-
Est-ce que j'ai perdu de ma main verte, ou ces satanés rongeurs sont encore venus se servir dans mon jardin... ? peste la rouquine entre ses dents, son regard contrarié analysant sa petite parcelle de plants de fraises sauvages visiblement pillé.
Elle soupire bruyamment tout en roulant les yeux au ciel, puis se résigne en s'agenouillant pour ramasser les quelques fruits rouges encore présents, pour ceux qui n'avaient pas été grignotés. Tant pis pour le déjeuner. De toute façon, elle n'avait pas encore très faim. Et puis le temps était parfait pour un bain matinal dans les sources chaudes alors, que demander de plus ?
Ainsi la plantureuse elfe déposait son maigre panier de fruits au pied de son arbre, puis partait en toute légèreté à travers les bois, direction les sources.
La matinée était encore fraîche mais, déjà, les rayons lumineux du soleil annonçaient une belle journée que Lexie entendait bien passer à flâner tranquillement. Le bois était d'ailleurs plutôt calme. Un peu trop peut-être, ce dont elle ne prêtait pas vraiment attention sur le moment avant d'être attirée dans sa marche joviale par une biche et ses deux petits, un peu plus loin en contrebas, sur sa droite. La mère était en retrait et semblait appeler sa progéniture, curieusement penchée sur quelque chose au sol. Evidemment, le naturel également curieux de la jolie elfe la faisait s'arrêter afin de scruter la scène de là où elle se trouvait. Cependant, les deux jeunes faons se trouvaient pile devant ce qui attirait toute leur attention, et Lexie n'attendait pas plus longtemps pour s'approcher doucement, arrivant d'abord aux côtés de la biche.
-
Shhht, tout doux. lui souffle-t-elle doucement.
L'animal ne fait aucun mouvement de recul, se laissant même caresser le temps que Lexie avance en direction des deux petits avec prudence.
-
Alors mes mignons.. qu'est-ce qui vous fait désobéir ainsi à votre mère, hm ? demande-t-elle comme s'ils pouvaient la comprendre.
Et étonnement, l'un deux se met à émettre un petit son tout en agitant la tête vers ce qui semble être un corps inerte et frêle à leurs pieds, ce qui arrache une légère exclamation à l'elfe qui s'accroupit aussitôt à leur côté pour examiner à son tour le corps.
-
Alors ça... en voilà une étrange trouvaille. elle balaye l'air entre elle et les faons pour les faire partir,
Allé oust ! Psst ! Je prends la suite. Les deux petits trottinent aussitôt vers leurs mère sans demander leur reste, et Lexie refixe rapidement son attention sur la silhouette inerte. C'est une fée, visiblement, mais ce dont elle est certaine, c'est qu'elle est réellement mal en point. Si elle n'est pas déjà morte.
Lexie grimace à cette idée puis, prenant son courage à deux mains, décide d'en avancer une pour la déposer sur son épaule, et ainsi la retourner doucement... Ses yeux s'écarquillent dès lors dans une expression de stupeur avant que la pitié ne s'installe.
-
C'est une enfant... souffle-t-elle, comme troublée.
Comment a-t-elle pu se trouver dans un tel état ? Lexie scrute un instant les environs par-dessus son épaules, mais rien. Elle pose une main sur la joue de la jeune fille mais, celle-ci est quelque peu glacée, et elle déglutît. Doucement, elle dégage sa longue crinière d'un côté pour s'approcher et poser son oreille sur sa poitrine. Elle attend quelques instants, puis ferme les yeux dans un soupir de soulagement... Elle respire encore.
-
Bon sang.. quelle frayeur. Imaginer commencer la journée avec un si jeune cadavre, c'est impensable. s'indigne-t-elle en se redressant pour la scruter avec pitié.
Elle secoue une nouvelle fois la tête de dépit, puis se lève complètement pour tourner le dos à la jeune fille inerte, relevant simplement les deux mains dans un signe, comme si quelqu'un était présent pour la voir et comprendre. Et en effet, plusieurs lianes se mirent à descendre lentement des cimes des arbres les entourant pour se saisir délicatement de la pauvre fée et venir la caler dans le dos de Lexie qui la soutenait alors fermement, pas le moins du monde gênée par le poids plume de cette dernière.
Une fois assurée qu'elle tenait bien, la rouquine rebroussait naturellement le chemin par lequel elle était arrivée pour revenir au pied de son arbre où elle s'arrêtait finalement. De nouveau, plusieurs lianes descendaient pour s'emparer de la jeune fille et commencer à la remonter jusqu'à la cabane de fortune de l'elfe, dissimulée dans les hauteurs de l'arbre massif. Lexie ne tardait d'ailleurs pas à apparaître à son tour, munie de son petit panier de fruits qu'elle déposait juste à côté de la fée inconsciente.
Cette dernière avait été installée par les lianes sur le lit de mousse et de coton de l'elfe, et celle-ci s'affairait à chercher dans ses affaires toutes sortes de plantes qu'elle mélangeait les unes aux autres dans deux pots de terre différents. Parfois, une liane l'aidait en lui apportant une mixture ou des racines et, quelques minutes plus tard, Lexie venait s'accroupir au chevet de la blessée, munie du premier pot.
Elle y plongeait les doigts et venait étaler avec attention une épaisse pâte brune et odorante sur les quelques plaies apparentes de la malheureuse, prenant soin de ne pas appuyer même si elle doutait qu'elle réagisse dans l'instant. Après quoi, elle s'emparait du second, se munissant également d'une épaisse feuille d'arbre. Elle l'arrangeait de façon à en faire une sorte de gobelet naturel et y déversait la seconde mixture, aussi fluide que de l'eau, et d'une couleur violette agréablement claire. Délicatement, Lexie passait son bras sous sa nuque afin de lui redresser quelque peu la tête, puis elle approchait la feuille pour faire glisser lentement le liquide entre ses lèvres sans qu'elle ne s'étouffe. Une fois assurée qu'elle en avait ingurgité une bonne majorité, la rouquine reposait doucement sa tête, puis s'emparait d'un linge immaculé qu'elle trempait dans l'eau qu'elle avait ramassée à l'aube, entreprenant de nettoyer tendrement son visage en attendant le moindre signe de vie.
-
Tiens le coup petite flamme. Je suis sûre qu'on peut de nouveau faire de toi un brasier. assure-t-elle sans réel espoir, ignorant totalement l'origine de son état déplorable.