Dans la peau d'un loup [Libre]

Dans la peau d'un loup

On voit les choses différemment à travers les yeux d'un loup

Tapie dans l'ombre, je tentai de m'approcher le plus discrètement possible de ma proie. Il s'agissait d'un jeune daim qui s'abreuvait tranquillement, me tournant totalement le dos. Le vent soufflait à contre-sens, empêchant ainsi mon odeur de parvenir aux narines du cervidé. Une véritable aubaine !

* C'est ma chance !*

D'un bon, je surgis hors des fourrés où j'étais cachée depuis quelques minutes et me jetai sur l'animal. Je le saisis à la gorge et enfonçai mes crocs dans sa chair tendre, cherchant à atteindre la jugulaire. Cependant, ma prise n'était pas assez ferme et je fus obligée de lâcher prise à la première ruade. Dégagé de mon emprise, mon futur dîné détala dans le sous-bois. Bien déterminée à l'achever, je m'étais  aussitôt lancée à sa poursuite.

Voilà près de deux semaines que j'errai dans l'immense forêt de Moonlight City, sous la forme d'une louve au pelage blanc. Je ne savais pas vraiment comment cela était arrivé. Tout s'était passé si vite...

Je me souvenais avoir quitter l'auberge de Vraag un soir, voulant profiter de la fraîcheur de cette douce nuit de printemps. Il était encore tôt, le soleil venait à peine de se coucher et la nuit commençait seulement à grignoter peu à peu les dernières lueurs du jour. Je n'étais pas allée bien loin non plus puisque l'établissement où je travaillais était encore dans mon champ de vision lorsque les trois hommes vinrent à ma rencontre. Je n'avais pas vraiment fait attention à leur présence et ne les remarquai que lorsqu'ils s'approchèrent de moi, l'un d'entre eux m'ayant déjà saisit le poignet. Ce n'est que lorsque celui-ci se pencha vers moi, que les reconnus : il s'agissait des démons que j'avais croisé lors de mon escapade dans les souterrains de la ville. Ces mêmes démons qui avaient tant souhaiter me ramener aux Enfers dans l'espoir d'obtenir une belle somme d'argent. Le reste s'était flou...

Je me souvenais avoir usé de ma magie du feu pour me libérer de l'homme. Bien que faible, le sort avait brûlé sa peau et il avait été obligé de me lâcher à cause de la douleur, j'en avais profiter pour m'échapper. Mais les deux autres s'était bien vite lancés à ma poursuite et avait très vite rattraper la piètre avance que j'avais pris sur eux. Je n'avais alors penser qu'à une seule chose : courir plus vite ; semer ces hommes, par n'importe quel moyen. Je ne sais quel dieu entendit ma prière mais je me retrouvai alors non plus dotée de deux jambes mais de quatre pattes. Je ne savais comment, j'étais devenue une louve. Une fois mes agresseurs semés, je décidai d'aller trouver refuge dans la forêt, histoire d'être sûre et certaine qu'ils ne retrouveraient pas ma trace. Je n'avais l'intention que d'y rester qu'une heure ou deux mais les choses se sont révélée être bien plus compliquée que cela.

Dés que je voulu pénétrer en ville, deux gardes elfes m’interceptèrent et me ramenèrent dans la forêt, pensant certainement que j'étais un véritable loup qui s'était égarer. Je réitérai l’expérience trois fois, mais sans succès. Agacés, ils finirent par au beau milieu de la forêt et non plus à l'orée comme les deux premières fois. Il me fut impossible de retrouver mon chemin à partir de cet instant. J'avais bien évidemment tenté de prévenir Noïshe mais il était trop loin, je ne pouvais avoir accès à ses pensées. Quant à Dante, je savais que la guilde pour laquelle il travaillait à présent se trouvait dans la forêt aussi, mais impossible pour moi de savoir où. Je me fis donc très vite à l'idée de devoir séjourner ici jusqu'à ce que je retrouve ma véritable forme, si cela était possible...

Mais pour l'instant, je ne me préoccupai guère de tout ceci. Tout ce qui comptait pour le moment était d'attraper ce daim, le tuer et me remplir mon ventre vide depuis plusieurs jours déjà. L'animal tenta tant bien que mal de me semer mais sans grand succès.
* Tu es à moi !* Fanfaronnais-je intérieurement.  

Mais mon euphorie laissa bien vite place à la stupeur quand, bondissant hors d'un buisson où je laissai quelque touffes de poils blancs, je ne tombai non pas nez à nez avec ma proie mais bel et bien avec une personne. Et derrière celle-ci se trouvait mon dîner. Stupéfaite, je me stoppai à moins d'un mètre de mes deux vis-à-vis. Ce daim était-il entrain de se servir de cette personne comme bouclier ou étais entrain de rêver ?N'ayant pas vraiment envie de cogiter sur la question pour le moment, je relevai les babines et montrai les crocs à l'humain se trouvant face à moi. Il n'était pas question de lui faire du mal mais juste de le faire fuir pour pouvoir reprendre ma chasse.

Dans la peau d'un loup

Quand un obstacle se dresse devant vous, il suffit de le contourner.

Le jeune homme qui se tenait devant moi avait une apparence des plus singulières. Tout de noir vêtu, il était plutôt grand et fin. Son visage – loin d'être désagréable à regarder – était encadré par une étrange chevelure noire qui mettait en valeur ses yeux foncés. Un chat au pelage noir me rappelant vaguement Moonlight , le familier de mon amie Alissa, était perché sur l'épaule de l'inconnu et restait très calme malgré ma présence. Son maître eu aussi une réaction peu ordinaire lorsque je me mis à grogner.

Alors que je m'attendais à ce qu'il prenne ses jambes à son cou et me laisse poursuivre ma chasse, le jeune homme m'assura qu'il ne me voulait aucun mal et me demanda de ne pas lui en faire en retour.

* Mais pousse-toi de là bon sang ! * Pestais-je intérieurement contre lui.

Puis, voyant que mon déjeuner profitait de la situation pour s'éclipser, je m’élançai à sa poursuite sans me soucier de mon vis-à-vis. Il s'écartera certainement lorsqu'il me verra foncer dans sa direction. Du moins aurait-il dû... Mais non... Il resta planter sur place comme un parfait idiot et je le percutai de plein fouet, perdant ainsi la trace du daim. J'aurai très bien pu me lancer sur ses traces en m'aidant de mon flair mais le garçon se trouvait complètement étalé sur moi. La seule chose que je pouvais faire c'était de grogner pour le faire bouger de là.

* Mais quel idiot ! *

Décidément, la chance n'était pas avec moi ces derniers temps...