Les saynètes du facteur [Pv Alarick]

Elle allait le tuer…

Lui ? Un être supérieur à elle ? La bonne blague ! Ce cabot était juste bon à remuer gentiment la queue devant les humains et leur donner la “papatte” quand ceux-ci le décidaient. Le “meilleur ami de l’homme” disait-on… Son meilleur esclave, oui ! Non, Minerva, n’appréciait guère les chiens. Et celui-ci avait un don particulier pour l’exaspérer…

Sans relever les remarques du beauceron, elle suivit le rouquin qui… se dirigeait vers la boutique d’Élise ? Cela n’annonçait rien de bon…

* Hé, sac à puces, j’aime autant te prévenir… Si tu prépares un coup foireux et que tu mets Ellie dans une situation délicate, je m’occuperai personnellement de toi.*

Il ne fallut pas très longtemps au rapace pour comprendre ce que Le Chien avait en tête et, malgré ses menaces, elle devait avouer être curieuse de voir le résultat. Aussi se posa-t-elle sur l’une des nombreuses étagères de la boutique et observa l’homme à la chevelure flamboyante d’un oeil inquisiteur. Une façon pour le familier d’Elliara d’intimider ce dernier mais de là à savoir si ça marchait…

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Lorsqu’Élise gagna la boutique, la première chose qui lui sauta au yeux fut la présence de Minerva. Il était assez rare de voir le familier de sa fille traîner dans la boutique. Le regard inquisiteur qu’elle lançait au jeune homme qui venait d’entrer l'interpella. Un soupir échappa à la sorcière tandis qu’elle rejoignait le comptoir où était accouder son supposé client. Tel familier, tel maître…

- Bonjour ! Puis-je vous aider ?

Le coup d’oeil du rouquin vers la porte d’entrée n’échappa pas à Élise qui haussa un sourcil. Attendait-il quelqu’un ? Sa fille peut-être ? Non, aucune chance qu’Ellie côtoie un vampire - la nature du (peut-être pas tant que cela) jeune homme n’avait effectivement pas échappé  au vieux réflexes de Traqueuse de l’aînée des Rains - quoique… Elle avait tellement changé depuis son séjour sur Terre que ça ne l’étonnerait qu’à moitié.

- Vous cherchez quelque chose de particulier ? Ou quelqu’un…

C’était très malvenu de sa part, mais Élise n’avait pu s’en empêcher. La curiosité était son plus gros défaut, encore plus lorsqu’elle présentait que cela avait quelque chose à voir avec sa fille. D’ailleurs en parlant d’elle… L’herboriste jeta un coup d’oeil à l'horloge accrochée juste derrière son comptoir. Elle ne devrait plus tarder à revenir de son footing matinal.

- Bonjour ! Visiblement, il suffisait de demander. J’arrive t’aider d’ici une dizaine de minutes !

Aussitôt arrivée, aussitôt repartie. Elle semblait particulièrement de bonne humeur aujourd’hui… Enfin, Élise n’allait pas s’en plaindre ! Mais pour le moment, elle avait à faire. Aussi reporta-t-elle son attention sur son client tandis que la porte de la boutique s’ouvrait une nouvelle fois, sur un visage familier

-Tiens, Alarick. Bonjour. Comment allez-vous ce matin ?

Tant d’animation dès le matin !

Élise assistait à la petite joute amicale des deux jeunes hommes avec un fin sourire accroché sur le visage. Ah ! La jeunesse ! Qu’est-ce qu’elle ne donnerait pas pour avoir vingt ans de nouveau. Mais ce temps là était révolu depuis bien longtemps maintenant. Il n’y avait pas que des désavantages, heureusement.

Tandis que le facteur tendait elle ne savait quoi au rouquin, Élise quitta son comptoir et alla chercher un petit pot qu’elle glissa dans la main d’Alarick.

- A appliquer généreusement avant d’aller au lit ce soir, ça devrait aller beaucoup mieux demain matin. Sinon oui, la soirée s’est extrêmement bien passé ! Lui indiqua-t-elle avec un sourire bienveillant.

L’herboriste apprit alors le nom du jeune homme aux cheveux de feu. Gabriel… Un prénom charmant pour un jeune homme qui l’était tout autant. Et galant avec tout cela !

- Ravi de faire votre connaissance ! Son sourire s’agrandit tandis qu’il lui expliquait la raison de sa venue. De la flatterie sans doute, mais cela restait tout de même très agréable ! Et bien ! Je ne savais pas que mon petit commerce avait autant de succès ! Que puis-je donc faire pour vous ?

Non, Élise ne perdait pas le nord ! Les affaires était les affaires. Si elle pouvait faire quelques profits, c’était tant mieux. Dans le cas contraire, et bien… La sorcière sentait qu’elle allait tout de même s’amuser !

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* Oh là…*

Pourquoi sa mère était-elle en train de flirter avec un client ? Pourquoi ce client donnait l’accolade à Alarick ? Et pourquoi Minerva regardait le tout comme si elle allait faire un meurtre ?

Ca sentait mauvais tout ça…

Présentant qu’elle n’allait peut-être pas apprécié ce qui suivait, Ellie essaya de regagner l’étage discrètement. C’était sans compter sur sa très chère mère…

- Tiens, Ellie ! Te voilà !

Cramée…

Résignée, l’invocatrice gagna le rez-de-chaussée, salua le supposé client de sa mère ainsi que le facteur à qui elle offrit un sourire discret avant de faire la bise à sa mère et de s’emparer des caisses d’articles traînant derrière le comptoir. Son plan ? Faire mine d’être occupée pour se faire oublier.

- Alors ? Comment s’est passée votre sortie hier, les enfants ? Les feux d’artifices vous ont plu, Alarick ?

A l’évocation de la veille, Ellie se sentir rougir. Franchement… Qu’est-ce qui lui avait pris d’agir ainsi ! Elle avait juste envie de se taper la tête contre l’étagère d’article rien que d’y penser. Une chance que les autres occupants ne pouvaient pas voir sa tête ! Ce qu’elle ignorait, c’est que l’un d’entre eux avait l'ouïe assez fine pour discerner son trouble…

Tout cela était définitivement bien trop bizarre…

Faisant mine d’être concentrée sur sa tâche, Ellie jeta tout de même un regard discret en direction de sa mère et du rouquin. Tout cela ne lui inspirait rien de bon mais de là à pouvoir dire pourquoi elle avait cette impression…

De son côté, Élise s’était laissée entraînée par le très charmant Gabriel. Un sourire complice étira les lèvres de la sorcière tandis que le vampire parlait de philtre d’amour. Le coup d’oeil que le jeune homme avait alors jeté en direction du facteur et de sa fille en disait long sur la nature de ce “philtre d’amour”.

- Je pense justement avoir ce qu’il faut… Souffla-t-elle sur une tonalité que seul le vampire pouvait entendre. Mieux valait éviter que cela tombe dans des oreilles indiscrètes.

Déjà que des regards curieux les observaient. Le regard inquisiteur de Minerva et les oeillades - pas si - furtives d’Elliara ne lui avaient pas échappé. Aussi, pour ne pas paraître suspecte, Élise s’empara d’un flacon quelconque avant de regagner son comptoir.

*- Alors ?
- Ça parlait de philtre d’amour… *

La jolie blonde fronça les sourcils. Sa mère ne vendait pas ce genre d’article alors avec quoi était-elle revenue ? La voix du facteur la sortit de ses pensées. A l’évocation des feux d’artifices, Ellie sentit l’embarras la gagner une nouvelle fois. Franchement… Qu’est-ce qui lui avait pris… Mais les mots du facteur la rassurèrent quelque peu. Cette soirée n’avait pas été un fiasco sur toute la ligne au moins.

- Ravie que cela vous ait plu ! Répliqua la plus vieille avec un sourire bienveillant avant de poser brièvement son regard sur le rouquin et de reprendre. Ah mais, j’oubliais ! Vous tombez  à pic Alarick, à vrai dire ! J’aurai besoin de votre aide pour une commission.

Faisant signe au facteur de la suivre, Élise se dirigea vers l’arrière-boutique et désigna un énorme tas de carton dont il était impossible de deviner le contenu.

- Le commanditaire devait envoyer son commis chercher sa commande mais le jeune homme a eu une affaire urgente à régler. Le soucis est qu’il faut livrer ceci avant l’après-midi. J’ai malheureusement été prévenue ce matin, donc je me retrouve un peu ennuyée. Est-ce qu’il serait possible pour vous de livrer ceci. Ellie vous accompagnera.

Curieuse et ayant entendu son prénom être prononcé, l’invocatrice rejoignit les deux autres sorciers.

- Et… Il comptait transporter tout ça comment, le commis de Vraag ?
- J’avoue que je n’en ai aucune idée. Vraag a juste dit que la quantité n’était pas un problème pour son “p’tit gars”.

La blonde lança un regard interrogatif vers sa mère qui haussa les épaules, signifiant qu’elle n’en savait pas plus qu’elle à ce sujet.

- Ca risque de prendre un bon moment. J’arriverai pas à tout transporter en une seule fois. Mais je devrai tout de même pouvoir m’en occuper seule. Alarick a déjà assez de boulot comme ça. Et j’ai pas grand chose d’autre à faire. Annonça Elliara tout en commençant à organiser les cartoons en piles transportables.

Voyant son plan tomber à l’eau, la plus vieille essaya de faire comprendre, le plus discrètement possible, au vampire qu’il était temps d’intervenir. Si c’était elle qui se mettait à insister cela allait paraître suspect. Ca passerait sans doute mieux si c’était le rouquin qui s’y collait bien qu’elle doutait qu’ils en aient vraiment besoin. Elle ne le connaissait pas depuis très longtemps mais Élise avait le pressentiment qu’Alarick n’était pas le genre d’homme à laisser une demoiselle se débrouiller seule avec une cargaison d’une telle ampleur.[/i]

Elliara était le portrait craché de sa mère, mais pour ce qui était de son caractère, elle tenait clairement de son père.

Cette pensée effleura l’esprit de l'aînée des Rain tandis qu’elle observait d’un air complètement dépité sa fille empiler les cartons destinés à Vraag. Elle était aussi pragmatique et rigide  que son père. Espérons qu’il ne lui faille pas six mois, à elle aussi, pour comprendre. Élise, observa en silence les allers et venues des deux jeunes sorciers, tellement appliqués dans leur tâche qu’ils ne semblaient même pas se calculer.

Finalement, Elliara allait sans doute exploser le record de son paternel…

Une chance pour ces deux là qu’il y ait trois cupidons pour veiller à leur affaires ! D’ailleurs, celui à quatre pattes venait de désamorcé la situation en brisant la rune de téléportation du facteur, laissant ce dernier et Elliara bloqué chez ce cher Vraag.

- Mais quel bon chien ! Déclara Élise tout en se penchant sur le Beauceron et lui grattant le sommet du crâne.

L’herboriste hocha la tête aux dires du vampire. Elle n’était même pas sûre que le confinement aide les deux jeunes gens à tomber dans les bras de l’autre. Un sourire à la fois amusé et compatissant apparut sur son visage tandis que le vampire annonçait qu'il était le seul à risquer gros dans l'histoire.  Elise connaissait Alarick depuis peu de temps mais il ne lui donnait pas l'impression d'être quelqu'un qui s'emporte facilement. Elle avait même l'impression du contraire. Pour une raison qu'elle ignorait, elle associait le facteur à une sorte de force tranquille, que rien ou peu de chose peuvent mettre hors de lui. En revanche, même si elle semblait s'être assagie avec l'âge, Elliara, elle, pouvait être une vraie tornade, une tempête qui emporte tout dans sa colère ou son énervement. Aussi le plan «princesse en détresses» de ce cher Gabriel lui semblait être la pire des idées. Mais le pauvre vampire n'y pouvait rien. Après tout, il ne connaissait pas la blonde.

- Mieux vaut éviter… Elliara est plutôt du genre à mettre une bonne correction au dragon qui tenterait de l'enlever… Déclara Elise tout en reprenant la métaphore du rouquin. Si l'on fait cela, elle risque de complètement se fermer et notre plan tombera à l'eau. Sans parler du fait que cela risquerait d'attirer des ennuis à ce cher Alarick…

En somme, les trois entremetteurs se retrouvaient bloqués au point de départ…

La sorcière resta silencieuse un moment, croisant les bras tandis qu'elle cherchait une solution pour désamorcer la situation entre sa fille et Alarick. La seule chose qui pourrait marcher serait une confrontation directe, mettre Ellie face à ses sentiments. Non, Elise n'était pas dupe à ce sujet. Les mères sentent ce genre de choses. Les sourires qu'elle lui offrait, ses regards illuminés d'une lueur indescriptible à chaque fois que le facteur apparaissait, son comportement léger et décontracté  en sa présence ne trompaient pas. Le facteur était loin de laisser sa fille indifférente. Ce n'était très certainement pas de l'amour - pas encore - mais les germes d'une possible relation étaient bien là, ils avaient juste besoin d'un peu d'aide pour s'épanouir. Et finalement, Élise se demandait si le trio était le mieux placé pour s'en occuper. Si c'était eux qui la mettaient face à son ressenti, elle allait juste se braquer et fuir. Peut-être qu'il était plus judicieux de laisser Alarick gérer les choses ?

- Vous pensez Alarick capable de prendre l'initiative ? Demanda Elisa tandis que son regard englobait Le Chien et Gabriel, ayant le pressentiment de déjà connaître la réponse.

Cet homme était fait du même bois que sa fille.

Elle soupira, décidément, ils n'étaient pas sorti l'auberge. D'ailleurs… En parlant d'auberge… Peut-être feraient-ils bien de s'y rendre. Cet ours mal léché de Vraag pourrait faire tomber toute leur entreprise à l'eau. Passant son bras autour de celui du vampire avec un sourire à la fois enjôleur et joueur, Elise guida ce dernier en dehors de son commerce et, par la suite, à travers le quartier commerçant. Direction l'auberge de l'Ourson Tacheté.

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Ellie fixa d'un air quelque peu surpris l'endroit où se tenait le portail d'Alarick, il y a encore quelques secondes de cela.

Est-ce que c'était normal ?

Elle s'apprêtait à poser la question au facteur, histoire de s'assurer que tout allait bien, qu'il n'avait pas de soucis d'ordre magique ou quoi mais une imposante silhouette se dressa juste derrière elle, la coupant dans son élan.

- Tiens donc ! Mais qui voilà !?

La voix tonnante de l’aubergiste l’incita à se retourner, le sourire aux lèvres.

Vraag, c’était un peu comme un oncle d’adoption. Malgré sa stature de géant, son air bourru et ses nombreux tatouages lui donnant une allure de vieux biker, c’était un adorable gros nounours. Un gros nounours qui venait de soulever Elliara de plusieurs centimètres au-dessus du sol en la prenant dans ses bras.

- Ca fait plaisir de te revoir gamine ! C’est qu’t’as poussé depuis la dernière fois dis donc !
- Vraag ! Pose-moi par terre ! Implora la blonde, un peu mal à l’aise de recevoir de telles marques d’affections en public.
- Merci les jeunes ! Vous me sauvez la mise, vraiment ! Continua l’hybride tout en mettant une tape dans le dos du facteur en guise de salutation avant de rejoindre les cuisines de son établissement. Asseyez-vous, je vous offre le p’tit dej’ !

La sorcière ouvrit la bouche, prête à protester, mais le vieux barbu la devança :

- C’est non-négociable, microbe. Alors posez vos fesses quelque part, j’arrive tout de suite.

Elliara soupira, leva les yeux au ciel et offrit un sourire désolé au facteur. Il était difficile de faire changer l’aubergiste d’avis quand il avait une idée en tête, alors autant céder. Et puis… À choisir entre un bon déjeuner et les plans douteux de sa mère - parce qu’elle préparait quelque chose. Ellie ne savait juste pas quoi exactement -, le choix était tout fait !

S’avouant donc vaincue d’avance, la blonde balaya la grande salle commune de l’auberge du regard. Malgré l’heure matinale, quelques clients étaient déjà présents. Elliara repéra une table pour deux et s’y dirigea, faisant signe au facteur de la suivre.

- Vraiment désolée… Vraag est plutôt du genre têtu alors…
L’invocatrice ne finit pas phrase. A vrai dire, elle ne savait pas quoi dire, ni comment se comporter avec le jeune homme vu ce qu’il s’était passé la veille. Elle essayait de ne rien laisser paraître, mais son regard fuyant - qui se posait partout sauf sur Alarick - ne trompait pas…

Plus on est de fous, et plus on rit !

Élise ne put s’empêcher de laisser un léger rire lui échapper face au comportement du Chien. Décidément, cet animal était un sacré numéro ! Elle aurait été curieuse de savoir dans quelles circonstances Alarick et lui s’étaient rencontrés, ce qu’avaient été leurs débuts. Ils semblaient tellement opposés tous les deux et à la fois si proches. L’animal annonça d’ailleurs aux deux humains que le facteur était aussi doué avec ses sentiments qu’Elliara, ce qui fit soupirer l’herboriste.

Voilà qui n’arrangeait nullement leurs affaires...

Élise opina du chef tandis que Gabriel clamait tout haut ce qu’elle pensait tout bas : sans leur intervention, les deux jeunes gens mettraient un temps fou avant de tomber dans les bras l’un de l’autre. Mais cet état de fait ne semblait pas abattre le rouquin pour autant, que du contraire puisqu’il était déjà entrain de concocter de nouveaux plans. Sa bonne humeur était vraiment contagieuse. Pour un mort-vivant, il avait une joie de vivre plutôt communicative !

- Bien évidemment ! Nous finirons bien par trouver ! Répondit Élise tandis que Gabriel clamait qu’à eux trois, ils arriveraient à régler le problème.

Tandis qu’il s’engouffrait dans les petites ruelles du quartier commerçant, une ombre se profila juste au-dessus du petit trio. Minerva ne comptait visiblement pas les lâcher de sitôt. Le nosferatu émit d’ailleurs l’idée qu’elle pourrait être utile à leur entreprise.

-Huuum, je doute qu’elle se montre coopérative… Annonça-t-elle avec une moue quelque peu contrariée. Ce hibou était plus têtu qu’une bourrique…

C’est alors que deux êtres apparurent subitement devant le trio. Amôn et Garlan, les fidèles compagnons d’Elliara se tenaient à présent face à Élise, Gabriel et Le Chien. Visiblement, les prières du jeune homme à la chevelure de feu avaient été entendue.

- Besoin d’aide l’ancêtre ?
- Amôn, mais qu’est-ce que vous faites là ?

En l’espace d’un instant, Élise avait laissé tomber son air léger et guilleret pour une expression plus sérieuse, presque sombre. Outre le fait qu’elle n’appréciait guère l’esprit assassin, le fait que les invocations de sa fille soient toutes deux présentes ici, face à eux, était tout sauf normal.

- Du calme, mamy. La petite va bien ! On est ici par notre propre volonté ! Bon… c’est vrai qu’on a du forcé un peu mais Ellie s’en remettra vite, c’est pas la première fois que ça arrive !

Elle allait le tuer…

Comme s’il pressentait le danger, l’esprit sombre leva les mains en signe de reddition et tenta de se justifier.

- Du calme, du calme ! On vient juste pour donner un coup de main ! Ça semble amusant votre truc ! Puis la gamine mérite bien de se détendre...

La sorcière soupira. Elle n’allait visiblement pas s’en défaire facilement. Puis, il fallait bien avouer que les capacités de Garlan pourraient êtres utiles. Quand à celles d’Amôn… Et bien…. Restait à espérer qu’il se tienne à carreau. Une fois les présentations faites, Élise guida la joyeuse troupe jusqu’à l’auberge de Vraag. Habituée des lieux, elle décida de faire passer tout ce petit monde par l’arrière-boutique, histoire de rester discret.

- Élise, mais qu’est-ce que…

Faisant signe au tenancier des lieux de se taire, l’herboriste s’approcha du passe-plat histoire de pouvoir espionner discrètement les deux tourtereaux tout en faisant signe au vampire de la rejoindre.

- Et maintenant ? Une idée ?Lui souffla-t-elle discrètement à Gabrielle, comme si Alarick et Elliara étaient capables de l’entendre à travers le brouhaha de la salle commune.

Attendant une réponse de la part de son complice, elle reporta son attention sur les deux jeunes gens assis plus loin. Sa fille n’avait pas l'air dans son assiette…

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* Ressaisis-toi, Ellie ! T’as plus dix-huit ans !*

Vraiment ? Pourquoi c’était aussi compliqué de faire la conversation avec le facteur ?! Une question tout à fait rhétorique, bien sûr. Elliara aurait pu énumérer facilement les raisons qui faisaient qu’elle était actuellement mal à l’aise mais ne préférait pas trop se pencher sur la question. La question du facteur la força cependant à reporter son attention sur lui, chose qu’elle évitait de faire depuis qu’ils étaient assis.

- Pas le moins du monde. Comme Minerva a la faculté de se téléporter, c’était plutôt rapide. Tout s’est bien passé de ton côté ? Le réveil n’a pas été trop compliqué ?

C’était tellement étrange… Depuis quand la blonde n’avait-elle pas eu une discussion aussi anodine avec une autre personne que sa mère ? Depuis un peu trop longtemps, visiblement, au vu du sentiment d'irréalité que cela suscitait en elle.

- En tout cas j’espère que la soi…

Elliara s’interrompit brutalement tandis qu’elle sentait ses forces la quitter brusquement. Si elle n’avait pas déjà été assise et retenue d’une main au bord de la table, elle se serait sans doute écroulé au sol. C’était comme si on venait de lui voler les trois-quarts de ses réserves de magie. La dernière fois que cela était arrivé…

- Amôn… Siffla-t-elle entre ses dents tandis qu’elle réalisait que l’un de ses esprits avait forcé le “passage” et s’était matérialisé quelques part. Où ? C’était une bonne question ! Une chose était sûre, elle allait le tuer.

- Tout va bien, gamine ? T’as vraiment une sale tête… S'inquiéta Vraag tandis qu’il déposait des assiettes de pancakes généreusement garnies devant Alarick et elle.
- Ca… Ca va, juste un petit coup de mou.
- Huum… Ne bouge pas, j’arrive avec un petit remontant.

Avant même que l’invocatrice puisse protester, l’hybride avait repris la direction de ses cuisines. De toute façon, elle n’avait pas vraiment le choix, n’est-ce pas ? Ce n’est pas comme si l’ours l’aurait laissé partir comme ça ou qu’elle était en état de se relever et de retourner jusqu’à l’herboristerie. Il ne restait donc plus qu’à attendre que ça passe. Laissant un soupir de dépit lui échapper, Elliara laissa son regard émeraude englober la salle, cherchant son esprit. Ce dégénéré ne devait pas être bien loin…

Il était temps de sortir le grand jeu !

Un fin sourire barra le visage de l’herboriste tandis que le vampire s'extasiait de la mignonitude émanant des deux sorciers attablés de l’autre côté du passe-plat. C’était vrai qu’ils étaient adorables mais le côté romantique et fleur bleue de Gabriel l’était tout autant - voire encore plus - du point de vue d’Élise. Le cerveau du rouquin semblait tourner à plein régime, si la sorcière devait se fier aux idée qu’il lançait à la volée. Rendre l’endroit plus romantique ? Elle n’était pas certaine que cela marche mais cela ne coûtait rien d’essayer.

Garlan coopéra sans aucun réticence lorsque le vampire lui demanda de faire apparaître une fleur.



Et bien… L’esprit des forêts semblait autant se prêter au jeu que leur acolyte à la chevelure rousse. Il tendit la fleur à Gabriel, s’inclinant légèrement tandis que ce dernier le remerciait. Garlan n’avait jamais été très loquace mais il restait un être calme et plutôt distingué. Élise aurait voulu en dire de même de l’autre…

- Hey ! Moi aussi je veux participer ! Aller, aller ! Demandez-moi de faire un truc.
- Tais-toi donc ! On va se faire remarquer par ta faute. Siffla Élise tandis qu’elle regardait Gabriel faire, tout en jetant parfois des oeillades furtives du côté d’Alarick et Ellie.
- Tsss ! Je vois que l’âge a pas amélioré ton côté de vieille mégère, Élise !

Ca, il allait le regretter.

Jetant un regard noir à l’esprit, la sorcière s’apprêta à jeter un sort à l’esprit assassin mais ce dernier disparu avant qu’elle n’ait eu le temps de faire quoique ce soit, se rendant bien compte qu’il venait de commettre une bourde. On ne médisait pas sur l’âge des dames, voyons ! Mais bon, cette disparition n’était sans doute que temporaire. Il allait réapparaître sous peu, à n’en pas douter. Laissant un soupir lui échapper, Élise se concentra sur les manigances de son acolyte aux dents pointues. Elle n’avait pas tout suivi mais il n’était pas difficile de comprendre le plan du rouquin quand on voyait l’ambiance romantique que venait de prendre la salle. Des fleurs de cerisiers venait d’apparaître un peu partout, leurs pétales tombant en une pluie rose qui accentuaient l’ambiance générale.



La plupart des clients étaient d’ailleurs en train de s’exclamer joyeusement ou d’applaudir tandis que Vraag faisait son retour dans la salle. L’ours se voyait indirectement attribué les mérites de l’idée de Gabriel, visiblement.

- Et bien bien, tout cela me semble pas mal du tout !

Élise était bien tentée de rajouter son petit grain de sel mais elle craignait d’interférer dans les plans de Gabriel et tout faire rater. Aussi se contenta-t-elle d’espionner les deux tourtereaux le plus discrètement possible, attendant la suite du plan machiavélique du vampire. Que comptait-il faire avec cette rose ?
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Par chance, Alarick ne semblait pas avoir remarqué son malaise passager, ce qui arrangea bien Elliara. Elle était loin d’apprécier susciter l’inquiétude dans son entourage. Et tandis qu’elle reprenait un peu de couleur - merci à Vraag et ses déjeuners riches et consistants - , elle écouta les propos du facteur. D’une oreille quelque peu distraite, il fallait bien l’avouer…

* Où est-ce que tu te caches dégénéré d’esprit… *

Son regard émeraude étudiait la salle commune avec minutie, certaine qu’il se trouvait ici. Et puis, elle l'aperçu. Ce fut une vision fugace, une flamme bleuâtre dépassant du passe-plat séparant la cuisine de l’auberge de la salle commune mais elle l’était sûre qu’elle n’avait pas rêver. Qu’est-ce qu’il manigançait ?! Enfin, elle avait d’autres chats à fouetter pour le moment. Restait à espérer que ce détraqué ne commette rien de préjudiciable…

- La concoction de ma mère devrait t’aider et te soulager assez rapidement. Elle est plutôt douée avec ça. Répondit Elliara tandis qu’elle se reconcentrait enfin sur Alarick.

C’est le moment que choisit Vraag pour revenir avec deux verres posés sur un plateau. Et une flasque en verre contenant un liquide dont la couleur ne lui disait rien qui vaille.

- Qu’est-ce que c’est que ça ?

-Tais-toi et bois ! Répliqua le quarantenaire tout en lui présentant un verre rempli de cette mixture étrange et pas du tout rassurante.

Alors que la blonde s’apprêtait à répliquer, des fleurs de cerisiers apparurent un peu partout dans la grande salle. Et bientôt , c’est une pluie de pétale qui s’y répandit. Elliara se laissa aller à admirer le spectacle. C’était magnifique.

- Je ne savais pas que tu faisais dans le spectaculaire maintenant, Vraag. Dit-elle avec un sourire taquin.
- Tais-toi et bois, morveuse !

Sachant que l’hybride ne la lâcherait pas tant qu’elle ne s'exécuterait pas, Elliara obtempéra. Comme elle s’y attendait, la boisson avait un goût horrible, si bien qu’un frisson de dégoût lui parcourut l’échine tandis qu’elle avalait le liquide avec une grimace. Satisfait, Vraag retourna à son travail, laissant les deux jeunes gens seuls.

- C’est aussi magique que les spectacles d’hier… Souffla l’invocatrice avec un sourire presque nostalgique.

Á l’évocation des événements de la veille, Elliara sentit l’embarras l’étreindre ou nouvelle fois, mais cette fois-ci mêlé à un sentiment de nostalgie. Cela avait été une bonne soirée, la meilleure depuis des années, songea-t-elle tandis qu’elle humait le parfum de la rose que Vraag avait laissé là.