Take your responsabilities [Pv Alissa & Elliara]

Inari avait toujours adoré cela, sentir la brise caresser sa peau.

Cela était davantage vrai, lorsqu’il s’agissait de l’air iodé de la mer et qu’elle était en tenue d’Eve. Elle devait bien l’avouer, les quartiers d’Orca étaient bien mieux placés que les siens. D’ici, on avait une vue imprenable sur l’Océan Pacifique. Ca l’avait toujours fasciné, cette immense étendue d’eau salée. Allez donc savoir pourquoi…

- Tu pourrais au moins enfiler quelque chose…

Pas besoin que la Conseillère se retourne pour savoir qui lui avait adressé la parole, elle reconnaîtrait cette voix caverneuse entre mille. Et puis, il n’y avait qu’eux deux dans le somptueux penthouse.

- C’est que Monsieur est aux petits soins Souffla la jeune femme d’un air moqueur tandis qu’elle réajustait sur ses épaules la veste que l’homme-animal avait jeté dessus sans grands soins. Tu n’es guère couvert non plus, tu sais. Fini-t-elle avec un fin visage amusé.

Un regard en coin fut tout ce qu’elle eut pour réponse. Inari soupira. Vraiment, son jouet préféré n’était guère amusant en ce moment.

- Tu comptes rester aussi morose encore longtemps ? D’accord,Tully et El’Oren ont merdé mais…
- Je t’interdis de parler de ça !  

Il y eu un flottement, l’espace d’un bref instant tandis qu’Inari se tournait vers Orca. Depuis quand se permettait-il de lui donner des ordres ? Ce petit poisson semblait avoir oublié à qui il avait à faire... Habituellement, Inari aimait cette facette de la Baleine Tueuse, son côté indéfectible qui ne plie l’échine devant personne. Orca était un parfait reflet d’elle-même, en bien des points, ce qui expliquait tout l’intérêt et l’attirance qu’elle avait pour lui.

Mais personne ne lui donnait des ordres, surtout pas ce parvenu tout juste bon à jouer les poupée de paille.

- Ooh… C’est que tu ferais presque peur… Souffla l’hybride tandis qu’une sourire carnassiers se dessinait sur ses lèvres. Elle s’apprêtait à déclencher une véritable tempête, elle le savait et cela l’amusait au plus haut point. Mais n’oublie pas qui est le vrai maître ici, Tobías. Tu occupes cette place seulement parce que je le veux bien.

L’aura que dégageait le parrain des Bêtes était monstrueusement meurtrière. Si une autre personne s’était trouvé face à lui, elle serait déjà morte, à n’en pas douter. Mais Inari n’était pas n’importe qui. Elle était la véritable reine de la pègre Hybride et si elle le désirait vraiment, elle pourrait mettre cette ville de pacotille à ses pieds.

- Allons, allons mon chou ! Ne fais pas cette tête là. Clama-t-elle sur un ton guilleret tandis qu’elle plantait un baiser sur la joue du monstre. Il aurait pu la briser d’un simple coup, lui arracher la tête en un battement de cil. Approcher Orca lorsqu’il était dans un tel état de fureur était plus que dangereux. Mais la Conseillère Isonokami n’en avait cure, elle aimait vivre dangereusement ! Et puis, à ses yeux, le mafieux n’était pas une menace loin de là. La personne qu’elle considérait comme une menace n’était pas encore née.

Quelques promesses embrassées susurrées sensuellement à l’oreille d’Orca et la voilà partie pour ses propres quartiers quelques instants plus tard. Elle était tellement occupée à se jouer de son amant et de ses nerfs qu’elle avait oublié qu’elle avait une affaire importante à régler ce matin.

L’elfe qui faisait le pied de grue devant sa porte ne semblait pas l’avoir oublié lui.

- Je peux savoir où tu étais passée ? Je te rappelle que tu es Conseillère, Inari.

Aaaah, Nomín et sa psychorigidité !

- Ce n’est pas parce que tu as décidé d’avoir une vie ennuyeuse que tout le monde doit en faire de même, cher compagnon !

L’elfe en prit même pas la peine de relever les propos et la téléporta avec lui dans la forêt, aux abords d’une petite chaumière tout à fait pittoresque.

- C’est donc ici que se cache notre demoiselle ?

L’hybride s'avança vers la bâtisse mais rencontra très vite un obstacle. Une barrière magique. Elle sonda celle-ci pendant un instant, ça allait lui demander de mettre le paquet pour faire sauter cette barrière. Il fallait l’avouer, la petite Haliwell était douée, restait plus à espérer qu’elle soit un peu plus divertissante que feu son paternel.

- Une barrière hein… Et tu diras encore qu’elle n’agit pas de façon suspecte, n’est-ce pas ?
- Je suis certain qu’elle a une bonne explication pour tout cela.

Inari leva les yeux au ciel tandis qu’elle créait une seconde barrière par dessus celle de la sorcière. C’était la même rengaine depuis la mort de Kurzon. Logiquement, son rejeton aurait dû se présenter au Conseil et endosser les responsabilités qui lui étaient dès lors échues mais la petite s’était évanouie dans la nature. Il ne fut même pas possible de remonter sa piste par le biais de la guilde, les membres et la cheffe de celle-ci ignorant eux aussi où se trouvait l’héritière Haliwell. Certains comme Ivan, Kirian ou Inari trouvait cela suspect tandis que d’autres comme Nomín et Morgane n’y voyait aucun mal. Que la représentante des fées ait des pensées si niaises ne l’étonnait guère Inari mais que Nomín pense pareil, cela la sidérait au plus haut point. Enfin, on ne lui demandait pas son avis de toute façon, elle était juste là pour s’occuper de cette barrière...

Il ne fallut que quelques minutes à l’hybride pour dresser son rempart magique, ceci fait elle se glissa à l’intérieur, se retrouvant alors entre les deux barrières. Briser celle de la sorcière ne fut pas une mince affaire mais elle y arriva sans réels problèmes apparents.

- Inari… Ton nez.

Ou pas, visiblement. La remarque de l’elfe l’incita à porter ses doigts sous son nez. Elle fixa le liquide vermeil qui recouvrait leurs bouts impassiblement. Visiblement, briser cette barrière lui avait demandé plus d’énergie que prévu.

Mais ce n’était pas grave car c’était maintenant que les chose amusantes allaient commencer !

Un sourire aux lèvres, ma jeune femme à la chevelure sombre se délesta de son kimono sous le regard effaré de son collègue.

- Je peux savoir ce que tu fais ?!
- J’ai peut-être brisé sa barrière mais ça n’a pas désactivé de potentiels pièges. Je n’ai pas envie de me prendre un sort en pleine tête en faisant un pas de travers.

Même si cela paraissait logique, il ne s’agissait que d’une excuse. Non, ce que cherchait réellement la jeune femme c’était de jouer au chat et à la souris. Ce qu’elle s’empressa de faire une fois transformée. Première étape: se hisser sur le toit de la chaumière et faire assez de remue-ménage pour forcer cette peste de sorcière à sortir de son trou.

Ah ! L'impulsivité et la naïveté de la jeunesse !

Nomín leva les yeux aux ciel devant le manège de l’hybride. Pourquoi avait-il fallu que ce soit lui qui l’accompagne. Question idiote, évidemment. La réponse, il la connaissait. Il était le seul à avoir le caractère pour contenir la jeune Isonokami. Elle n’aurait fait qu’une bouchée des Conseillers de sa génération. Ivan l’aurait certainement laissé mener les choses comme elle l’entendait pour le simple plaisir de voir quelle genre de pagaille elle pourrait semer et Kirian… Kirian… Et bien... Il n’y avait pas plus aux antipodes du caractère de Inari que lui. Il aurait bien été capable de la malmener voire de la tuer.

Nómin semblait donc être la personne toute désignée pour accompagner la jeune femme. Prendre un autre Conseiller pour cette mission ? Ils y avaient tous songé, évidemment. Sauf que la Renarde était la plus apte pour contre la Sorcière.

Le problème avec Inari, c’était que la situation pouvait vite dégénérer. Et c’est ce qu’il manqua d’arriver. Les propos de la brune ne semblaient pas lui avoir plu. La bête qui jusqu’alors était perchée sur le toit de la chaumière - semblant s’amuser de la situation, comme s’il s’agissait d’un simple jeu - se retrouva face à Alissa d’un unique bond. Le poil hérissé, les crocs à découvert, la fureur bien présente dans le regard. Son orgueil finirait par la perdre.

- Inari… Se contenta de souffler l’Elfe, en guise d’avertissement. Mais rien n’y fit. Il pouvait voir les muscle de la bête se tendre tandis qu’elle grognait furieusement. INARI ! Ca suffit !

Le fait que le Guerrier hausse le ton sembla lui faire regagner quelque peu la raison. Elle ne pu toutefois s’empêcher de faire claquer sa mâchoire - feignant d’essayer d’attraper le bras d’Alissa - en guise d’avertissement. Quelques secondes plus tard, elle reprenait sa forme humaine et se dirigeait nonchalament vers Nomín, en quête de son kimono et nullement gênée par sa nudité.

- Avant de proférer de telles paroles, tu devrais t’assurer de savoir à qui tu as à faire, gamine. Déclara Inari avec légèreté, comme si rien ne s’était passé tandis qu’elle réajustait correctement son vêtement.

Pour qui se prenait-elle ? On ne la traitait pas de “créature” ! Elle avait de la chance que Nómin soit présent. Elle n’aurait fait qu’une bouchée d’elle dans le cas contraire…

Enfin, Inari était d’humeur gracieuse aujourd’hui. Elle passerait donc sur l’impair commis et elle se reconcentra sur la raison de sa venue ici. Mais le regard qu’elle lança à la Sorcière était sans équivoque. La prochaine fois, elle ne la raterait pas.

- Ne fais pas attention à ce qu’elle dit, Alissa. Le regard que Nomín lança alors à sa collègue était accusateur. Elle allait en entendre parler pendant longtemps. Nous sommes surpris de ne pas avoir eu de tes nouvelles après la mort de tes parents. Ton absence au manoir Haliwell nous a aussi alarmé. Alors nous t’avons cherché. Nomín laissa le silence planer un bref instant. Il semblait chercher ses mots un instant, la situation semblait le mettre mal à l’aise. Tu sais quoi, quoi qu’il ait pu se passer, tu n’as rien à craindre de nous, n’est-ce pas ?  

Pourquoi s’obstinait-il sur cette voie, bon sang ! Cela se sentait à plein nez qu’elle avait quelque chose à cacher, quelque chose qui ne leur plairaît pas à eux, dans tous les cas. D’ailleurs, en parlant d’odorat… Le sien lui indiquait plusieurs choses. Par-dessus des odeurs de la forêt, Inari pouvait sentir celle d’un chat, du feu et… Tiens tiens… Voilà qui était intéressant. La dernière odeur était particulière mais extrêmement reconnaissable. L’odeur de nourrison.

- J’imagine que des félicitations s’impose. Et si tu nous présentais ta progéniture hein ?Annonça l'hybride avec le sourire aux lèvres tandis que Nómin laissa transparaître sa surprise, durant une fraction de seconde.

Inari ne s’était donc pas trompée. Cette sorcière avait donc bien quelque chose à cacher. Ça concordait plus ou moins avec sa disparition, en terme de temporalité.Mais ça ne faisait pas sens. Pourquoi cacher cette naissance au Conseil ? A moins que…

A moins que la vraie nature de ce nourrisson ne soit pas “culturellement” acceptable ?

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