantageuses, presque comme un contrat de mariage en union libre. La seule différence, c’est que j’avais à loisir de me moquer de ce qu’il faisait, même s'il y avait tout de même un accord tacite d’entraide. Je prenais la relève en compagnie de son bras droit lorsqu’il s’absentait, et même si je n’appréciais pas particulièrement l’ange aux cheveux blancs, elle arrivait à ne pas trop me tomber sur les nerfs. Pas trop.

Il était faux cependant de dire que Red était le seul à s’absenter des enfers. Il m’arrivait moi aussi d’aller faire mon tour un peu partout, tant dans la rue de l’ombre qu’au dessus de la forêt, où j’allais veiller sur mes troupes en missions. L’invasion des villages elfiques se passaient relativement bien, même si on sentait de plus en plus une certaine tension et rébellion de la part de ceux-ci. Un affrontement était près, ça se sentait à des kilomètres à la ronde. Je l’attendais avec délectation. C’est juste que je devais bien planifier mes choses, si je voulais réaliser mon ambition. Un kidnapping d’enfant était amusant, une vraie farce, mais lorsque c’était un enfant d’elfe dans un village en pleine révolution, ça pouvait devenir un peu plus compliqué. Juste un peu.

Et puis chaque fois que je pensais à ce projet, que je l’avançais et que je plaçais mes pions, une pensée me revenait encore et toujours, la même depuis longtemps. Elle avait de longs cheveux blonds, une peau immaculée et des grands yeux verts qui vous font perdre tous vos moyens. Cette petite garce me hantait même si elle était bien loin, et je la détestais pour ça. Comment est-ce que je faisais pour rester accrochée sur la même pensée aussi longtemps? Je détestais avoir une faiblesse, ça me demandais beaucoup trop d’énergie. Alors un soir, je me décidai à aller lui rendre visite. Juste pour l’enlever de ma tête. C’est tout.

Lorsque j’étais arrivée, j’avais mis peu de temps à l’attirer dans son propre lit et je l’avais posséder d’une façon langoureuse et avide, et cette proximité m’avait fait énormément de bien. Alors je l’avais tenue dans mes bras pour le reste de la nuit, puis au très petit matin, j’avais tenté de m’éclipser avant qu’elle ne se réveille. Je ne voulais pas avoir de compte à lui rendre, ou encore pire, devoir fournir des explications sur mes longues absences. Mais, malheureusement, la petite peste était déjà réveillée lorsque je vins pour partir. Et ce qu’elle me dit ouvrit mon coeur en deux. Le penser ainsi me donnait mal au coeur; comment une personne aussi minable pouvait avoir autant d’effet sur moi? Mais c’en était ainsi; elle m’avait demandé de ne pas revenir, et de les oublier, elle et nos soeurs, et de rester sur mon trône. J’avais voulu riposter, contester, lui dire qu’elle n’avait aucun droit de me donner des ordres. Mais j’en avais été incapable.

-Comme tu veux. lui avais-je répondu, avant de m’élancer dans le soleil levant, sans regarder en arrière.

Tandis que je volais au dessus du ciel, les larmes coulèrent sur mes joues. Stupides émotions. Ça me mettais dans une colère telle, que d’être dans cette situation! Je savais que je ne pouvais rentrer aux enfers dans cette condition, aussi je me dirigeais vers les montagnes afin de me trouver un petit trou et attendre que la tempête de ma tête passe. Lorsque j’allais ressortir de cet endroit, je devais être d’une force inébranlable et ne plus me laisser affecter par mes émotions. J’avais un royaume à gouverner, et ce n’était pas le coeur dans l’eau que j’allais être capable de m’acquitter de mes tâches. La journée passa avant que je ne me sentis prête à rentrer, et ainsi, je fis le chemin du retour au crépuscule. C’était mon moment préféré de la journée.

Je passai à ma chambre me doucher et me changer rapidement, puis enfilai une longue robe rouge serrée à ma taille mais ample au niveau des jambes qui claquait lorsque je marchai rapidement. Je pris également l’un de mes plus beau diadème et coiffai mes cheveux de façon à faire le plus d’effets possible. J’avais besoin de me sentir reine en ce moment plus que n’importe quand. Alors je me dirigeai vers la salle du trône et fit ouvrir les deux lourdes portes à mon arrivée. Puis j’entrai d’un pas presque théâtral, bien que plutôt rapide, et me dirigeai directement dans mon siège aux côtés de celui de Red, sans accorder un seul regard à personne.

J’avais une hargne, une rage de vivre et une telle vigueur que je me dis que c’était le moment propice à mettre mon plan à exécution. Je voulais causer le plus de tord possible dans la vie des Manuelle. Je voulais faire sentir à ces garces, et à tous ceux qui gravitaient de près ou de loin dans leurs vies toute la douleur et toute la souffrance du monde. Et je voulais commencer cette tournée avec la vie heureuse et rangée de mon abrutis d’assassin et cette sale petite pute qui lui servait de fiancée. Je voulais les faire souffrir à un point tel qu’il en perde la tête, et le meilleur moyen de faire cela, c’était d’enfin accomplir ce que je rêvais d’accomplir depuis le moment où j’avais sut que la petite salope attendait une progéniture. Je voulais briser leur famille. Et je ne voulais tellement pas que mon plan tombe à l’eau que je me tournai vers le beau démon, un grand sourire attrayant et complice sur les lèvres.

-Dis, mon chou? Ça te dit de sortir en petite virée romantique capturer une petite merde dans l’un des village elfique? Pour le plaisir, bien sûr. lui demandais-je, d’une voix mielleuse à faire fondre les murs.

Encore une nuit blanche.

La quatrième, depuis ce début de semaine. L'énième, depuis qu'il sait sa chère et tendre enceinte de son enfant. Une aussi incroyable que merveilleuse nouvelle qui, cependant, cause bien du tord à notre Roi Démon. Il est encore loin de se douter que ces angoisses ne feront qu'accroître une fois le bébé physiquement avec eux mais pour l'heure, les problèmes qui ne cessent de les assaillir en font déjà bien assez.
C'est pourquoi le beau démon préfère ruminer et faire les cent pas dans son propre royaume, plutôt que de tourner comme un lion en cage dans leur petite chaumière. Il ne tenait pas à rendre chèvre Alissa et lui laissait tout le loisir de se reposer tandis qu'il n'avait de cesse de cogiter de son côté pour trouver une solution définitive à leur situation.
Etre les deux plus puissants êtres de Moonlight City ne suffisait pas pour garantir la sûreté de leur enfant à venir, il n'était pas dupe. S'il voulait s'assurer que son hériter grandisse autrement que comme il l'avait fait, Red n'avait d'autres choix que d'agir avant sa venue. Nettoyer la ville et ses environs de toute menace. La tenir d'une poigne de fer et de flammes, tout simplement.

C'est pourquoi il ne relevait pas la tête lorsque sa comparse flamboyante entrait gaiement dans la grande salle, pimpante dans sa robe de sang. Lylianne s'avance avec grâce jusqu'au trône où elle prend place, fixant déjà toute son attention écrasante sur le démon qui n'a pas relevé la tête, son regard toujours fixé face à lui, sur le sol poussiéreux qui s'étend à leur pieds.
La succube pétille tout simplement sur place. Ses grands yeux le fixent avec insistance et elle brise naturellement le silence dans une demande tranchante, mais efficace. A ses mots pourtant, Red ne semble pas intrigué et il se contente de tourner très lentement son regard et son visage de son côté pour la scruter, comme las.

- Comment tant de vulgarités peuvent sortir de cette si jolie bouche, hm ? lui demande-t-il en passant son pouce sous son menton, comme elle est proche.

Il finit par lui accorder néanmoins une légère esquisse, comme à un enfant qu'on féliciterait pour son dessin, et détourne à nouveau la tête pour balayer la salle des yeux sans réellement y prêter attention. Il soupire.

- De plus, les elfes savent déjà que mon ombre plane au-dessus de leurs misérables têtes. S'ils n'abdiquent pas de peur sous peu, je raserai simplement jusqu'au dernier de leur village, et c'est déjà une grande attention que je leur porte, crois-moi.

Tout n'était qu'une question de temps, et de patience, avant que Red ne fasse payer son affront à cette race. A cet elfe méprisant qui avait le culot de se dresser contre lui, et de blesser Haku. A cette misérable petite idiote blonde qui prépare sans doute encore dans l'ombre une ruse pour l'éloigner d'Alissa.
Oui. Tout n'était qu'une question de temps avant qu'ils ne brûlent tous sous les flammes de l'Enfer.

- Et puis, honnêtement Lylianne, n'avons-nous pas assez d'esclaves elfiques sur lesquels tu peux défouler ta folie ? Que ferais-je d'une énième bouche à faire taire..., soupire-t-il une nouvelle fois, décidément peu convaincu.

Le beau démon ne semblait pas être aussi pimpant que moi. Même qu'en y regardant de plus près, il semblait lasse, préoccupé. Son tond était détaché, ennuyé. Lorsque ses doigts passèrent sous mon menton et qu'il me répondit simplement qu'il maitrisait la situation elfique, je pris une moue quelque peu déçue. Je ne voulais pas laissé parraitre à quel point cette mission pouvait être des plus importante pour moi. Bien sûr, ce ne serait pas règlé si tout était rasé, puisque ce n'était pas tuer qui m'amuserait; c'était infliger de la douleur. Mais je savais ce qui allait le faire changer d'idée lorsqu'il me dit que nous avions assez d'esclaves elfiques comme ça et que nous n'avions pas besoin d'une autre bouche "à faire taire". Ah oui, nous avions plusieurs bouches, oui. Mais pas des bouches d'enfant, et quoi de mieux qu'une petite partie de chasse pour se changer les idée? Alors après ma moue, je repris rapidement mon sourire mielleux et lui dit d'un tond chantant:

-Oui, mais pas des enfants...

C'était un fait, il manquait de petits salopards dans les cachots. Des doigts crasseux qui salissaient mes machines ne me faisait pas nécessairement plaisir à imaginer, et je détestais le sond des cris de mécontentement qu'ils dégageaient. Mais leurs cris de souffrance étaient plus aigus que les autres, c'était chouette, ça.
Je ne tenais plus sur mon siège, j'avais des fourmies dans les jambes. J'étais bien décidée à y aller ce soir, me laisser consummer par cette rage qui bouillait en moi et la laisser se déchainer afin de profiter de la puissance qu'elle me conférait. Je voulais toucher du feu, je voulais brûler, et en plus, si ce village elfique y passait, eh bien, ça en faisait un de moins à cramer, non? À peine arrivée, donc, me voilà déjà prête à repartir, le vent dans les cheveux. J'étais bien décidée à transmettre mon énergie au roi qui semblait en manquer terriblement. C'était plus agréable d'avoir un accolyte en pleine forme qu'un à moitié concentrer sur sa tâche qui laissait passer des erreurs d'innatentions. Pas qu'il en avait l'habitude, mais il ne fallait pas que ça commence.

-En plus, ça pourrait te changer les idées et te dégourdir les jambes. En plus de passer du temps en ma compagnie... dis-je, en lui adressant un clin d'oeil espiègle.

Pas qu'en tant que tel, passer du temps en la compagnie du démon ne me changeait grand chose, simplement que cette fois, je voulais vraiment avoir accès aux flammes des enfers. Et à n'importe lequel de ses pouvoirs qui pourrait m'être utile, en fait. Alors je me levai, secouais un peu mes ailes et lui tandis la main, tout en poursuivant:

-Allez, viens... ça va nous faire du bien à tous les deux!

Alors que Red s'attendait à entendre les jérémiades plaintives de sa comparse, d'un habituel assez insistant, le démon fût autrement surprit lorsque cette dernière lui confiait que leur geôles manquaient cruellement d'enfants... A cette phrase, le Roi Démon fronçait automatiquement les sourcils et tournait un visage à la fois surprit et déstabilisé par ses propos.
Il la fixe un instant ainsi, le visage légèrement de côté, et le regard sombre. Cependant, il ne peut nier la légère étincelle vivace qui s'anime doucement dans son regard de braise, et Red feint de ne pas prendre sa remarque au sérieux, détournant de nouveau le visage pour scruter la salle.

- Tu n'es pas sérieuse..., souffle-t-il dans une légère esquisse. Un enfant ? Ici ? il secoue doucement la tête dans un léger rire, Il ne tiendrait pas deux heure. Et je refuse d'avoir à supporter les jérémiades d'une autre progéniture que la mienne.

Aussitôt, il perd son sourire, et son coeur a un râté.
A-t-il réellement prononcé ces mots ? Il ne se risque pas même un regard vers Lylianne, se persuadant qu'elle n'a pas fait le lien et, d'ailleurs, qui le pourrait ? Ses pensées s'entremêlent soudainement à l'idée que la succube ne découvre la grossesse de sa fiancée, et Red se voit passer par une centaine de scénarios tous plus atroces les uns que les autres. Et dans chacun d'eux, on s'en prend à Ali pour atteindre son enfant, et ainsi Red.
Afin de ne pas se laisser submerger, le Roi Démon ferme un instant les yeux tandis que la voix de Lylianne le ramène peu à peu dans une zone de confort, l'encourageant à la suivre pour se divertir un peu et bouger, en plus de passer un moment en sa compagnie. A cette remarque, Red esquisse de nouveau un léger rictus, soulagé que Lylianne ne soit pas de ce genre à creuser plus profondément dans ses moments de troubles.

- Je dois bien avouer qu'il y a longtemps maintenant que nous n'avons pas traumatisés quelques fragiles personnes ensemble..., lui répond-t-il toujours sans la regarder.

Rien n'y fait. Red est tout simplement obsédé par le fait qu'on puisse s'en prendre à sa famille, et cette simple pensée suffit à allumer un brasier en lui.

Kidnapper un enfant elfe... c'était bien plus que leur déclarer la guerre verbalement. C'était passer à l'acte tout simplement, aussi vil soit-il et, finalement, cette idée lui paraissait soudainement beaucoup plus réfléchie... Si Red frappait en premier, plus personne n'oserait ne serait-ce que penser s'en prendre à lui ou Alissa.
Le temps de sa réflexion, Lylianne s'est déjà relevée, comme sentant qu'elle touchait presque au but, et cette dernière lui tend une main avisée tandis qu'elle déploie ses ailes, ce qui ne fait qu'accroître le malicieux sourire du Diable qui, sans la quitter des yeux, accepte sa requête en saisissant sa main.
Une fois debout, il déploie à son tour ses majestueuses ailes de feu et ouvre un bras pour lui indiquer le chemin en bon gentleman.

- Après toi, ma douce assassine. Et ne crois pas que je ferais le travail à ta place, je te suis simplement pour t'éviter une solitude qui, visiblement, te pèse. conclut-il dans une légère esquisse, puisqu'il la taquinait à sa façon.

Je ne connaissais pas les malheurs de la vie privée de mon accolyte. Et franchement, je ne voulais absolument rien en savoir. J'avais assez de mes propres histoires pour ne pas me mêler de la vie de coeur du beau démon. Ainsi, je n'avais absolument aucune idée si il était sérieux avec ses idées de "propre progéniture", et je m'en moquais amplement. Cependant, je voulais bien des enfants dans mes cachots, mais je n'en voulais absolument pas à courir ici où à beurrer mes papiers ou vêtements avec leur doigts dégoulinants de bave et de...

*Ah mais arrête, c'est dégueulasse*

Non, mais je voulais la petite elfe dans une cellule, jusqu'à temps d'avoir une autre idée pour son destin. Alors, quand un certain rictus apparut sur le visage du beau démon, je sus que j'avais gagné ma cause, ce qui mêla l'euforie à mon état actuel. Il pris la main que je lui tandis et ouvris de magnifiques ailes de feu dans son dos, nouveau pouvoir qu'il avait dû gagné pendant ce long moment où je ne l'avais pas vu. Mais enfin, ne laissant pas paraître mon étonnement sur mon rictus satisfait, je l'attirai dans le portail qui venait d'apparaître à notre côté pour sortir des enfers, tandis qu'il me disait qu'il n'avait pas l'intention de faire le travail à ma place, qu'il me suivait simplement pour m'éviter la solitude, et une chance que c'était à ce moment que nous traversions le portail puisqu'ainsi, il ne pouvait pas voir la grimace que ses mots avaient sucité sur mon visage. Encore une faiblesse? Non, il ne fallait pas...

Le passage nous déposa à l'orée de la forêt, à une bonne distance du village elfique que je convoitais. Tenant toujours la main du roi démon, je pénétrai entre les arbres et me mis à marcher tandis que je lui expliquais ce que je savais sur ce village.

-Alors, le village où je t'emmène est l'un des plus importants pour la communauté elfique. Il est situé entre les sources d'eau chaude et le chute d'eau magique, Nos troupes l'ont encerclé, mais ont pas encore réussi à le pénétrer. La petite que je veux, ses parents habitent un peu à l'écart, dans une petite chaumière des plus modestes. Une fois dans le village, trouver la maison devrait être un jeu d'enfant.

Nous en avions encore un peu à marcher et je ne voulais pas voler de peur d'alerter qui que ce soit. Je n'avais pas encore réellement réfléchi à mon moyen d'entrer dans le village, mais j'avais une petite idée. Il était déjà bien tard le soir mais je savais bien que les elfes ne dormaient pas vraiment, un peu comme nous en fait. Je savais qu'il faudrait agir vite, mais je n'étais pas encore décidée à savoir si je voulais attirer l'attention ou pas. Peut-être que le roi démon allait avoir une opinion à ce sujet?

-Alors chaton, tu veux la jouer incognito ou alors t'as le goût de crammer de l'elfe ce soir?

Lylianne ne se fit pas prier pour invoquer un portail de flammes une fois Red debout. Elle l'invitait à la suivre, et le Roi Démon lui emboîtait le pas en roulant les yeux au ciel dans un soupir amusé, déjà convaincu que cette idée partirait bien plus loin que ce qu'avait la succube en tête. Après tout, pourquoi changer les bonnes habitudes ?

Alors voilà les deux démons au beau milieu de la forêt. La matinée est jeune encore mais, déjà, le chant de quelques oiseaux virevolte ci et là tout autour d'eux tandis que les premiers rayons pâles du soleil réchauffent doucement les feuillages au-dessus de leurs têtes. Cependant, Lylianne ne semble pas le moins du monde emprunte à admirer la fraîche jeunesse de cette journée puisqu'elle attrape vivement la main de Red pour l'entraîner avec lui à travers l'armée d'arbres épais qui constituent cette majestueuse forêt.

- Quand tu parlais de se dégourdir les jambes, j'imaginais néanmoins quelque chose de plus.. attrayant. lui fait-il remarquer alors qu'elle continue de le tirer par la main.

Et comme pour répondre de façon détournée au Roi Démon, la succube lui explique que le village où elle l'emmène n'est pas moins que le plus influent pour le peuple elfique et, déjà, la conversation semble plus intéressante.

- Je vois que tu as déjà tout prévu, comme d'habitude. la félicite-t-il.

Mais les propos qui suivent font tiquer le beau démon. Lylianne parle d'un couple d'elfes, et de leur bébé, objet de toute son attention visiblement. Elle lui confie que leur maison se trouve légèrement en retrait du village et qu'une fois à l'intérieur, il leur sera aisé de la repérer. Au fur et à mesure de son explication, Red ralentit pour finalement relâcher sa main et s'arrêter.

- Lylianne.

Son ton semble légèrement emprunt de reproches, comme un parent qui attendrait la vérité de son enfant après avoir découvert une bêtise, et il la scrute avec insistance en croisant les bras sur son torse, le visage relevé.

- Il me semblait pourtant avoir été clair : On ne mélange pas les affaires et les rancunes personnelles. commence-t-il comme un sermon.

Et c'est bien là l'hôpital qui se fout de la charité.

- Cet enfant que tu tiens absolument à voir dans nos cachots est loin d'être quelconque, n'est-ce pas ?

Et pendant un instant, Red est presque certain de déceler un voile trouble dans le regard de sa comparse. Il a touché un point juste, évidemment. Comment ne l'avait-il pas vu venir ? C'était Lylianne enfin. Quoi de plus prévisible ?
Cependant, le Roi Démon se contentait de soupirer par le nez tout en roulant une nouvelle fois les yeux au ciel, avant de s'adosser au tronc d'arbre derrière lui, les bras toujours croisés sur son torse.

- ... Bon. Expliques-moi ce que tu as en tête, même si je le redoute. abdique-t-il.

Et aussitôt, la jolie succube venait lui demander, non sans malice, quelle sorte de mode opératoire le tentait le plus. Quelle question... Red tapait toujours dans le grand art, qu'importe la situation. Et elle venait tout simplement de dévoiler leur plan dans sa propre question.

- Et bien ma chère..., commence-t-il dans une attitude espiègle, Je pense que c'est une journée parfaite pour un coup d'état, alors pourquoi ne pas voir les choses en grand ?

Et aussitôt sa phrase prononcée, un voile de flammes venait le recouvrir une fraction de seconde pour troquer ses habits habituels contre un long manteau orné d'une épaisse capuche sombre. Il esquisse un fin rictus.

- Admettons que je m'approche assez du village pour me téléporter en son centre. De là, je fais ma superbe introduction, les laisse m'admirer un instant avant de prendre le temps de réduire en cendre chacun d'eux personnellement.

Il hausse les épaules comme si c'était une évidence.

- Ca te laisse parfaitement le temps de contourner les défenses de leur flanc, t'introduire comme une ombre et frapper en maître.

Le rictus de Red s'intensifie tandis qu'il l'encourage d'un regard perçant.

- Alors, partante ?

Au départ, j'eu l'impression que le Roi démon me réprimandait. En effet, il m'avait souvent dit de ne pas mêler les rancunes personnelles aux affaires, mais je n'y pouvais rein. J'avais le pouvoir, et je voulais arriver à mes fins. C'était ma dernière faiblesse, ce qui me gardait encore accrochée, et quand ma vengeance serait obtenue, il ne me resterait plus aucun moyen de m'atteindre. Alors le trône ne serait plus accessible pour personne, et Red ne s'en retrouverait que choyé. Alors je secouai la tête et me détourna tandis que celui-ci s'accotais à un arbre et semblait réfléchir. Je ne savais pas ce qui était sur le point de sortir de sa tête, mais je ne voulais pas que cela interfère avec la mission. J'étais si près du but...

-Et après, qu'il soit quelconque ou pas, je le veux tout de même dans notre trou à elfe. Alors pas de chichis s'il te plais mon coeur.

C'est à ce moment qu'il changea complètement de discours, se sentant enfin plus impliqué dans le projet. Il m'exposa le plan qu'il avait; celui de se téléporter au centre du village afin d'inpressionner, puis de crâmer de l'elfe, ceci faisant diversion afin que je m'incruste et que j'attrape l'objet de mon désir. Alors un fin sourire ce dessina sur mon visage. Un sourire de satisfaction d'avoir enfin le support que je voulais. C'était parfait comme plan, j'adorais, et j'étais bien trépidente de le mettre à exécution. Alors je me mise à marcher en direction du village.

-Alors, bon succès mon mignon. dis-je, accompagné d'un classique bec sur la joue.

Ce bec qui voulait dire "t'es mieux de pas merder", à la façon mignonne qui donne aux hommes le désir de tout faire à point. Mais je n'avais aucun doute sur le beau démon; celui-ci ne m'avais jamais déçu encore. Alors je lui fis un clin d'oeil et m'élançai vers la partie du village où j'avais repérer la petite chaumière, attendant patiemment qu'il crée le plus de confusion possible afin de mettre mon plan en oeuvre.

Red avait beau ne toujours pas saisir quel était concrètement le lien entre leurs deux pouvoirs, Lylianne n'en restait pas moins une femme. Et comme une grande majorité d'entres elles, il savait qu'il n'avait qu'à la caresser dans le sens du poil pour apaiser la bête. C'est pourquoi il ne pu s'empêcher une légère esquisse amusée et prévisible lorsque cette dernière trépignait sur place, impatiente de mettre en oeuvre leur plan d'extermination.

Il était indéniable qu'elle lui cachait ses réelles motivations quant à l'envie soudaine de s'emparer d'un pauvre nourrisson mais, Red se fichait pas mal de ses états d'âme, tant qu'elle restait efficace et contrôlable.
C'est pourquoi il ne dit rien, se contentant de garder ses bras croisés sur son torse et de lui répondre d'un regard entendu, toujours aussi calme, alors qu'elle déposait un baiser sur sa joue pour lui souhaiter bonne victoire. Un rictus, et la voilà déjà sautillante de légèreté en direction du point qu'elle avait repéré un peu plus tôt, et d'où elle compte opérer dans l'ombre.

Une fois seul, Red roule les yeux au ciel dans un soupir avant de se détacher du tronc d'arbre contre lequel il est adossé. Il vérifie que Lylianne a bien disparue, pour lui laisser le temps nécessaire à sa disposition, puis saisit la longue capuche sombre sur ses épaules afin de la rabattre sur sa tête, dissimulant ainsi son visage. Moins de trois secondes après, il disparaît dans un tourbillon de flammes, laissant de nouveau le silence pesant reprendre ses droits aux alentours du village.

Il réapparaît tout juste au milieu de ce dernier. Comme s'il s'était tenu là depuis des heures déjà et, les quelques elfes déjà présents sur place se stoppent automatiquement, alertés par la soudaine aura pesante qui écrase l'air autour d'eux.
Red ne bouge pas. Il scrute l'effet de surprise générale, non sans un certain rictus naissant alors qu'il est toujours dissimulé sous sa cape. La scène semble comme figée. Plus personne ne bouge. Un elfe ramène lentement, et d'instinct, sa compagne derrière lui d'un mouvement du bras, et le démon se contente de pencher très légèrement sa tête dans leur direction, tandis que tous le scrutent dans un silence mortel. Un son- comme un cor- retentit dans son dos et, Red le prend comme un signal d'alarme, lui faisant automatiquement relever les deux bras dans un calme déstabilisant. Au même instant, le village se retrouve soudainement encerclé d'un mur de flammes vives et immenses, éclairant alors toute la place d'une lumière chaude et oppressante. Tous réagissent au quart de tour et les hommes s'arment déjà de leurs arcs, pointés droit sur Red.

Celui-ci ne semble pas le moins du monde alarmé, et il profite même de la panique générale pour faire lentement un tour sur lui même, les bras toujours écartés, afin d'admirer le chaos naissant dont il est l'inquisiteur. Ceux dans son dos en profitent pour décocher leurs premières flèches, mais chacune d'elle se consument dans une rapidité déconcertante à trente-centimètres du démon. Comme il fait nuit, son bouclier de peau naturel est étendu sur tout son corps sous sa longue cape et, quand bien même il parviendrait à être touché, il ne serait pas blessé.
Tout à coup, une habitation se met à flamber, puis deux, puis trois, créant une vague de cris dans le village tandis que des familles fuient les maisons en feu pour s'éloigner comme ils le peuvent, pris au piège.
Seule la silhouette sombre du Roi Démon reste immobile au milieu du chaos des flammes, et un large rictus s'étend sur ses lèvres tandis qu'il avance lentement, telle une menace irrévocable.

- Que le spectacle commence. annonce-t-il pour lui-même.

Dans la forêt, les cris des elfes résonnent en un échos glaçant.
Mélodie d'une vengeance historique.

Et le carnage commença.

Au bout de quelques minutes seulement, on commençait à entendre les premiers cris venant du centre du village. La jubilation par rapport à ce que je m'apprêtais à faire me parcourais le corps en entier à coup de gros frissons, et je me délectais même de ce qui allait suivre après l'action que je devais poser. J'avais déjà mon plan tout en tête. Je savais que ma stupide soeur ne mettrait pas beaucoup de temps à se sentir interpelée par l'état d'urgence et allait aller essayer de sauver tout le monde. Probablement que son assassin de fiancé allait suivre peu de temps derrière elle, mais ce que je ne savais pas, c'était ce qu'ils allaient faire de leur petite saloperie. À cet instant, je me disais bien qu'un petit duel n'allait probablement pas faire de tord, puisque je l'attendais depuis longtemps de toute façon. J'allais alors récupérer l'horreur qu'ils avaient mis au monde et aller la déposer à un endroit où elle ne pourrait plus me tapper sur les nerfs. J'attendis quelques minutes pour faire bonne figure, le temps que tout le village soit mit en état d'alerte et que Red ait bien fait diversion, puis je pénétrai à mon tour dans le lieu de chaos.

J'étais clairement une intruse, mais personne ne semblait avoir le temps de s'occuper, de s'inquièter de moi, ce qui m'arrangeait. Autour de moi, la communauté elfe semblait être en train de se mobiliser pour contrer la menace, de vaillants coeur qui ne se transformeraient qu'en chaire à pâté au bon moment. Je devais faire vite si je voulais faire partie du carnage et avoir également ma part de satisfaction dans les événements qui étaient en train de se produire. Ainsi donc, plutôt que de marcher tranquillement vers la petite maison, je pris un pas plutôt rapide, presque de la course. Au fur et à mesure que je me rapprochais, je m'attendais à voir sortir les deux silouhettes, la blonde et la noir, afin de se précipiter au milieu des affrontements, mais il n'en était rien. Personne ne vint à ma rencontre, personne ne sorti de la maison, comme si personne n'était là. J'eu un moment de doute, mais néanmoins, je touchais presqu'à mon but, je voulais continuer. Je ne pouvais pas laisser tout ça avoir été en vain.

Puis, en me rapprochant de la petite chaumière au tout fond du village, j'entendis des voix. En me collant sur les rondins formant la façade de la petite demeure, je pouvais distinctement entendre les voix des deux jeunes gens se chicanner. Il semblait y avoir de la friction dans ce couple, et aux premiers abords, cela me déçu. Moi qui s'était attendu à tellement mieux de la part des deux connards, les voilà qu'ils confirmaient tous mes stéréotypes. Ma soeur était vraiment une espèce d'écervellée, et j'étais bien contente de ne plus réellement avoir affaire à elle. Elle était pitoyable, et ça se sentait tellement dans la façon dont elle parlait à celui qui était censé l'endurer dans sa vie! Je soupirai interrieurement en roulant des yeux, puis me concentrai sur les auras que les trois êtres elfiques dégageaient. Je pu voir que les deux adultes étaient dans la cuisine, et que la toute petite créature se trouvait dans une petite chambre annexée. Elle était complètement seule et vulnérable, il n'y avait même pas de défi. Elle était tout simplement mienne, je pouvais faire ce que je voulais de cette minable chose. Ses parents étaient trop occupés à se comporter en vermine pour faire quoi que ce soit.

Alors, rapidement, je me téléportai dans la chambre à l'aide de ma magie démoniaque. La petite était bien aggripée à un des barreau de sa bassinette, alors pour éviter de la toucher, je sortis ma dague et essayai de décoller cette espèce de petite ventouse sale de son lit. Malheureusement, en tentant le tout un peu trop brusquement, je fis un faux mouvement et coupai un doigt à la petite, ce qui me dégoûta. Du sang elfique, du sang de bourbe en fait, se trouvant à une proximitée et pouvant me contaminer, c'était écoeurant. Alors je pris une autre couverture afin d'emballer la chose, et sans y accorder plus d'importance, laissai sur le lit une trace de sang tandis que j'emportais avec moi la chose. Je la tenais comme en balûcho dans mon dos, ne me préoccupant même pas si elle avait assez d'air pour respirer ou autre. De toute façon, je ne m'étais pas décidée sur ce que j'allais faire avec elle encore. J'ouvris un portail menant aux enfers directement dans la chambre de la petite, puis y pénétrai tandis qu'elle se réveillait et se mettait à pleurer.

Le cri me tapais déjà sur les nerfs, alors une fois aux enfers, j'accelérai le pas pour arriver aux cachots au plus vite. Les premières cellules étaient réservés aux invités d'honneurs, les plus importants démons qui s'étaient montés contre Red lors de son accension et qui repentaient leurs crimes encore aujourd'hui. Puis je passai également devant l'aile m'étant réservée, avec tout ceux s'étant mis en tête de me contester. Ceux-ci regrettaient aujourd'hui amèrement leur décision, puisque lorsque je n'avais rien à faire, c'étaient les premiers que je venais chercher pour essayer mes machines de tortures qui dormaient dans le sous-sol. Mais aujourd'hui, je n'étais pas là pour eux. Je ne ralentis le pas que lorsque je vis le petit écriteau que j'avais mis moi même sur le mur, avec une écriture bâclée et rapide. Sur celui-ci était indiqué "trou à elfe", et pointait vers la porte sur le côté. Plusieurs gérémiades venaient de la même cellule, mais j'y étais habituée maintenant, ça ne me faisait plus rien. Alors j'ouvris la porte et balançai le balûchon à la première tête elfique que je vis, pensant intérieurement que maintenant, c'était son problème et plus le mien. Bon débarras!

Puis, je refermai la porte et en m'assurant qu'elle était bien magiquement vérouillée, j'ouvris à nouveau un portail afin de revenir vers le village elfique que je venais à peine de quitter. Red devait toujours y être et prendre un malin plaisir à terroriser ces infâmes créature, et moi aussi, je voulais jouer, maintenant. Alors, une fois à proximité du village, je replaçai mes cheveux et réarangeais le diadème que je portais toujours, par principe. En un souffle, j'allongeai la robe que je portai afin de la rendre encore plus dramatique et redoutable, toujours rouge. Celle-ci brillait, comme si j'étais moi-même en feu et que je venais contribuer à le répendre, partout. Je devais me montrer aussi dramatique que le roi démon si je voulais être bien prise pour son accolyte, et l'effet me plaisait. Alors je me transporta à mon tour au millieu du village, qui n'était peut-être pas aussi entâmé que ce que j'aurais crû, très heureusement pour mon propre plaisir personnel.

Au moment même ou je me posai dans le village, je sentis mes capacités magiques monter en flèche. Je gardais la tête basse pour bien mettre en scène, puis d'un mouvement de tête vers le haut, j'ouvris mes longues ailes noires qui à leur tour, envoyèrent le feu se répandre sur ce que Red n'avait pas encore atteint. Un sourire se dessina sur mes lèvres J'étais prête à cramer de l'elfe à mon tour.

The end of an era

Un fléau.
C'est ce que les pauvres elfes de ce village pensent tomber sur leurs têtes. Une comparaison qui ne déplaît pas au Roi Démon, en somme. Appelons un chat un chat.

Le village est à présent totalement encerclé par les flammes dévorantes. Seule une poignée d'elfes, les plus réactifs, ont pu s'échapper à temps pour fuir du plus vite qu'il le peuvent le génocide brûlant qui s'étend peu à peu dans la forêt. Pour les autres, c'est la mort assurée.
Red n'a d'ailleurs pas besoin de leur courir après. Il n'a qu'à lever le bras, et diriger de sa poigne intransigeante pour que son hydre démoniaque ne serpente frénétiquement à travers le village afin de se repaître de l'âme des malheureux sur son passage. Ses sept têtes ondulent sournoisement dans l'ombre, empêchant quiconque de s'approcher de près ou de loin du Roi Démon et ce dernier sent soudainement une étrange chaleur l'envahir de la tête aux pieds. Le rouge des yeux des serpents s'intensifie également et il s'autorise un regard sur le côté, attentif.
Lylianne est toute proche... Il le sent. Il se délecte de la puissance qui se décuple en lui et le feu qui dévore le village semble soudainement comme alimenté par un souffle pesant et atrocement lourd. Il ne s'est pas trompé.

En face de lui, à l'autre bout de la place, la silhouette imposante de la succube apparaît, sortant des flammes. Sa longue robe vermeille virevolte comme une ombre menaçante au gré du feu qui s'étend derrière elle et, soudain, elle termine son entrée fracassante en déployant ses grandes ailes noires qui surplombent alors un petit groupe d'elfes, agglutinés les uns aux autres, comme de faibles proies sous l'ombre d'un rapace. Leurs cris d'agonie déchirent le calme troublant de la nuit, accompagnés des craquements sinistres des habitations qui s'écroulent toutes une à une sous les flammes.
Ce n'est pas un spectacle. C'est un chef d'oeuvre.

Sans même avoir besoin de se concerter, les deux démons s'emploient alors, toujours sans se précipiter, à faire ce pourquoi ont leur a insufflé la vie : Semer la mort et le chaos.
Hommes, femmes, enfants, vieillards. Ils y passent tous, sans possibilité de négociation. C'est un massacre pur et dur. Une infamie qui resterait gravée dans l'histoire pour les siècles à venir. S'il devait y en avoir autant pour l'avenir, tout du moins.

Après quelques heures, les cris s'amoindrissent, et seules quelques courtes lamentations sont audibles avant qu'elles ne cessent à jamais. L'hydre de Red s'est évaporé, il n'en a plus besoin. Il parcourt le village à feu et à sang d'un pas lent, comme un gardien durant sa ronde, lorsqu'un mouvement furtif sur le côté attire son attention. Un Elfe tente de s'échapper.
Il est jeune. Red a le temps d'apercevoir la terreur dans ses yeux clairs, mais il ne s'élance pas comme une bête à sa poursuite. Il ne s'abaisserait pas à un tel effort pour un être si insipide. Alors il entame simplement une marche sûre et lourde à sa suite. Sur sa route, l'elfe doit esquiver des murs de flammes qui semblent tenter de vouloir l 'agripper. Il est haletant, et blême et, bientôt, il s'approche de quelques fourrés qui n'ont pas encore prit feu, lui permettant ainsi une probable échappée. Il y est presque. Il n'est plus qu'à quelques mètres mais, déjà, un faible rictus apparaît de nouveau sur les lèvres du démon. D'un mouvement de la main, l'elfe trébuche soudainement sur le corps ondulant de l'hydre qu'il a de nouveau invoqué et qui disparaît aussitôt l'enfant à terre. Sa respiration est déjà entrecoupée de sanglots et, bientôt, l'ombre de Red apparaît dans son dos, le dominant d'une silhouette absolument sombre.

- Ne pleures pas, vil petit être. annonce-t-il de sa voix à la fois ténébreuse et calme. Tu auras au moins le mérite de nourrir ces terre de tes cendres.

Et sans plus de cérémonie, le démon relevait sa main avant de refermer son poing, embrasant automatiquement le corps du jeune elfe sans qu'il ne puisse tenter d'en réchapper.

- Je t'assure que tu préfères ce sort à mes geôles. termine-t-il en s'adressant au corps calciné, comme s'il pouvait l'entendre.

De retour dans le village, Lylianne semble être en train de s'occuper des derniers survivants. Red défait sa longue cape, la laissant simplement retomber au sol avant de glisser une main dans sa longue chevelure sombre pour la tirer en arrière après tous ces efforts. Il s'arrête dans le dos de la succube tout en admirant leur magnifique chaos tout autour d'eux.

- Je suppose que tu as obtenu ce que tu désirais si ardemment, à la vue de ton charmant sourire. lui dit-il naturellement, non une légère esquisse, tout en croisant les bras sur son torse pour la scruter.

Je voyais rouge. Littéralement.

Autour de moi, chaque tête tombait, une à une. Et avec chacune de ces têtes venait un cri de douleur, de rage, d'impuissance qui venait chercher en moi plus que de la satisfaction, plus que de l'euphorie, plus encore même que de l'exaltation. C'était un sentiment complètement tétanisant qui se répercutait dans tous mes membres et qui faisait jouir tous mes sens, les uns après les autres. Le pouvoir, le vrai, il était ici, avec nous, et nous nous l'approprions puisqu'il était nôtre de façon incontestée et inconditionnelle. La mort était la plus grande domination qu'un être pouvait avoir sur un autre, et pour nous, il ne suffisait que d'un regard, que d'un petit signe, à peine un claquement de doigt pour la faire subir à qui que ce soit se trouvant aux alentours. C'était d'ailleurs sans égards; tous y passaient, sans exception. Certain s'étaient montrés plus téméraires que d'autres et avaient essayé d'empoigner les armes pour nous atteindre. Que de temps perdu, vraiment.

Et ce feu qui brûlait en moi plus fort grâce au beau démon, il rendait tout plus réel. J'avais l'impression de voir plus clairement, de sentir chaque souffle de feu dresser les frissons de mon corps, de goûter de façon beaucoup plus distinctive tout ce que je faisais. Je n'avais même plus l'impression de me souvenir du pourquoi de mes actions, comme s'il n'y avait plus de place dans ma tête pour ça. Comme si je me retrouvais à ma place, au dessus du monde, alors que le chaos et la destruction infusaient tour à tour les bases de ma domination sur ce village, sur cette forêt, sur ce monde. Tout était à moi, pour moi, et je me délectais de ce cadeau que me faisait la vie; chaque mort était un sacrifice à ma grandeur, à notre gradeur, à sa grandeur. Et le feu amenait une ère nouvelle pour tout ce qui existait; une fois que la couronne aurait tuer jusqu'au dernier elfe, plus aucun peuple ne se tiendrait face à nous, il n'y aurait plus rien pour nous arrêter et nous empêcher d'assujetir le monde à notre volonté.

Et cet orgasme dure pendant des heures. Rien ne le chamboule; tout se fait dans un désordre ordonné parfaitement. Les cendres étouffent mais elles n'ont pas le temps de se pauser, elles sont remplacées par d'autres plus noires, plus chaudes. Il ne restera plus rien, plus aucun souvenir de cet endroit qui avait dû être paisible autrefois, mais qui ne sera plus rien, plus jamais. Il ne restera pas quelques personnes pour témoigner, elles qui auront vu notre grandeur et auront compris notre envergure. Et au bout de ces quelques heures, alors que tout se calme puisqu'il ne reste pratiquement plus rien à brûler, il ne reste que le roi démon et moi, au milieu du village, et quelques têtes qui attendent encore leur tour pour passer sous notre domination. Alors, je me tourne vers ces âmes qui iront rejoindre les autres bientôt et ne dis pas le moindre mot. Seulement ce sourire si carnacier, si caractéristique de ma personne qui leur est adressé, et qui leur indique clairement que leur fin est proche. Et ils supplient. Ils demandent la vie sauve, mais ils n'ont absolument rien fait pour le mériter. Ils n'ont absolument rien pour acheter leur mercie, seulement ces plaintes qui me laissent complètement inddiférente. Sur les trois personnages survivants devant moi, deux partent en fumée. Mais j'ai envie de jouer avec ma nouriture.

C'est une femme peut-être un peu plus vieille que moi. Elle a les yeux emmeraude et les cheveux blonds, et longs. Je ne vois même plus ses oreilles pointues dépasser, seulement son regard terrifier qui me fixe et qui sait ce qui l'attend. En voyant ses deux camarades voler vers le ciel dans un nuage de cendre, elle semble se dire que peut-être elle sera épargnée. Mais elle est tellement loin de la réalitée. La seule raison qui me fait la garder pour l'instant, c'est parce que ses yeux me rapèlent la femme qui m'a brisé le coeur. Et que je suis là pour me venger, malgré tout. Alors d'une main, j'agripe la dague à ma ceinture et dans un mouvement lent, je m'approche d'elle. Alors, je l'empoigne par le colet et la plaque contre le premier mur que je vois, un mur fait de bois qui semble assez solide pour résister à l'impact de ce corps projetté et maintenu fermement.

-Je vous en supplie... je n'ai rien fait...

Et je plante ma dague dans son petit corps tandis que je m'approche de son oreille. De ma lame, je forme une grande courbe pendant qu'elle crit de douleur sous moi. Ce même sourire carnacier occupe tout mon visage et je n'ai qu'une seule pensée en tête. C'est elle, c'est Tatiana, et elle paye de la douleur qu'elle m'a infligé. Alors ma main continue son mouvement. une forme ovale accompagnée d'une barre, puis une deuxième. Une deuxième forme ovale. Et ces mouvements à répétition tandis que je jubile de la douleur que j'inflige. Lorsque je viens pour mettre la touche finale à mon oeuvre, je ne fais que murmurer à l'oreille de la femme, qui tient toujours mais que d'un fil:

-Bien sûr que non, ma mignonne. Tu payes pour les crimes d'une autre. Mais après tout, c'est un peu ce qu'on fini toujours par faire, n'est ce pas?.

C'est à ce moment que je sens le roi démon réaparaitre dans mon dos. Celui-ci semble serein, satisfait, et je le suis également. Il me demande si j'ai eu ce que je désirais, et je maintiens le corps encore un peu. Je fixe ces yeux verts qui perdent la vie devant moi, profite de ce dernier souffle et roule des yeux de contentement. La lueur de ces yeux vient de s'éteindre, la dernière d'un des plus grand carnage que cette île eut jamais vu, j'en étais sûre.

-Mais, chaton, pensais-tu réellement que j'allais échouer? dis-je, sans me retourner, tandis que je laissais tomber le corps à mes pieds.

Sur celui-ci, on pouvait maintenant lire distinctement un mot, couleur de sang, qui faisait tout le corps sans vie. Ce mot qui décrivait tout ce que je ressentais pour la fille de laquelle je venais de me venger, mais aussi ses soeurs, ses amis, son entourage, et tout ce qui passerait dans sa vie jusqu'à la nuit des temps. Sur le corps qui giseait à mes pieds, on pouvait lire le mot "saloppe".

La véritable ombre d'un démon se mesure à l'intensité d'angoisse qu'elle créé dans son étendue. Lorsque celle-ci n'a plus de limite, on peut aisément parler d'un fléau.

C'est exactement ce qui lui vient à l'esprit, alors qu'il contemple leur chef d'oeuvre. L'odeur persistante des corps calcinés ne semble pas le déranger, et il ne porte pas même un regard empathique au dernier cadavre encore chaud que Lylianne laisse simplement tomber au sol, comme un vulgaire pantin. Ses yeux se satisfont des flammes qui continuent à animer le brasier lourd qui les entoure, et il finit par s'arrêter une fois devant elle, le corps d'une malheureuse elfe à leurs pieds. Il la scrute un instant, comme contemplant l'oeuvre maladroite d'un enfant avant de relever son regard sur sa somplice pour la fixer avec une certaine malice retenue.

- C'est une des choses que je préfère chez toi; Ta poésie. dit-il en désignant les lettres de sang qu'elle a frénétiquement tranché dans la chair.

Visiblement, Lylianne avait plus eut besoin de ce massacre qu'il ne le pensait.
Elle était totalement épanouie. Ses yeux brillaient de cette lueur qu'il lui reconnaissait bien et, il ne pouvait le nier, cela l'enchantait.
C'est pourquoi il lui tendait finalement son bras, comme un bon gentleman, afin qu'elle s'y agrippe pour enjamber le corps à leurs pieds.

- Maintenant, que penses-tu d'une dernière balade en ces chaleureux lieux ? Je ne voudrais pas que le travail soit bâclé.

Et il entendait par là de s'assurer qu'il n'y ait absolument aucun survivants. Même s'il était évident que cet acte était de nature démoniaque, le fait de ne pas avoir de témoin direct leur laissait au moins le temps de s'en repaître.
Alors il l'entraînait tranquillement à travers le chaos du village, comme deux amis profitant d'une agréable marche nocturne, et réduisant par endroit les flammes afin qu'elles n'incendient pas la forêt plus que nécessaire.

- Loin de moi l'idée de me montrer indiscret et, je t'assure que j'éprouve en général un désintérêt total aux affaires de mon entourage mais..., il se risque un regard de côté vers la succube, afin de juger sa réaction, J'ai l'intime conviction que quelque chose te tracasse ces derniers temps, n'est-ce pas ?

Ma poésie. C'est bien l'une des choses dont j'étais la plus fière. Alors, à l'entente de cette déclaration, mon regard se ferma un instant, puis je me retournai pour faire face au roi démon. J'étais sereine, mais il pétillait en moi quelque chose de doux et de reposant. J'étais donc bien en air d'accepter la marche que le roi démon me proposait, en agrippant son bras et en le suivant dans le reste du village. Il régnait une horrible odeur de chaire brûlée, qui était beaucoup plus forte que tout le reste. Celle de putréfaction et de décomposition viendrait plus tard, et elle irait chercher même les plus robustes narines afin que tous lèvent leur né sur ce carnage. Afin que tous lèvent leur nez sur une race qui venait de perdre un gros morceau de leur population aujourd'hui.

Je contemplais notre carnage avec fierté. Il ne semblait rester aucun survivant, mais il valait mieux être sûr. Après tout, ce n'était pas en laissant des survivants s'enfuir que nous viendrions à bout de ces horreurs de la nature. Tandis que nous marchions tranquillement, cependant, Red m'informa qu'il n'avait pas pour habitude de s'intéresser à la vie de son entourage, et je lui souris doucement. Je n'en prenais absolument pas ombrage, je n'avais pas besoin qu'on s'occupe de ma vie. J'étais bien capable de le faire toute seule. Et d'ailleurs, comment allait-il pouvoir simplement comprendre mon mal? Je n'imaginais pas le roi Démon avoir des émotions dutout, alors des sentiments, il n'en était même pas question. Mais il me demanda tout de même si quelque chose me tracassait dans les derniers temps. À cette question, je perdis quelque peu mon sourire.

Non vraiment, je ne savais pas quel était la bonne attitude à employer dans cette situation, et cela me gênait puisque je n'en avais pas l'habitude. Je marchais toujours à l'instinct et à l'intuition, mais ceux-ci n'étaient en rien capable de m'aider sur ce coup-là. Je ne voulais rien dire par crainte que mon ange ne se fasse attaquer, puis je me souvins que je n'en avais plus rien à battre. Elle m'avait briser le coeur, non? Elle pouvait bien crever aux flammes des enfers, cette petite garce. Alors je pris une profonde inspiration et tentai d'expliquer au roi démon, de façon relativement légère:

-Hey bien tu vois mon chou, même moi je ne suis pas à l'abris des problèmes de coeur.

Sauf qu'une pensée terrifiante me vint à l'esprit. L'homosexualité n'était pas nécessairement bien acceptée encore partout, et je ne savais pas dutout où le roi Démon se situait par rapport à ce phénomène. Peu de chose dans la vie me terrifiaient, mais ses foudres en faisaient partie, puisqu'après tout, il était bien le Dieu des enfers. Alors, pour l'instant je me contentai de cette réponse vague, tout en admirant les flammes qui finissaient de se consumer sur les toits des maisons.

» [\!/ Contenu explicite] Remember ~ PV Ikuto <3
» [Terminé] Sa tête de con \contenu explicite/
» [\!/ Contenu explicite] Une mission des plus spéciales ... [PV Noctis]
» "Tu n'auras qu'à m'appeler"...[PV Edwin] - \Contenu explicite/
» [\!/ Contenu explicite] Betrayed by Trust_ Ft. Haku